Découvrez l’avis de Christophe Robert pour "Le Zeppelin" de Fanny Chiarello (L'Olivier)
Dans une ville nommée La Maison, les habitants semblent être plongés dans un ennui abyssal dont rien ne peut les sauver. Ils se sont habitués depuis longtemps à ses bizarreries, aux étranges phénomènes qui les frappent dès qu'ils longent le canal Saint-Divan ou remontent la rue Canard-Bouée. Aussi, le survol de la ville par un énorme dirigeable arrive-t-il à point nommé.
Ils sont douze, douze narrateurs dont les activités insignifiantes, celles qui remplissent leur quotidien et forgent leur existence, se trouvent soudainement interrompues par le passage du zeppelin qui les précipite dans la panique, les pousse à la prière, les paralyse ou les prive de voix.
Corrosifs, loufoques, absurdes, drôles, émouvants, tous leurs récits construisent un roman farfelu à la Brautigan, une galerie de portraits où la poésie se nourrit d'infime et d'anodin.
Découvrez l’avis de Christophe Robert pour "Le Zeppelin" de Fanny Chiarello (L'Olivier)
Retrouvez l’interview de Fanny Chiarello, qui publie "Le Zeppelin" (éd. de l'olivier)
Les chroniques sont en ligne ! A découvrir pour avoir des idées de lecture...
Plus que quelques jours avant les premières chroniques de nos #explolecteurs, venez découvrir les avis de la page 100 !
Explorateur de la rentrée littéraire - Chronique
Le Zeppelin, comme un ovni que l’on scrute dans le ciel de cette rentrée littéraire 2016, bouleverse toutes nos croyances en matière de roman, nous ébranle, nous secoue, et nous fait douter de ce que nous avons lu.
Ce livre est simplement prodigieux, phénoménal, exceptionnel, donc forcément indispensable, et occupera résolument une place à part dans la littérature et une bibliothèque.
Coté histoire, Fanny Chiarello nous embarque dans une ville qui n’existe pas, à la rencontre de douze habitants qui vont nous faire vivre leur journée, ce long 26 juillet, ou tout bascule, ou un Zeppelin vient projeter son ombre sur le centre historique de la ville. Conçu comme un « livre chorale », ou à tour de rôle chacun prend la parole, et au détour du récit, vient compléter le tout que forme le roman. Chaque chapitre se présente comme une pièce d’un puzzle que le lecteur doit assembler s’il veut comprendre l’avancée de l’histoire (hé oui, lecteur, il faut un peu bosser, un peu se creuser la tête, et faire marcher ses neurones, c’est pas du populo-demago, c’est pas du produit formaté pour une morale de bas étage).
Ce zeppelin est vécu, comme un film catastrophe (l’auteur cite le film Tremblement de terre de 1975) tant dans le récit que dans la forme, avec ses entrées multiples qui toutes convergent vers le point culminant du roman. La construction par chapitre est exploitée avec une maitrise parfaite, transforme la lecture en jeu de piste, en ricochet, et chausse trappe, jusque dans le formalise des lignes coupées, des paragraphes tronqués.
Et là, le talent de Fanny Chiarello vient s’en mêler et transforme une «simple» histoire en cyclone. C’est drôle, c’est féroce, c’est cruel, c’est de l’humour noir au compte goute et bien plus encore, porté par une écriture exquise, juste, précise et forcement redoutable. L’auteur est là où on ne l’attend pas et nous surprend pages après pages. On est très loin de ces précédents romans ce qui prouve toute l’étendue de son art.
On louche vers le non-sens le plus absolu, vers ce que Woody Allen a pu écrire de plus percutant dans les dialogues, vers ce que les Monthy Python peuvent mettre en scène ou même Lewis Carroll. C’est Alice de l’autre côté du miroir pour adulte. On se met même à penser quel film cela ferait si ce roman tombait entre les mains d’un François Ozon !!!
Alors si vous aimez la devinette du Chapelier Fou « Pourquoi un corbeau ressemble à un bureau ? », si vous aimez les années qui se comptent en frigidaire, si vous mangez des millefeuilles alors que vous préférez les croissants, si vous pensez être victime du syndrome canard-bouée, ou que le prénom Valérie ne commence décidément pas par un S, que vous vous inquiétez du sort d’un poulet plumé, que vous n’avez pas peur de vous embarquez dans un zeppelin ou dans une histoire folle racontée avec un talent fou, ce livre est fait pour vous ! ! !
