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« Son sourire aujourd'hui me donne envie de découvrir le monde. Elle oublie, je le vois, l'échéance des trois jours. Elle oublie que le temps est compté, elle oublie l'ombre et son murmure.
Il fait doux, Nice ouvre ses cadeaux. Il n'y a personne dans les rues. Je marche, enveloppée dans un caban trop large. Je ne pense qu'à ma mère. Je sais que la parenthèse se referme sur nous. Ma promenade, au gré du vent, au gré de rien, me conduit dans un joli jardin. Je m'assieds sur un banc, déboutonne mon manteau. Je respire. Trois pastels et mon carnet vont immortaliser le bleu, le vert et l'ocre.
C'est alors que je remarque cet homme. Il est là, tout près, assis sur un banc. Il me regarde. Il se lève. Vient vers moi. » A. G.
C'est à Noël, sous le soleil d'hiver, qu'Anne Goscinny réunit une mère et sa fille pour un dernier voyage. Un roman poétique et personnel.
Une déambulation familiale touchante et sobrement décrite ; que de douceur pour dire la douleur.
"Le sommeil le plus doux" vous plonge, grâce à la plume très agréablement poétique d'Anne Goscinny dans, un Noël pas comme les autres.
3 générations réunies pour des derniers instants d'une vie faite de regrets, de joies, d'amour, de maladie.
Un texte très intime qui emmène le lecteur au plus profond des secrets de 3 femmes, puis d'un homme. Une vive émotion emplie de simplicité qui a su me toucher jusqu'à la dernière page. Des mots justes et sélectionnés pour l'impact qu'ils auront sur le lecteur.
Une vraie générosité de la part d'Anne Goscinny.
Anne Goscinny est une femme littéraire. Gestionnaire de l’héritage laissé par son père, René Goscinny, elle côtoie depuis l’enfance le milieu artistique. Elle en viendra naturellement à l’écriture, maniant les mots avec professionnalisme et ce, depuis son mémoire de maîtrise consacré à la romancière Jean Rhys. Titulaire d’un DEA en lettres modernes, elle se fera d’abord critique littéraire et parolière, écrivant pour Serge Reggiani. Mais ce n’est seulement qu’en 2002 qu’elle franchit un cap, celui de la création littéraire, avec un premier roman dans lequel surgissent déjà les grandes lignes qui vont composer son œuvre et que l’on retrouve encore dans son sixième ouvrage, Le sommeil le plus doux, publié aux éditions Grasset.
Le sommeil le plus doux se veut bref, tout comme le laps de temps qui s’écoule dans l’ouvrage. Noël approche. Cette période qui est faite de réjouissances, de réunions de famille et d’amours est l’occasion pour Jeanne et sa mère d’entreprendre un voyage qui tenait à cœur à cette dernière. En compagnie de la grand-mère paternelle de Jeanne, elles arrivent à Nice, sous un soleil d’hiver et sa promenade des Anglais désertée. Mais ce voyage est d’un caractère assez particulier : c’est l’avant-dernier que fera la mère de Jeanne, condamnée par un cancer. Désireuse de revoir cette ville où elle a vu le jour, cette mère, qui ne sera jamais nommée, attend l’inéluctable : ce dernier voyage qui prendra la forme du sommeil.
À la voix de Jeanne répondra celle de Gabriel qui, trente ans plus tard, se remémore sa rencontre avec elle. Une rencontre qui prendra une forme symbolique : en devenant l’amante de Gabriel, Jeanne entre pleinement dans la vie adulte, une nouvelle vie qui sera marqué par le décès de cette mère. L’enfant adulte, qui deviendra alors orpheline de mère, perdra le dernier de ses géniteurs, de ses créateurs.
Le deuil, voici cette obsession qui resurgit, qui traverse l’œuvre d’Anne Goscinny, qui hante la romancière. Car on ne peut s’empêcher de reconnaître son prénom dans celui de Jeanne. Car on sait à quel point l’influence de son père fut capitale pour Anne Goscinny. Car le décès d’un parent est une chose inévitable mais profondément marquant pour quiconque. Mais Anne Goscinny doit aussi faire face à cette morte inattendue de son père à neuf ans et celle de sa mère à vingt-six ans. C’est cet amour fusionnel qu’elle met en scène, entre Jeanne et sa mère, dont les rôles se retrouvent de nombreuses fois inversés au fil des pages : Jeanne ne peut s’empêcher d’adopter un comportement maternel, entrant dans la chambre pour veiller sa mère, lui déposant un tendre baiser le matin.
