"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Depuis quelque temps, plus rien ne va dans la vie de Benjamin Teillac. Quitté par sa femme, rejeté par son fils, il risque maintenant de perdre son travail d'ambulancier. En cause : ses crises d'épilepsie, qui ont recommencé brutalement et que les traitements conventionnels ne suffisent plus à contrôler. Lorsque sa neurologue lui propose de tester un nouveau médicament révolutionnaire, il décide d'accepter, malgré la réticence de David, son meilleur ami. C'est alors que d'étranges visions commencent à l'assaillir, des rêves récurrents au réalisme troublant. Sur un chemin enneigé, le voilà qui fait le guet en compagnie de soldats qu'il ne connaît pas et à qui, pourtant, il s'adresse comme à des familiers... Par quel phénomène singulier s'est-il soudain retrouvé en 1944, au beau milieu du maquis ? Là, alors que le danger rôde, une autre existence s'ouvre à lui, un autre possible. Se pose alors la seule véritable question : qui Benjamin veut-il être ?
Benjamin T. (comme Teillac) est un “looser”. Benjamin T. n’a pas su garder l’amour de sa femme Sylvie et de son fils Pierrick parce que “trop bon, trop con” … Heureusement qu’il peut compter sur son ami d’enfance et collègue, David, qui lui est dévoué, ce qui rend un peu jaloux son compagnon Thibaud et sa soeur Viviane.
Benjamin T. n’a pas su dire non à l’alcool qui lui donne l’impression de noyer son chagrin … Seulement voilà, Benjamin T. est épileptique depuis son enfance et la rechute va lui apporter une surprise de taille : il plonge régulièrement dans une vie antérieure qui s’est déroulée pendant la seconde guerre mondiale !
Catherine Rolland nous fait voyager - avec ravissement - d’un monde à l’autre : notre héros malgré lui aura bien du mal à y voir clair et à faire face à un phénomène aussi perturbant … Pour notre plus grand bonheur d’ailleurs, car enfin, cette lecture est une pure merveille d’originalité et nous captive jusqu’à la dernière ligne ! Bravo et merci pour ce grand moment de plaisir littéraire !
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2018/07/le-cas-singulier-de-benjamin-t-de.html
Benjamin Teillac vit à Lyon, sa femme Sylvie qui le considère comme un raté l'a quittée après quinze ans de vie commune, son fils adolescent s'éloigne de lui. Ambulancier, il risque de perdre son travail car, atteint d'épilepsie, il a caché sa maladie à son patron qui se trouve être le nouveau compagnon de son ex femme... le moins qu'on puisse dire c'est qu'il traverse une mauvaise passe. Heureusement David, son collègue et meilleur ami, est là pour le soutenir. Il est le seul avec Sylvie a être au courant de la maladie de Benjamin, incompatible avec le métier d'ambulancier qu'il aime par dessus tout.
Mais des crises d'épilepsie surviennent de plus en plus souvent. Devenues quasi quotidiennes, Benjamin accepte la proposition de sa neurologue de rentrer dans un essai thérapeutique. Les crises perdurent et s'accompagnent alors d'hallucinations, de visions au cours desquelles il se retrouve dans la peau d'un soldat, 70 ans plus tôt en 1944, en pleine seconde guerre mondiale en Haute-Savoie sur le plateau des Glières. Ce soldat s'appelle Benjamin comme lui et lutte dans la résistance avec son frère Cyrille, un abbé. Benjamin passe alors d'une vie à l'autre, celle de 2016 et celle de 1944. Les scènes dans lesquels il est projeté sont terriblement réalistes... aussi réalistes que celles qu'il vit en 2016. Les frontières entre ces deux mondes finissent par devenir poreuses, entre un monde en guerre dans lequel il est un héros et où il entrevoit un amour possible et un monde en paix où il souffre et est si seul.
