Sur le papier, l'école républicaine conserve toujours des missions à la fois nobles et essentielles pour l'avenir du pays. Entre les mains d'une caste truffée de bonnes intentions et ralliée au dogme du progrès, elle connaît toutefois un déclin rapide désormais avéré par diverses études nationales ou internationales. Se retranchant derrière la question des moyens quantitatifs tout en brandissant bien haut l'étendard de l'humanisme, l'intelligentsia dominante peine à trouver ce nouveau souffl e qui permettrait une véritable refondation de l'école, à mille lieues des réformes engagées depuis quelques années. En réalité, les calculs politiciens et surtout l'attachement contradictoire tant à la doctrine ultralibérale qu'à un étatisme censé faire progresser l'égalité des chances condamnent les précepteurs nationaux à de multiples incohérences de type schizophrénique qui loin de ralentir la chute en cours désespèrent davantage encore les acteurs sur le terrain. Et si les solutions présentées par les dernières révisions ne constituaient en fait que les nouveaux bourgeons d'une idéologie responsable de nos maux ? Plutôt que de réfl échir en termes de « plus », ce qui rassure tant les responsables politiques et les têtes pensantes de l'éducation nationale en les confortant dans leurs schémas doctrinaires, ne faudrait-il pas plutôt songer à défaire ce qui a été mal construit, quitte à lever les tabous créés par ceux qui s'enorgueillissent de leur ouverture d'esprit ? Pour réaliser ce travail à première vue plus fastidieux que la rédaction de projets au fort pouvoir de fascination, il est évident que les fondations mêmes de notre actuelle culture libérale, à l'origine d'une mutation à la fois insondable et fulgurante de notre société, doivent être questionnées sans préjugés. L'auteur est professeur d'histoire-géographie depuis une quinzaine d'années. Il a enseigné dans tous les types d'établissements en lycée et collège, y compris ECLAIR ou dans les ZEP.
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