Le livre d'Amray, l'itinéraire d’un homme dans l’Algérie de la décolonisation
« On m'a dit que je naissais au monde, que les montagnes reculeraient devant mes aspirations, que les plaines donneraient plus de blé qu'elles n'en ont jamais produit et que les matins s'offriraient à mes pas juvéniles. Que ne m'a-t-on dit pour me laisser croire que j'étais un homme libre ? » Amray est né avec la guerre, entre le souffle du chergui, le vent chaud du Sahara, et les neiges des Hauts Plateaux, fils préféré d'une mère qui n'avait jamais appris les mots d'amour, et d'un père qui a fait plus de guerres qu'il n'en faut pour un homme. Mais bientôt son monde vacille et les amis d'enfance, Shlomo, Paco, Octavia - celle qu'il nomme ma joie - quittent le pays.
Resté là comme en exil, Amray, fils du vent, fils de fières et nobles figures de résistance, Augustin, la Kahina ou Abd el-Kader, avec la rage puisée dans les livres et les mots des passeurs, part chercher plus loin ses horizons, et la liberté d'être poète.
À travers le récit d'une enfance et d'une jeunesse marquée au fer de la guerre et de la violence en Algérie, Le Livre d'Amray est une charge ardente contre un régime autoritaire et tous les intégrismes religieux, un chant vibrant d'amour pour une terre qui n'est jamais nommée, une Algérie rêvée et rendue à la vie - un chant d'espoir au monde.
Le livre d'Amray, l'itinéraire d’un homme dans l’Algérie de la décolonisation
Un destin particulier dans une histoire collective, celle de l’Algérie, a nommée, très vite identifiée.
Un destin comme une épopée désespérée, qui commence pendant la guerre d’indépendance qui est aussi une guerre civile, qui se termine pendant les terribles années 1990.
Amray est un poète, enfant chéri rudement par sa famille. Il va essayer de résister aux intégrismes, d’où qu’ils viennent. Il va essayer de rester libre.
Ce roman à l’écriture poétique est puissant, bouleversant. En quelques phrases aux termes choisis, l’auteur nous dépeint une époque, ce qu’elle provoque sur l’individu.
Sa lecture est un régal littéraire et formel.
Cependant, j’aurais aimé que les personnages aient un peu plus de chair. Ils passent, disparaissent.
Il en est ainsi de Nora, l’épouse du narrateur. Il en est ainsi de ses enfants. La fin du roman me semble un peu expéditive.
Mais sa lecture reste un malgré tout un moment puissant.
Merci beaucoup à lecteurs.com de m'avoir permis de découvrir ce roman des éditions Zulma dont je n'ai lu que trop peu de titres. La couverture est très belle et j'ai été séduite par la "plume poétique" de l'auteur. Le style est original et fluide, il décrit avec amour les paysages de son pays (dont il ne nomme jamais le nom mais dont on se doute qu'il s'agit de l'Algérie) sur diverses périodes malgré la citation d'aucunes dates, on se repère aux événements majeures de l'Histoire. On sent le ressentiment et l'incompréhension de l'auteur dans son écriture vis-à-vis des gens qui ne tolèrent pas la différence, les multiples cultures de son pays et de ses habitants (ce qui m'a fait pensé à la situation en France que l'on peut ressentir aussi).
Le seul petit défaut serait que ce livre méritait au moins une centaine de page en plus, je suis restée sur ma faim à la fin du roman, j'aimais découvrir la vie d'Amray, lire l'histoire de ses ancêtres.
Une jolie découverte toutefois qui m'a donné envie de découvrir d'autres oeuvres de cet auteur.
Un grand merci à lecteurs.com de m'avoir offert l'opportunité de découvrir la plume de Yahia Belaskri. La découverte est sublime...
L'ouvrage s'ouvre sur une citation d'Albert Camus et Amray, héros de cette fresque homérique, incarne avec brio la figure de l'Étranger. La guerre balaie tout, les souvenirs, les rêves et les certitudes. Face à l'intolérance et à la folie meurtrière et destructrice de l'humain, quelle place reste-t-il au poète ? Pourra t-il retrouver un rôle à endosser dans cette sinistre réalité ?
Le Livre d'Amray fait partie de cette littérature qui appelle la lecture à voix haute. Qualité et défaut à la fois, le ton est presque théâtral tant l'auteur s'efforce de saisir les mots sur le vif. Peut-être trop court, ce récit n'en est pas moins mémorable surtout dans sa prose qui en fait un court roman tout autant qu'un long poème : envoûtant.