Anne Goscinny fait preuve de retenue dans le choix de ses mots. Bien que la cruauté de la réalité soit présente, la romancière préfère toutefois une écriture simple qui se révèle profondément poétique et quasi-aérienne pour traiter d’un sujet aussi douloureux et grave que la mort d’un proche. À la fois pudique et intense, l’écriture d’Anne Goscinny nous fait entrer dans l’intimité d’une famille à l’approche de l’échéance inéluctable de la mort, faisant du Sommeil le plus doux un récit touchant, aux éléments autobiographiques et à la construction surprenante qui prendra son sens à la toute fin de l’ouvrage.
La veille de Noël, Jeanne, jeune femme de 25 ans, arrive à Nice avec sa mère et sa grand-mère paternelle pour une escapade de trois jours. Sa mère atteinte d'un cancer dont l'issue ne laisse aucun espoir veut revoir Nice la ville où elle est née.
Toutes trois s'installent dans un vieux palace. La mère de Jeanne, dont le prénom n'est jamais dévoilé et on ne comprendra pourquoi qu'à la fin du récit, ne pourra pas faire découvrir sa ville à sa fille. Malgré les médicaments et l'alcool , la fatigue, les douleurs la plongent dans un sommeil qui font que "elle n'aura vu de Nice que les silhouettes des palmiers dans la nuit. Elle n'aura entendu la mer qu'à travers les fenêtres de sa chambre".
La grand mère quant à elle, vit déjà dans un autre monde avec ses fantômes dans le souvenir de l'Ukraine qu'elle a dû fuir en emportant seulement un chandelier à sept branches, une horloge et un couteau à pain, avec les souvenirs de ses frères et sœurs victimes de la Shoah. Cependant Jeanne avait besoin qu'elle l'accompagne pour l'aider à affronter la mort de sa mère.
Sa mère souffre mais ne se plaint jamais, ne pleure jamais devant sa fille, elle s'accorde juste un moment de révolte pleurant la grand mère qu'elle ne sera jamais. Mais de façon générale elle est lucide et pleine d'humour.
Pour échapper à cette agonie vécue au jour le jour, Jeanne part marcher dans la ville et rencontre Gabriel, un homme de 20 ans son ainé. En pleine crise familiale, aussi seul qu'elle, il est touché par cette jeune femme fragile et triste qui va se confier à lui.
Le récit va voir s'entrecroiser la voix de Jeanne et celle de Gabriel à deux époques différentes, au présent et au passé puisque Gabriel se souvient de cette rencontre trente ans plus tard, une rencontre où il va devenir son premier amant et ainsi la faire devenir femme au moment où elle devient orpheline.
Ce livre évoque l'amour fusionnel d'une mère et de sa fille, la maladie d'une mère qui empêche sa fille de commencer sa vie de femme "j'ai dix ans de retard sur les autres" Une maladie que Jeanne côtoie depuis son enfance et qui a marqué son adolescence.
Une relation mère-fille où les rôles sont inversés, Jeanne déposant un baiser sur la bouche de sa mère le matin pour s'assurer que "son immobilité n'est due qu'au sommeil", rêve d'une vie sans échéance connue, elle qui a déjà vécue lorsqu'elle était enfant la perte de son père, perte tellement violente et inacceptable qu'elle en parle comme d'un suicide alors qu'il s'agit d'une mort par infarctus. "fille d'un cancer et d'un infarctus".
Jeanne vit avec la maladie de sa mère depuis longtemps déjà et en souffre autant qu'elle "je sais bien que ce n'est pas contagieux mais pourtant nous sommes deux à en crever" , le cancer qui ronge sa mère l'envahit aussi.
C'est un livre qui se lit lentement pour mieux en savourer la poésie. Il est sensible, pudique, bouleversant , intime, intense et sans mots inutiles. René Goscinny est décédé lorsqu’elle avait 9 ans et sa mère lorsqu’elle avait 26 ans, nul doute qu'elle a puisé dans son histoire personnelle pour écrire ce magnifique roman.
Le résumé peut rebuter par son thème mais c'est un roman doux sans aucun pathos, une sorte de voyage dans le temps, mélancolique et personnel. Une pépite construite sur une narration à deux voix qui ne se dévoile qu'à la toute fin du récit avec une révélation finale surprenante. Une belle écriture délicieusement poétique qui me donne envie de lire d'autres romans de cette auteure
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/05/le-sommeil-le-plus-doux-danne-goscinny_10.html
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