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On découvre dans Le Chameau ivre ce qui a fait pendant plusieurs décennies le quotidien et l'horizon de la « génération brûlée », les enfants de la révolution islamique et de la guerre Iran-Irak. On y retrouve l'attachement au sol dont Henri Michaux parle dans « Mes Propriétés » (La Nuit remue).
Dix-neuf récits montrent dans le désordre un Iran intime et universel, contemporain et éternel. Une fiction cousue au fil du réel, avec son lot de raccourcis et d'hyperboles. Une voix amie raconte l'Iran et les Iraniens, emmène le lecteur au coeur d'une réalité à laquelle il n'a, le plus souvent, pas accès.
L'écriture visite les registres comique et tragique avec une élégance gouailleuse, une impertinence orientale faite de distance et de familiarité.
Il y a du vin et de la violence, des guerres et du yaourt, de la technologie obsolète et plusieurs millions de poissons rouges, autant de ferments de bonnes histoires, celles qui sont vraies parce qu'elles sont faites avec les larmes et avec la joie, et le sel de la vie.
« Le Chameau ivre » d’Alma Rivière est un kaléidoscope empli d’étoiles. On se prend à aimer L’Iran avec ses contradictions, sa force mentale, son amour de liberté dans le sablier qui veut retenir la folie oppressante plus que L’Hymne de la Joie. Ces récits, portes, d’une géopolitique décrite avec du sable dans les mains sont les battements du cœur de ce pays. L’envie frénétique pour le lecteur de fouler ce sol où les aprioris occidentaux font le jeu des faux-semblants . Ce livre devient une ivresse pour le lecteur.
Dépaysant, engagé, intime « Le Chameau ivre » est Le livre a emporté pour un voyage de confidences, de sel, de vent, au fond de soi. Ces récits courts, vifs, souples, nous poussent dans le dos. Nous sommes dans cette itinérance allouée, pour la beauté de ce pays, emblématique et manichéen.
L’écriture d’Alma Rivière est fluide, agréable, et cette dernière sait conjuguer l’art avec l’idiosyncrasie de son pays. « A l’école primaire, il y avait un règlement concernant les cheveux. La règle absolue était que les écoliers devaient avoir les cheveux courts. Quatre millimètres, pas un de plus. »
Les récits sont des morceaux de vie, sociologiques, mais pas que. L’habitus de ce pays couronne ses hôtes d’un courage que les occidentaux n’imaginent même pas. Alma Rivière délivre les matières mouvantes de ce pays, qu’elle affectionne, même si.
Le lecteur est dans cette qualité d’ubiquité où il ne sait plus quel pays préférer. Il a tout à coup besoin de ce souffle iranien où le secret est levier. La chape de plomb est telle, qu’il a besoin de partir tout en laissant ses empreintes sur sa terre-mère devenue.
« Le Chameau ivre » est un moment de rencontre et d’apprentissage. On est dans la fusion et c’est une réussite. Tout est détricoté. La pelote de mots qui advient est ce consentement à la différence et à l’insoumission dans un même temps.
C’est une mappemonde livresque, dans un langage soigné quasi universel.
La première de couverture est un enchantement, une invitation qui subrepticement va jouer un grand rôle. Un concept réussi, calme et olympien que le lecteur retiendra longtemps dans sa mémoire. Le jeu de la lumière incite à ouvrir en grand ce livre pour commencer une lecture de très haute qualité. Pari réussi !.
Les Editions Rue des Promenades nous prouvent une nouvelle fois leur place dans la cour des Grands …….
« La carte mondiale des vins omet le plus souvent un endroit appelé l’Iran. Les gens qui créent ces cartes ont tendance à le voir comme un pays musulman et donc sec. Le fait que beaucoup d’Occidentaux pensent que nous autres iraniens allons travailler à dos de chameau doit certainement jour. »
Avec ce premier paragraphe, le ton est donné ironique, lucide, lucidement désespéré quelque fois. Dans ce livre, j’ai trouvé la recette artisanale et clandestine de la fabrication du vin à domicile. Sans oublier les chutes : « Ne conduisez jamais en ayant bu. C’est vraiment pas juste pour les autres. » ou « Faire du vin en Iran ne vous transforme pas automatiquement en dissident. Même si ça aide. »
La jeune génération ne croit plus au futur « On ne croyait pas au futur : on savait qu’on n’en aurait pas. Qu’on avait été élevés pour un futur qui ne viendrait jamais. Tomber d’une terrasse en fuyant une descente de flics était seulement l’une des nombreuses possibilités » Préférer se jeter du balcon que d’être arrêté par la police, cela fait froid dans le dos.
Ce pays meurt d’ennui « C’est ça, l’enfer iranien. Si tu fais pas gaffe, tu peux mourir d’ennui. En fait, t’en vois plein, des ports vivants, si tu regardes de plus près les piétons dans les rues noires de monde. »
Où il est également question du « mouvement vert » suite aux fraudes dans les élections présidentielle de juin 2009. Imaginez une manifestation monstre, nos marches syndicales, c’est du gnangnan à côté !, des centaines de milliers de personne défilant sans un mot, oui, chers amis, un silence complet. « Ils restaient silencieux –chacun d’entre eux- tout le long du parcours. Pas un son n’émanait d’eux. Sauf un claquement de mains occasionnel. A un moment, quelqu’un faisait « clap ! clap ! clap ! » et la foule l’imitait, répétant les trois mêmes sons. »
N’oubliez pas que « Un invité est comme un cadeau de Dieu. »
Des histoires courtes acidulées, acides, tendres, ironiques, désespérés et pourtant pleines d’espoir.
J’aime beaucoup les petits formats des éditions Rue des Promenades. Ils se glissent partout et n’abiment pas les poches (très important). Le contenu vaut le détour. Je suis presque certaine d’avoir une bonne surprise et ce fut le cas pour ce livre.
Le chameau ivre à lire et relire dans n’importe quel ordre. Ne vous en privez pas.
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