Ce road-movie intimiste est l'une des BD à ne pas manquer en cette rentrée
«[...] la raison à quoi tendent les pages du Sel noir, c'est une raison marronnante et succulente, une raison de forêts et de lianes, et pourtant qui s'offre aux défrichements de la liberté. Une raison qui certes ne s'assurera de sa propre justesse qu'à une certaine consonance entre elle-même et le monde. De là, dans un premier temps, le risque de ne sonner que pour elle seule:et c'est pourquoi il lui faut recourir aux arbitrages de l'histoire. Aussi Glissant:Je suis dans l'histoire, écrit-il, jusqu'à la moindre moelle. Ainsi l'île, au lieu de se laisser découvrir par les autres, entend-elle découvrir le monde à son tour. Imaginons qu'au rebours de l'éruption de la montagne Pelée, ce soit en rêves, en chairs vivantes, en verdures, en humus qu'explosent les profondeurs de la Martinique, et cela dans le déploiement d'un signe ternaire:depuis toujours l'appel caraïbe d'un Nouveau Monde d'indianité; déjà l'Afrique... Moins une Afrique retrouvée, d'ailleurs, qu'une référence, contraire et complémentaire à celle de l'Europe, et dont j'use surtout pour dégager ma propre vérité et celle des miens. Voilà les trois branches d'un étoilement dont une identité insulaire serait le foyer et la résultante. En définitive, ce qui émerge du recueil d'Édouard Glissant, c'est la requête de l'identité. Non plus rivage d'au-delà de la mer, puisque désormais c'est elle qui regardera l'horizon de mer. Et non plus Eldorado, Hespérides pour les autres, mais Atlantide revenue des abysses du monde pour devenir construction de soi.» Jacques Berque.
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