La couverture est attirante, le résumé aussi, le début de l'histoire également.
Ce livre a un fond, permet probablement de réfléchir mais j'ai l'impression d'être en partie passée à côté, rendant jugement et avis difficiles à formuler.
Je l'ai malgré tout prêté, pensant qu'il avait un fond, un intérêt, un sujet, en espérant que l'avis sera plus fondé et argumenté que le mien...
Ce livre plein de poésie, de verve, d'innocence mais de violence aussi, c'est l'histoire magnifique que nous conte Yahia Belaskri avec "la vie d'Amray", celui qui commande, qui suit ses propres idées (mais aussi "l'amoureux" en berbère selon Wikipedia)....
Né en Algérie pendant la guerre d'indépendance au sein d'une famille nombreuse, son père (qui a fait deux guerres sous les drapeaux français puis enfin celle pour son pays) a 60 ans quand sa mère en a 37. Mariée sans amour à 13 ans, celle-ci n'a pas son mot à dire. Elle est destinée à assurer la descendance et servir son mari. Elle aura de nombreuses fausses couches, d'autres parviendront à survivre, mais Amray restera toujours le "préféré" de la famille jusqu'à son dernier souffle.
Amray dans ce livre parle plus volontiers de ses ami(e)s que de sa fratrie. Il nommera vaguement quelques sœurs, quelques frères et s'attardera un peu sur l'histoire de ses parents mais surtout restera proche de sa mère jusqu'au bout, même en "exil". Il se reprochera cependant d'arriver toujours "trop tard": pour la mort de son père, de sa mère, celle de ses frères et de ses sœurs. Il sera celui qui arrive "après" les évènements... Il aura pourtant à cœur de porter toujours hommage aux uns et aux autres.
Alors, quoique jamais nommée, L'Algérie flamboie ici, de toutes ses lumières, de toutes ses images, de toutes ses odeurs et de toutes ses couleurs.
Une Algérie transcendée par la douceur et la fraîcheur du récit: Amray alors enfant, ne perçoit pas toute l'étendue des ravages de la guerre. Il la survole - il n'a alors que 10 ans en 62- avec ses yeux d'enfants et ne perçoit ses effets que lorsque ses amis, Shlomo et Paquito ne réapparaissent plus en début d'année et qu'Octavia finisse elle-aussi par s'en aller. Il comprendra qu'une partie de son passé est alors révolu mais sans pour autant en saisir la raison.
On ne voit donc pas vraiment les violences, les arrestations, les combats, la déchirure des premiers départs; on les devine seulement et c'est ce qui fait toute la force du récit. C'est seulement quand Octavia, restée plus tard que les autres, sera insultée et traitée "d'étrangère" à l'école par ses propres camarades de classe et qu'elle quittera à jamais ce sol qui l'a pourtant vu naitre ainsi que ses parents qu'Amray comprendra que "rien ne sera plus comme avant" et que tout est définitivement bouleversé.
Bien plus tard, devenu un homme, après s'être instruit en parti par lui-même, c'est face à l'intégrisme montant qu'il devra faire face: fanatisme religieux mais aussi dictature naissante. Traité lui aussi "d'étranger" car il aura dû quitter son village pour travailler "à la ville", il finira par ne plus comprendre le monde dans lequel il vit.
Il ira travailler de ville en ville, puis devenu mari et père, Il finira par se réfugier alors dans la mythologie, l'Histoire passée, ses souvenirs et sa rêverie. Seul son ami Anzar le suivra et, à la fin et sans préavis c'est lui qui terminera l'histoire. Le terme de ce récit reste d'ailleurs pour moi des plus mystérieux. Je ne sais si Amray devient fou ou non ou s'il rêve simplement son pays comme il ne le sera jamais plus, entre réalité et nostalgie.
Cette ode à la liberté, de geste et de pensée, écrit à la première personne du singulier présent, est néanmoins ponctuée de quelques pages "d'histoire": celle de l'Algérie, de la Kahina, d'Abd-el-Kader ou de Saint Augustin. Bref un beau récit, majestueux, fier, digne et droit: entier en somme, tout comme l'est le personnage d'Amray, amoureux des mots, de la vie, de son pays, épris de justice et de liberté.
Je remercie les éditions Zulma et la Fondation Orange avec Lecteurs.com qui m'ont permis de connaitre cet auteur, d'approfondir ma vision d'une période de l'Histoire de l'Algérie et de découvrir ce merveilleux poème en prose qu'est "le livre d'Amray".
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