Rendez-vous de la page 100 - Explorateurs de la rentrée littéraire
En lisant le résumé du roman, je lui prêtais déjà des faux-airs de l'Arrache-Coeur de Boris Vian, où des personnages étranges évoluent dans un village aux coutumes loufoques. Cependant, je n'ai jusqu'alors pas retrouvé la poésie de Vian dans La Maison, le village du roman qui semble pour l'instant baigner dans l'absurde le plus complet... Les changements de narrateurs (dont l'auteur elle-même) ne sont pas désagréables mais rendent l'histoire difficile à suivre - il faut parvenir à saisir l'intérêt des élucubrations de chaque personnage. Mais peu à peu, tous les récits semblent s'emboîter, je dois donc poursuivre ma lecture pour fournir un avis objectif!..
Chronique:
Sentiments mitigés après la lecture du nouveau roman de Fanny Chiarello Le Zeppelin. Emportée par le côté absurde de l’histoire, je suis incapable de dire si j’ai aimé ou non ce livre.
Dans Le Zeppelin, la narration est cédée à une multitude de personnages, tous plus loufoques les uns que les autres. Chacun décrit avec soin ses activités routinières qui ne manquent pourtant pas d’extravagance… Mais la surcharge d’extravagance, au fil des récits et bavardages de chacun, m’a rapidement lassée. De plus, si les histoires de chacun finissent par se croiser un peu à la fin du roman, elles restent tout de même majoritairement indépendantes les unes des autres, ce qui a tôt fait de faire décrocher le lecteur. Seul le survol de La Maison, village fictif, par un zeppelin fait véritablement lien entre tous ces personnages atypiques et intrigants ; lien que les habitants de La Maison auront tôt fait de détruire – comme si cet unique élément rendant enfin leurs récits cohérents et plausibles devait être éliminé de toute urgence ?
L’absurde -voire le ridicule - est omniprésent dans le roman, et n’est pas sans rappeler Ionesco. Un petit extrait pour illustrer mon propos, peut-être, tiré du récit de Solenne Cohidon :
« - La lumière, poupée, c’est de l’amour.
- Nous sommes les pompiers de Janis. Damnit, Janet.
- Janet, ta face lisse comme fesse.
- Fesse de jadis, eh, ta face lisse comme fesse de jadis, Janis.
- Est-ce bien lisse, une fesse de jadis ?
- Vous avez déjà vu votre grand-mère à poil ? »
Le ridicule tourne au macabre quand la guerre civile naît d’on ne sait où à La Maison, et l’on comprend peut-être davantage son utilité dans le roman en ce sens. Un humour qui devient grinçant, donc, quand des éléments ridicules (tel un bâton de majorette !) servent à répandre l’horreur.
Même j’ai en quelque sorte perçu ce livre comme un défouloir (avec de multiples interventions de l’auteur, un récit fragmenté et entrecoupé d’articles fictifs sur La Maison ou la fiche de bord du Zeppelin par exemple), on a tout de même envie de le finir, pour tenter de saisir « le fin mot de l’histoire ». De fait, la lecture est rapide, mais je ne suis pas sûre de recommander l’achat de ce roman. Pourtant, il offre tout de même de belles réflexions sur la vie, notre rapport aux choses (susceptibles d’être perdues Rue Canard-Bouée ?) et aux gens (qui peuvent finir dans le canal Saint Divan), à travers une multitude de personnages marginaux, un éventail loufoque d’une population qui n’est finalement pas si éloignée de la nôtre…
Le procédé est le suivant : douze personnages sont surpris par le passage d’un zeppelin au- dessus de leur ville. Comme le dit l’auteur : « Dans les films catastrophe, le spectateur suit plusieurs personnages dans leur vie quotidienne quand soudain se produit un incident dont l’ampleur ne fera qu’augmenter jusqu’au dénouement. » L’incident en question est le passage du dirigeable.
