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Nicolas Sarkozy, huit jours avant son accession à la Présidence de la République, a rouvert, à sa manière, sans détour, l'histoire de Mai 68 et l'analyse qu'on en fait généralement. Au fond, il résumait ce jour-là les grandes lignes de sa campagne électorale à l'usage de ceux qui, à droite, précisément, doutaient encore de sa légitimité. C'était le point final, et efficace, d'un processus de « décomplexion ». Car, depuis 40 ans, ce qu'il est convenu d'appeler « la droite » n'a jamais réussi à résoudre l'énigme de Mai 68, « cet événement obscur ». Nicolas Sarkozy, dont la personnalité est directement héritière de ces journées de printemps qui ont tant frappé les esprits, a sans doute jugé utile de dire aux Français que la page était tournée et qu'il fallait remettre de l'ordre dans l'école, dans l'usine et dans la société française. La charge était sévère, injuste sans doute, mais le message est passé, tant mai 68 incarne encore, pour la France conservatrice, et aussi pour une frange de la gauche sociale démocrate, un moment de flottement, un moment d'angoisse et un héritage impossible à gérer.
A l'évidence, les représentants de la majorité de l'époque ont été cueillis à froid par la « chienlit » germanopratine. Ils n'ont pas prêté attention aux signes précurseurs perceptibles dans les universités françaises et ils n'ont pas compris l'ampleur du mouvement dans les démocraties occidentales. Peu de gens, ni à droite, ni à gauche, ne se sont sérieusement penchés sur l'état sociologique de la France au milieu des années 60. Edgar Morin parle et écrit dans le désert, sauf lorsqu'il invente un nouveau vocable, « yéyé » pour décrire l'enthousiasme des fans de Johnny Hallyday et de Sylvie Vartan. Le monde politique trouve le remue ménage de la jeunesse anecdotique, au mieux.
Car pour la majorité des Français, le pays va bien. N'est-on pas dans le train, stable et relativement rapide, des Trente Glorieuses qui apportent au pays le bien être économique et le progrès ? La France, et c'est vrai, avance à pas de géant. Et puis, la nation s'est « débarrassée » de son problème Algérien. La nation a frôlé à cette occasion la catastrophe. Elle éprouve soulagement et reconnaissance à l'égard du Général de Gaulle.
C'est vrai, le Général vieillit, mais son prestige reste immense, notamment à l'étranger. C'est d'ailleurs un des paradoxes de Mai 68, car pour un enragé de gauche, c'est bel et bien De Gaulle qui, hors de nos frontières, véhicule des idées progressistes : en condamnant l'escalade de la guerre au Viet Nam, en soutenant le mouvement des non alignés, en reconnaissant la Chine de Mao, en reprochant au peuple Israélien d'être « sûr de lui et dominateur » dans la foulée de la guerre des six jours, en 1967.
En vérité, les élites en place n'ont guère mesuré ce qui se passe ailleurs, la force et l'énergie des mouvements étudiants, qui relaient des idéologies radicales, notamment aux États-Unis.
« La France s'ennuie » titre judicieusement le Directeur du journal Le Monde, Hubert Beuve Méry.
Lorsque le 22 mars 1968, Nanterre s'enflamme pour des problèmes de mixité dans les dortoirs de l'Université, personne ne songe aux « formidables » semaines qui vont suivre. Ni les responsables de l'enseignement, ni le Ministre de l'Intérieur, ni le Premier Ministre, ni aucun membre du gouvernement. Seules des personnalités comme le préfet de police de Paris, Maurice Grimaud, entrevoient les risques encourus et veilleront, tout au long de la crise, à ne pas laisser l'irréparable survenir.
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