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«Je pense que si je n'avais écrit que Le Marteau sans maître, on me situerait quelque part dans le surréalisme, ce qui serait inexact. Quand j'ai écrit Arsenal, je n'avais que dix-sept ans et je ne savais même pas que le surréalisme existait. [...] J'ai toujours ignoré l'écriture automatique et tout ce que j'ai écrit était consciemment élaboré.» Publiée en 1990 dans l'ouvrage de Paul Veyne, cette déclaration de René Char résume son engagement pris dans un mouvement dont il ne fut que le «locataire» durant quelques années. Le Marteau sans maître témoigne de cette proximité et de ce passage. Tous les poèmes ici regroupés par René Char, et dont il a plusieurs fois modifié les intitulés et l'ordre, proviennent de son fonds propre, c'est-à-dire de ce qui le singularise et confère à sa voix ce timbre irréductible qui n'appartient qu'à lui. D'emblée, il y a, en dépit du titre qui suggère une énergie sans frein, une volonté de maîtrise, un repérage dans le champ du réel, et une façon d'être au monde sans faiblesse.
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