Des personnages loufoques et une atmosphère surréaliste : dans cette ville nommée La Maison, rue Canard-Bouée, on rencontre une étudiante polonaise qui assène soixante-dix-huit coup de poêle sur la tête de sa colocataire tchèque, on apprend que « tous les sujets qui ont subi dans leur enfance la perte d’une bouée… en forme de canard » jettent dans le canal Saint-Divan leurs clés, leur vélo ou leur petite amie, on entend un « battant » (sans doute faut-il comprendre un sonneur ?) de cloches de la cathédrale qui compte tout ce qu’il peut compter ou additionner (jours, heures, minutes, lettres de noms) afin d’éprouver la réalité de sa vie, un autre homme, anciennement astrophysicien, est devenu barman au café de l’Observatoire. Il dessine inlassablement le portrait d’une femme et des arrosoirs. Dans une autre maison, les frigos disparaissent. Ces chapitres sont entrecoupés de notations concernant ce qui se passe dans le zeppelin : la liste des membres de l’équipage, ses caractéristiques techniques…
L’auteur dit dans les premières pages rêver d’un roman qui « foisonne » : pour le coup, c’est réussi ! On en perd d’ailleurs un peu la tête… L’écrivain évoque un livre « pochette-surprise », « coffre au trésor ». Pour reprendre les mots du texte, il est vrai que les lecteurs « plongeront dans une foule à l’invraisemblable densité, dans le capharnaüm de la braderie annuelle, plus indescriptible que le fond du canal Saint-Divan. » Oui, il y a de cela. Mais si l’auteur y a jeté ce qu’elle a de plus précieux, le lecteur reste un peu à la porte de ce monde et finit par se demander où elle veut en venir et quel est fondamentalement l’objet du propos. Ce qui peut amuser au début finit très vite par lasser, par sentir le déjà vu déjà lu.
En effet, malgré quelques inventions amusantes, les procédés, à la fois dans la construction et l’écriture, ennuient rapidement… Les personnages passent plus vite que l’ombre du zeppelin et l’on ne peut s’y attacher. Dans l’univers onirique et fantaisiste de l’Ecume des jours, le lecteur est tenu par une narration et des personnages attachants, Colin et Chloé, dont on suit la très belle histoire d’amour. On regrette qu’ici aucune trame narrative ne vienne véritablement relier tous ces épisodes délirants.
Par ailleurs, sur la quatrième de couverture et dans le texte, il est question de l’univers de Richard Brautigan, auteur de La Pêche à la truite en Amérique… Hélas, le texte de Fanny Chiarello n’a ni l’humour ni la poésie de l’auteur américain dont l’univers est fondamentalement parodique et terriblement angoissé.
Non, très vite, le soufflé retombe et l’ennui s’impose. J’ai lu que Fanny Chiarello avait réécrit huit fois ce texte en dix ans. Peut-être vaut-il mieux parfois ne pas insister ! L’écriture a visiblement coincé, il en est de même pour la lecture… ça tombe à l’eau…
Une prochaine fois peut-être… sûrement, même !
Retrouvez Marie-Laure sur son blog: http://lireaulit.blogspot.fr/
Rendez-vous de la page 100
L'idée initiale, explique l'auteur est la suivante : « Dans les films catastrophe, le spectateur suit plusieurs personnages dans leur vie quotidienne quand soudain se produit un incident... » Ici, l'incident, c'est le passage d'un zeppelin. Nous découvrons donc plusieurs personnages plus ou moins loufoques évoluant dans un univers surréaliste et qui découvrent chacun à leur façon le passage du zeppelin. J'avoue qu'à la centième page, le procédé me lasse déjà alors qu'il me reste encore beaucoup de pages à lire... Pas convaincue!
Rendez vous de la Page 100
Où Fanny Chiarello veut elle nous amener?? J'ai du mal à suivre le cours de ce roman mais peut être qu'à la fin, je comprendrais le but de cet ouvrage...
Prenez une ville appelée La Maison, avec un canal où on l'on retrouve de tout et de rien: des objets hétéroclites, des cadavres... Chaque chapitre voit une autre personne, habitante de cette ville, se dévoiler et raconter un pan de sa vie. Chaque chapitre finit par la rencontre de cette personne avec le zeppelin...
Ce roman est pour moi décousu, sans unité et tend vers l'absurde, dans la même veine qu'Ionesco...
J'attends de voir mais je reste sceptique...
Voici mon commentaire final
Ce livre est composé d'une succession de chapitres où le protagoniste est un habitant à chaque fois différent de cette ville appelée La Maison. Cet endroit est unique en son genre, composé d'une rue principale appelée Canard Bouée (si, si!!) avec un Canal très surprenant puisque tous les habitants (et aucune exception ne déroge à cette règle) y a perdu quelque chose ou quelqu'un au cours de sa vie.
