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Dans les années 1920, cinq jeunes vétérans de l'armée de l'air - Shepard Lambert, Bill Talbot, Johnny Swann, Cary Lockwood et Francis, dit le Washout - se retrouvent à Paris après l'Armistice, livrés à eux-mêmes. Incapables de reprendre leur souffle, ils semblent n'avoir qu'un but, celui de se noyer dans l'alcool. Ils rencontrent Nikki, jeune Américaine esseulée à Paris, et l'embarquent dans leur tournée spectaculaire des bars parisiens puis des cafés de Lisbonne et des corridas madrilènes. Publié en feuilleton dans le magazine Liberty en 1930, sous le titre Single Lady, ce roman inspiré de l'existence de Saunders n'est pas sans rappeler Le soleil se lève aussi : les clins d'oeil à Hemingway y sont nombreux, et ne font qu'ajouter au charme et à la drôlerie d'une histoire pourtant tragique. Adaptée au cinéma peu après sa parution, elle est devenue Le Dernier Vol, l'un des meilleurs films de l'époque sur la génération perdue.
Ce roman parle d'une jeunesse désabusée, dans les années 20 à Paris, de pilotes après la guerre et d'alcool, de beaucoup d'alcool. Des jeunes hommes et une jeune femme, Nikki, tous américains, qui donnent l'impression de vouloir devenir alcooliques très rapidement et que ce serait pour eux un fait d'armes glorieux. Ils ont des comportements exubérants, comme si le monde leur appartenait, allant de bars en hôtels en cabarets, comme si la vie n'était qu'une plaisanterie. Et ils parlent et parlent encore et toujours, souvent pour ne rien dire, comme c'est généralement le cas en état d'imbibition alcoolique. Ils vont de bitures en lendemains de cuites où ils recommencent à picoler dès le matin pour calmer leurs tremblements.
Ce livre est rempli de dialogues incohérents. Ça m'a fait penser à ces films américains où tout le monde parle en même temps dans une effroyable cacophonie avec des dialogues un poil ineptes. Sans doute l'auteur évoque-t-il sa jeunesse désabusée qui ne sait pas où elle va ni quoi faire d'elle-même. Même leur humour est absurde.
J'ai trouvé tout très hollywoodien, j'ai eu l'impression de voir un vieux film en noir et blanc. Peut-être est-ce le préambule du roman qui m'a influencée ou bien juste l'ambiance qui m'a replongée dans les vieux films que je regardais, adolescente, au Ciné club tard le soir. Toujours est-il que j'ai trouvé les personnages soûlants, jamais posés, jamais calmes, toujours en mouvement, juste pour brasser du vent, opérant un suicide lent à coup d'alcool à l'excès pour oublier la guerre qui les a détruits à jamais. Car, croire qu'on veut mourir est une chose, avoir la force de se donner la mort en est une autre. Trop dur. Trop radical. Alors qu'avec l'alcool…
De plus, mais c'est inhérent à l'époque, quel machisme ambiant ! C'est effarant la façon dont les hommes se comportaient et parlaient des femmes, et les femmes se sentaient flattées : "[…] Regarde-moi cet engin, Cary. C'est pas merveilleux ? Ose me dire qu'elle est pas drôlement bien roulée.
- Oh Shepard, dit Nikki en entrant dans le salon, tu me fais fondre quand tu dis des choses comme ça."
Quoique… ça existe encore, non ?
Je commençais à trouver le temps long et à avoir la gueule de bois à tous les suivre dans leurs beuveries jusqu'à ce qu'il y ait la petite virée au Père Lachaise puis l'expédition au Portugal qui ont ravivé mon intérêt.
Sous ses airs de rigolades et de grosses bringues à répétition, c'est une histoire assez triste qui nous parle d'une jeunesse que la guerre a pulvérisée. Des jeunes fauchés dans la fleur de l'âge, qui se noient dans l'ivresse du soir au matin mais aussi tout le jour, debout mais morts à l'intérieur.
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