Le rêveur s'aperçoit qu'il ne raisonne pas réellement les signes ostentatoires des choses. Il ne fait que voir, il ne fait qu'entretenir une réflexion vague et générale sur eux, et qui lui est une constante mesure d'interrogation. D'ailleurs, il voit très mal les choses, il ne voit que ce qu'il doit voir. Le rêveur a la tête qui lui fait mal, il a le front qui lui indispose l'esprit. Il semble soudain se désintéresser. Il connaît très bien cet état de somnolence des perceptions pour l'avoir souvent vécu. Et reconnaît aisément à ses visions la familiarité douteuse de la réflexion engourdie, invalidée et prisonnière de sa seule hantise. Cette réflexion sans mouvement qui est davantage une contemplation qu'un intéressement. Toutefois, il sait des certitudes, par une longue expérience de méprises, qu'elles sont très nombreuses à n'être que fugitives, mouvantes, à n'être que le regard étonné de l'incertitude même.
Francis Zeller n 'a pas vraiment de biographie. Il pousse devant lui une littérature qui lui sert à la fois de boussole et de passeport. Faut-il avouer qu 'il vit à Bienne, en Suisse ? Il écrirait partout, se servirait d'autres paysages, en tirerait d'autres alchimies. Francis Zeller vise le coeur de l'écriture, là où plus rien ne la remplace, où seuls certains mots, agencés de certaine façon, parviennent à transmettre le plus silencieux des messages. A découvrir dans la solitude, en lisant à haute voix.
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