Un seul élément est commun à cette pléiade de personnages: à la fin de leur chapitre, il ou elle voit ce fameux zeppelin au dessus de sa tête ou devant ses yeux. Chacun-e va nous dévoiler un morceau de sa vie, mais aucune unité n'est faite entre eux. Au final, le zeppelin et son équipe va s'écraser sur La Maison, faire beaucoup de morts mais aussi quelques rescapés...
Je reste fidèle à ma chronique de la 100è page.... je ne vois pas où Fanny Chiarello veut aller et ce même à la lecture du dernier mot! Je suis dubitative, perplexe.. Je
Pour moi, ce livre est décousu, sans queue ni tête et tend à l'absurde. Je suis déçue de ne pas avoir trouvé de lien, d'osmose, de complicité, de fraternité entre ces habitants et l'auteur qui s'exprime aussi dans 2-3 chapitres. Il y a là une multitude de personnages, hauts en couleurs, avec des problèmes distincts, mais qui ne font que de se côtoyer sans apprendre à se connaitre... Fanny Chiarello veut elle, à travers ce roman, montrer que cette ville est le reflet (selon elle) de notre vie actuelle où la société est de plus en plus individualiste, de plus en plus solitaire entrainant une certaine forme de décadence où la mort et les catastrophes peuvent se produire n'importe où et n'importe quand?
Malheureusement, je n'ai pas adhéré à son univers...."
Rendez-vous de la page 100
Difficile de parler d’un livre qui part un peu dans tous les sens. Grosse part est faite à l’absurde dans cette ville appelée La Maison. Chaque paragraphe voit l’arrivée de nouveaux personnages ayant des comportements loufoques ou incompréhensibles comme celui de tuer sa colocataire à coup de poêle, jeter ce que l’on a de plus cher dans le canal, se laisser malaxer le ventre par un chat, dessiner des arrosoirs sans fin, voir disparaitre régulièrement les réfrigérateurs, …
C’est alors que survient un Zeppelin dans les airs au-dessus de la ville et les habitants se mettent à prier, à danser ou s’immobilisent…
Sentiment partagé de la lectrice que je suis qui ne voit pas bien à ce moment du livre où l’auteure veut l’emmener.
Chronique :
Il ne se passe pas grand chose dans cette ville de La Maison, sauf quelques évènements étranges comme ce trouble du comportement décrit par le Docteur Saturnin Clupot de jeter dans le canal les biens (ou les êtres) les plus chers ou cette possibilité qu’à Sylvette Dix-Sept de se voir dans l’avenir. Les couples se font et se défont, les amis apparaissent et disparaissent quand soudain un Zeppelin survient dans le ciel et se trouve en difficulté, juste au-dessus de la ville.
C’est un truc de fou, je n’ai absolument rien compris. A un moment, j’ai cru que j’avais saisi la subtilité du livre qui s’annule de lui-même parce qu’un des personnages a le don de connaître l’avenir et de fait empêcher la catastrophe majeure du livre.
Pour expliquer le livre qui s’annule (dixit la narratrice trois paragraphes avant la fin du livre), c’est en fait que l’évènement majeur du livre où tous les habitants de la ville de La Maison se soulèvent les uns contre les autres et contre les passagers du Zeppelin, n’a a priori pas lieu car un des personnages (Sylvette Dix-Sept) qui se voit elle-même dans l’avenir et qui se raconte à elle-même (le moi du futur racontant au moi actuel) les évènements futurs, fait en sorte que cette guerre civile n’aie pas lieu. Donc l’auteure nous décrit cette sorte de guerre civile à l’arrivée du Zeppelin en détail mais ensuite nous raconte que cela ne se passe pas car le personnage fait en sorte que le carnage n’aie pas lieu.
Sauf que le livre ne s’arrête pas là, et c’est bien là mon problème. On retrouve à l’avant dernier chapitre (chapitre que j’ai lu deux fois pour essayer de comprendre) l’ensemble des personnages du livre (et certains autres que je n’avais pas réellement pris en compte) au même endroit (dans un bar) où une jeune femme agressée dans un chapitre précédent par trois hommes retrouve ses agresseurs. J’ai déjà lu des romans ou des contes absurdes (comme « l’étranger » de Camus ou « l’écume des jours » de Boris Vian par exemple) mais je ne suis pas restée sur ma faim comme avec ce livre de Fanny Chiarello car il y avait une histoire qui suit son cours. Ici, c’est une succession de personnages et de situations que l’on a du mal à joindre entre eux. Une explication de texte me serait fort utile…
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !