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Le jardin de M. emprunte son titre à une oeuvre du peintre américain Philip Guston. Marcella Durand réinvente l'espace, celui de la ville, celui du langage et du poème.
De même que chez Guston l'initiale M. dissimulait le prénom de son épouse et de sa fille, ici, dans le livre, nous pourrions être tentés de lire le M. de Marcella et y chercher trace de l'auteur.
Mais cette dernière est tout occupée à tenir le compte exact de cette géographie d'air et de lumière qu'elle propose en même temps qu'elle travaille à recomposer un langage divisé : dans les poèmes de Rayons de l'ombre, cela passe par l'utilisation surprenante, en langue anglaise, de l'alexandrin, comme si la poète américaine, de père français, avait voulu faire rentrer sa langue dans la mesure française, comme pour la faire tenir, l'empêcher de fuir.
« Présente une nouvelle géométrie du soleil, retrouve un langage qui pourrait être futur et qui est sans doute divisé. Peut-être un langage comme la ville avec ses zones aux temps et souffle différents ».
Ne pas rester dans une zone, mais comprendre de quoi elle est faite, peser son temps, prendre son souffle et assurer ainsi les conditions du passage vers une autre, voilà la tâche et le bonheur du lecteur dans ce jardin de formes et de mots.
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