Benjamin, comme le lecteur, se pose de multiples questions. Est-il devenu fou? Vit-il une réincarnation? Pourquoi passe-t-il ainsi d'une vie à l'autre? Peut-il choisir de rester dans sa vie de 1944? Benjamin connait l'issue de la guerre, peut-il modifier le passé et ainsi sauver son frère qui vient d'être arrêté?
Catherine Rolland est médecin, ce qui donne une réelle crédibilité à cette plongée au cœur de la maladie épileptique qu'elle nous propose ici, j'ai aimé aussi la façon dont elle parle avec beaucoup de tendresse du métier d'ambulancier.
Les allers-retours permanents entre les deux vies de Benjamin sont très bien maîtrisés, ambulancier à la vie ratée à notre époque et héros de la résistance, chef de réseau, pendant la guerre. Catherine Rolland a accompli l'exploit de mêler ces deux histoires sans jamais nous faire perdre le fil dans une construction parfaitement réussie et un rythme bien tenu. Elle a une capacité incroyable à faire accepter au lecteur le plus cartésien cette double vie et cette oscillation entre deux espaces-temps et a engendrer une multitude de questionnements.
L'écriture précise, juste et dynamique rend très agréable la lecture de ce roman très original au sujet bien risqué. Voilà un roman que j'imaginerai parfaitement adapté au cinéma.
Est-ce que la maladie exclut ?
C’est ce que Benjamin Teillac est en droit de se demander alors que sa vie bascule. Il est épileptique, ses crises surviennent de plus en plus fréquemment, et il devient difficile de la cacher. Jusque-là seuls son meilleur ami, David, et son ex-femme, Sylvie, sont au courant, mais jusque quand cette dernière va conserver le secret ? Après quinze de vie commune, Sylvie lui a préféré son propre patron Haestler. Benjamin craint pour son emploi. Officiellement sa maladie ne peut lui permettre d’exercer son métier d’ambulancier, et Haestler semble vouloir s’en défaire par tous les moyens.
C’est alors que sa neurologue lui propose un nouveau traitement, seule solution qui lui reste pour continuer son métier qu’il aime tant. Après de nombreuses hésitations, Benjamin finit par accepter cette option qui va lui réserver bien des surprises à commencer par l’ouverture vers un monde parallèle. Benjamin devient un personnage de la résistance en 1944.
Avec une belle écriture, très entraînante, Catherine Rolland évoque les affres de l’épilepsie et ses conséquences, mais aussi la force de l’amitié. Elle aborde avec légèreté et talent les questions de cette maladie. Elle associe tour à tour le réel et le rêve et nous démontre la force de résistance du cerveau malgré les nombreuses possibilités de sombrer. A chaque crise Benjamin s’évade en 1944 et devient ce personnage de la résistance. Une seconde vie qui semble tellement vrai que l’on peut se demander s’il l’a vraiment vécu.
Un roman très original qu’on lit avec beaucoup de plaisir !
Une très belle découverte que je vous recommande vivement !
https://lamadeleinedelivres.blogspot.com/
Ben mène une double vie
Victime de crises d’épilepsie qui vont s’accompagner de visions, Benjamin se voit combattre l’armée allemande aux côtés de son frère Cyrille sur le plateau des Glières. Commence alors une double vie, en 1944 et en 2016.
Benjamin Teillac n’est pas vraiment gâté par la vie. Tout avait pourtant bien commencé pour lui. Un travail d’ambulancier qu’il avait toujours rêvé de faire, Sylvie, une belle épouse qui va mettre au monde un fils, des amis… Les choses ont commencé à déraper quand il s’est découvert cocu, sa femme couchant avec Haetsler, son patron. Du coup les relations professionnelles deviennent très tendues. Le divorce est difficile, tout comme ses relations avec son fils: « Lorsqu’il arrivait le vendredi soir, il s’y rendait directement, claquait la porte derrière lui et ne réémergeait brièvement qu’au moment des repas que nous partagions dans un silence presque complet. On dit que lors de la séparation de leurs parents, les gamins se sentent presque toujours obligés de prendre parti. Pierrick avait choisi son camp, et j'aurais probablement dû m’estimer heureux qu’il accepte encore de venir chez moi une semaine sur deux. » Et pour couronner le tout, ses crises d’épilepsie qui ont repris. Des ennuis de santé qui peuvent conduire à un licenciement. Heureusement, son copain David, qui est avec Sylvie le seul dans la confidence, reste à ses côtés.
