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La mégalomanie est la pire des ennemis. Sur une île volcanique imaginaire, le célèbre peintre Cristóbal meurt violemment dans un mystérieux accident de voiture. Sa notoriété et son action politique donnent à cette mort un retentissement tel que la police est contrainte d'ouvrir une enquête. Le peintre a en effet réussi à se créer une véritable collection d'ennemis parmi les investisseurs et les industriels locaux et étrangers. Un inspecteur reçoit alors la lourde charge d'aller fouiller le passé de l'un des hommes les plus puissants (trop peut-être ?) de ce morceau de lave perdu au milieu des océans.
« Cette histoire est très librement inspirée de l’œuvre accomplie par César Manrique sur l’île de Lanzarote » Cette phrase en introduction de ce roman graphique, a titillé ma curiosité de lectrice.
L’auteur, Bruno Duhamel, nous raconte le projet architectural complètement fou et plutôt visionnaire de Cristobal, librement inspiré de l’artiste César Manrique. De retour sur son île natale, il veut la sauver de la spéculation immobilière qui l’enlaidirait à jamais. Car l’île volcanique est d’une beauté encore préservée et ses habitants vivent de façon traditionnelle.
Nous sommes dans les années 1960 et s’opposer aux élus, investisseurs et hommes d’affaires de tout poil n’est pas une mince affaire. L’écologie et la préservation du littoral ne sont pas encore d’actualité. C’est en faisant appel à ses amis artistes que Cristobal va convaincre les habitants et arrêter la bétonnisation de masse. Bien sûr, pour cet artiste mégalo, la tentation est grande de transformer cette ile volcanique aux paysages arides en une œuvre monumentale et nombriliste.
Outre ce récit d’une démarche artistique originale, l’auteur fouille dans l’enfance de l’artiste qui a grandi auprès d’un père alcoolique et il a su nous rendre émouvante cette jeunesse blessée.
Le dessin, réaliste et qui alterne entre sépia, gris et couleur, illustre bien ce projet pharaonique tout en nous faisant découvrir des paysages étonnants.
Au-delà de la fiction d’un destin tragique, c’est tout un questionnement sur le projet artistique et la conservation des paysages qui se pose et c’est passionnant.
Cristobal, artiste reconnu, a grandi sur une île volcanique. Parti exposer aux Etats-Unis, il revient sur son île natale, la quarantaine à peine passée et décide de faire de ce lieu un des endroits les plus beaux du monde. Il fustige le tourisme de masse et veut imposer sa vue de l'architecture de l'île. C'est un colérique, comme son père. Il s'emporte souvent, ce qui peut le desservir, ses détracteurs sont assez nombreux, ceux qui veulent s'enrichir avec le tourisme. Convaincant, Cristobal commence ce qui deviendra son oeuvre.
Librement inspiré de la vie de César Manrique et de son île Lanzarote, cet ouvrage est intéressant et pose pas mal de questions sur la création, l'art, l'élitisme, la beauté, ... Il est aussi question de la conservation d'un patrimoine, de la nature et le prix qu'il faut payer pour les habitants, renoncer à certains rêves, à un certain confort auquel beaucoup ont droit. On parle aussi de la solitude du créateur, de sa mégalomanie, de ses compromissions. Un bel album, original
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