"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C'est un avis de recherche collé sous un abribus qui fait replonger Nathan au coeur de sa jeunesse. Le vieil homme qui a disparu s'appelait Gavril et il a enchanté son enfance, lui ouvrant les portes de la poésie, du rêve et de la joie alors qu'il menait une vie triste et morose auprès d'une mère qui ne l'aimait pas.Nathan décide alors d'enquêter sur l'ami prodigieux, dont il ne savait pas qu'il était roumain et qu'il avait été emprisonné dans les goulags de l'après-guerre, et il dénouera au fil de son enquête les secrets bien gardés de son histoire familiale.
Une belle histoire d'amitié entre un homme qui apporte la magie, la poésie et la culture à un garçon de neuf ans, en mal de repère et qui discute plus avec cet inconnu qu'avec sa propre mère. Chacun des personnages malmenés par la vie arrivera à se découvrir, même s'il est parfois trop tard pour profiter ensemble de la vie. Un beau moment de partage, d'histoire et de magie. Un roman lumineux sur toile de fond nostalgique.
Suivre tes traces, toi le poète de la rue !
L’écriture de Sylvie Germain est juste magnifique, elle donne une vision de la richesse de cette langue si difficile à apprendre et si merveilleuse à utiliser.
Ce livre raconte l’amitié entre un gamin, mal aimé, livré à lui-même, avec un artiste de rue roumain, libre et d’une fantaisie qui montre l’expérience d’un vécu tragique.
Le gamin c’est Nathan, 9 ans et le tendre Gavril qui a des yeux fascinants, couleur de pièces de monnaie « bronze doré, presque orangé » et qui avec rien fait son miel. Gavril c’est la fantaisie et la sagesse, une philosophie de vie.
Nathan a la langue qui fourche, pas habitué à ce qu’on lui prête attention sauf pour se moquer, il va trouver un ami.
« Ce débit haletant l’épuisait, sa voix s’essoufflait, et bientôt s’amuïssait, il restait bouche entrouverte, les yeux embués, l’air ahuri. »
C’était dans les années 80.
En septembre 2015, Nathan est de passage à Paris, pour son travail, il est sorti de son hôtel, sans but juste pour s’aérer, mais surpris par une forte averse, il se réfugie sous un abri bus, son regard est attiré par des affiches collées. Une en particulier l’hypnotise, un avis de recherche pour un octogénaire qui s’est enfui de l’hôpital où il séjournait.
Ce visage il ne l’a jamais oublié, mais que fait-il là, affiché à tous vents, alors que Gavril est censé être mort 25 ans plus tôt ?
Pour Nathan, cette photo est un choc. Il va rouvrir la parenthèse enchantée qui a duré 8 ans dans sa vie.
Avec des aller-retour entre passé et présent, l’auteur nous fait assister à la naissance d’un homme.
Nathan va enquêter, pourquoi lui a-ton menti ? Dans quel but ?
« C’est drôle, je réalise à l’instant que j’ai quasiment le même âge aujourd’hui que Gavril quand je l’ai rencontré. J’aurai bientôt quarante-quatre ans, il en avait à peine quarante-cinq. Il me semblait alors si vieux du haut de mes neuf ans. Le plus vieux des deux, en fait, c’était moi. »
Nathan va nous dévoiler le mystère de la vie de Gavril, Roumain aux origines métissées, allemandes et tsiganes, dont la famille a subi les persécutions.
Pour Nathan, il devient urgent d’aller en Roumanie, il a besoin de s’imprégner de ce pays dont Gavril vantait la beauté, ses paysages, ses églises en bois, ses monastères, son pays ancien et sauvage.
Nous allons, par la magie de cette écriture, marcher dans les pas de Gavril et assister à la mue de Nathan, car comme souvent dans les livres de Sylvie Germain, il n’est jamais trop tard pour désirer la vie et rien d’autre.
Un livre qui vous interroge, vous interpelle, vous fascine.
Y a-t-il un âge pour naître ?
L’auteur nous montre la richesse des rencontres insolites, celles qui se font sans préjugés, et qui développe une philosophie sans laquelle l’existence serait terne.
L’importance des mots, ce fait naturellement entre l’enfant bègue qui a peur de lui-même et cet homme venu d’ailleurs qui en fait sa richesse, qui montre la beauté de la poésie, de la fantaisie, de l’imaginaire, il est celui qui voit plus loin.
Vraiment une histoire qui m’a profondément bouleversée, j’ai cette impression d’avoir rencontré ce duo, et ces deux êtres vont laisser des traces.
Il y a des écrivains qui sont sur notre route pour nous enrichir, Sylvie Germain, en fait partie.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/07/18/le-vent-reprend-ses-tours/
C’est un court roman de 170 pages, poétique, de lecture agréable et prenante mais Le vent reprend ses tours n’est pas le meilleur roman de Sylvie Germain.
Le titre emprunté à l’Ecclésiaste annonce la construction du livre marquée par des retours en arrière , le poids du passé des quatre personnages est déterminant .Le retour au passé et sa compréhension ouvrent la voie à la (re)naissance. Le choix du prénom des personnages s’inscrit dans la même veine :Natan ou Nathan est le prénom d’un prophète, Gavril (Gabriel) celui d’un archange messager, Claudette rejette son prénom trop marqué socialement et se fait appeler Elda , beaucoup plus exotique , à la fois d’Espagne et d’Italie. Les personnages ont en commun d’être ou de devenir des individus libres, dans un mouvement : « la liberté non pas dans le déracinement mais dans le non-enracinement ». C’est un roman d’initiation où se côtoient le réel et l’invraisemblable. On peut lire Le vent reprend ses tours comme un roman sur les origines.
Et l’histoire ?
Natan est bouleversé en lisant sous un abribus parisien un avis de recherche concernant Gavril qu’il croyait mort depuis 27 ans. Cette découverte replonge Natan dans son enfance quand il se lie d’amitié avec un personnage fantasque, Gavril, artiste de rue «chimère homme-oiseau » qui déclame de la poésie. Gavril , paysan par son père, tsigane de l’est, « Boyash » par sa mère, a un passé douloureux mais il sait maîtriser sa rage .Auprès de lui, Natan dont la faute est d’être né, renaît. Il trouve ,devenu quadragénaire, la force de partir à la quête des origines de Gavril en Roumanie après avoir recueilli des bribes de la biographie de son ami décédé auprès de l’assistante sociale en charge de Gavril.
Une belle histoire d'amitié entre un enfant, Nathan, et un homme excentrique et original, saltimbanque dans l'âme, du nom de Gavril. Cette rencontre va illuminer l'enfance du garçon qui va au détour de la vie perdre de vue ce précieux ami. Trente ans plus tard, Nathan retrouve une trace de son cher ami en découvrant un avis de recherche sur Gavril sous un abribus. Le roman devient alors une quête de la vérité pour savoir ce qui lui est arrivé, son enfance en Roumanie avec ses blessures et pourquoi un jour il a soudainement disparu.
L'écriture est belle, simple, teintée de poésie et de nostalgie. Le lecteur accompagne cette quête avec envie, peut-être aussi parce que cette histoire nous évoque parfois la nôtre et le fait d'avoir perdu de vue des gens qui ont compté pour nous.
Une très belle lecture pour une auteure à découvrir.
Une affiche signalant un avis de recherche, et un Nathan qui reconnaît le vieillard signalé disparu il y a plusieurs mois nommé Gavril, voila les ingrédients de ce joli conte de Sophie Germain.
Gavril (forme populaire de "Gabriel") est un saltimbanque, un amoureux des mots et de la vie, plutôt déambulateur que marcheur, musicien-poète, merveilleux personnage de conte. Nathan le rencontre par hasard, un jour de grand ennui, un jour ordinaire pour ce garçon timide et bègue, à qui l’on ne s’adresse pas.
Qui était vraiment Gavril cet homme au grand cœur marqué par des stigmates dont il ne parlait jamais ? Nathan va remonter le fil des années pour assembler les pièces du puzzle et mettre des mots sur les silences.
Sylvie Germain nous emporte sur les pas de Nathan et Gavril et nous parle de périodes sombres mais aussi de renaissance, d'amitié et de beauté.
A travers cette histoire d’amitié entre le poète et l'enfant, l’auteur tisse des pistes de réflexion que chacun investira en fonction de sa sensibilité : de quoi se construit un individu ? Quelle est la place de la littérature, de la poésie et plus généralement du langage dans la vie ? Comment être présent à soi-même et aux autres quand on n'a pas été regardé ?
Je pourrais lire Sylvie Germain rien que son écriture subtile, discrète et poétique. Des phrases qui donnent envie de les lire à voix haute, des mots choisis avec une telle justesse que j'en reste béate et Certains passages sont juste parfaits !
Un roman/conte intelligent et fin servi par une écriture délicate, un très beau moment de lecture.
Un petit garçon et un musicien de rue qui joue aussi avec les mots se rencontrent.
« Une chimère homme-oiseau », c’est ainsi que l’homme apparaît à l’enfant.
Ensemble ils arpentent les rues de Paris.
L’homme raconte à l’enfant les plaques, les inscriptions, la vie de Paris.
Quelques années de bonheur pour l’un comme pour l’autre, suivies d’une séparation brutale.
L’enfant devenu adulte ne s’en remettra jamais.
Encore une belle histoire de Sylvie Germain, et surtout, de magnifiques personnages.
Avec son talent habituel, elle crée une ambiance subtile, des relations extraordinaires, des situations improbables.
Et comme à chaque fois, la magie opère.
On est sous le charme de l’écriture, de l’histoire, de ces êtres inventés.
Nathan, Gavril……ils restent là, bien présents, longtemps après la dernière page tournée.
Il aura fallu d’une affiche signalant un avis de recherche pour que Nathan le reconnaisse. Le vieillard signalé disparu il y a plusieurs mois n’est autre que Gavril. Ce saltimbanque musicien et poète avait apporté de la fantaisie lumineuse et réconfortante dans le quotidien morne de Nathan alors âgé de neuf ans. Il lui avait entrouvert les portes sur la poésie, et la vie de cet enfant renfermé à l’élocution difficile s’était soudainement éclairée.
Trente ans plus tard, Nathan part à la recherche de Gavril qu’il le croyait décédé. Leur amitié avait été rompue brutalement ce qui avait plongé Nathan dans la culpabilité.
Qui était vraiment Gavril cet homme au grand cœur marqué par des stigmates dont il ne parlait pas ? Nathan va remonter le fil des années pour assembler les pièces du puzzle en Roumanie et mettre des mots sur les silences. L'histoire de Gavril heurtée par la grande Histoire avec ses soubresauts de haine et de violence se dessine et agit comme un catalyseur pour Nathan jusqu'à alors prisonnier de son immobilisme.
Avec son créature poétique, charnelle et ciselée, Sylvie Germain nous parle de périodes sombres mais aussi de renaissance, d'amitié et de beauté. La musicalité résonne dans cet hymne d'amour à la liberté, la luminosité éclipse et contraste avec la noirceur, et cette luminosité rend possible tous les espoirs.
Une auteure à laquelle je suis fidèle pour son écriture d'orfèvre et pour les thèmes qu'elle aborde. Une fois de plus, l'alchimie s'est produite avec ce livre à la tolérance bienveillante qui sème des graines d’humanité.
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