Et ne va pas tarder à être le témoin de nouvelles crises. Déstabilisé, Benjamin décide d’accepter le nouveau traitement préconisé par sa neurologue, mais ne va pas être soulagé pour autant. Bien au contraire, des hallucinations, des visions commencent par le hanter. Il se voit soudain comme projeté dans un film, se retrouvant aux côtés de résistants retranchés sur le plateau des Glières. Il se voit artificier, chargé de faire sauter un pont au passage de l’armée allemande. L’épisode est d’un réalisme tel qu’il en est tout secoué: « Je n’avais jamais porté d’intérêt à l’histoire, pas plus à la Seconde Guerre mondiale qu’à aucune autre période du passé. Je faisais partie de ces hommes cartésiens pour qui seul le présent comptait (…) mais j'avais pourtant su citer sans hésitation, comme d'un fait connu de toujours, le nom de Tom Morel, héros d’une bataille dont il me semblait n’avoir jamais entendu parler. »
C’est à ce point du roman que Catherine Rolland réussit un premier grand tour de force. On «voit» Benjamin aux côtés de son frère Cyrille, un abbé avec lequel il a rejoint les maquisards. On ressent avec lui l’intensité de ce moment, la peur et l’exaltation. Et si on partage son trouble, on a – tout comme lui – envie d’en savoir davantage, de retrouver ses compagnons et cette femme qui allait s’engager sur le pont à quelques secondes de l’explosion, la belle Mélaine qu’il va sauver et dont il va presque instantanément tomber amoureux. Si, comme le disait le poète Calderon de la Barca, la vie est un songe, alors on a envie de continuer à rêver avec Benjamin: « L’immersion dans le passé, pour le moment, était ma seule façon de supporter assez mon présent pour m’empêcher d’ouvrir le gaz en plein avant de me coller la tête dans le four. Je n’avais plus de travail ni de ressources, ma femme m’avait quitté, mon fils me tournait le dos. (…) Contre toute attente, je me sentais bizarrement serein. Mon seul problème, dont je savais qu’il finirait par se résoudre, était d’éliminer Hitler et de rendre la patrie aux Français. »
Au fur et à mesure des crises, on va passer avec Benjamin d’une époque à l’autre, comprendre que toutes deux sont aussi réalistes l’une que l’autre et, comme les témoins aux côtés de Benjamin, nous dire que tout cela n’est pas possible, que l’on ne saurait se réincarner en héros de guerre – mais comment dans ce cas peut-on se souvenir des noms, des lieux, des personnes – pas plus qu’on ne saurait dans les années quarante connaître l’issue du conflit ou encore parler de produits qui n’ont pas encore été inventés, comme le DVD.
Et c’est là le second tour de force réussi avec brio par Catherine Rolland. Non seulement elle nous emporte par son écriture addictive, mais elle nous entraîne dans les pas de Benjamin à nous poser quelques questions existentielles essentielles: peut-on passer sans encombre d’une vie à l’autre?; Peut-on se perdre en route ou à l’inverse choisir une vie plutôt qu’une autre?; Peut-on ne pas revenir du passé? Et peut-on changer le passé? Car il faut bien que tout cela à quelque chose, à sauver son frère qui vient d’être arrêté et auquel on destine un peloton d’exécution ou à tenir la promesse faite à Mélaine de l’épouser et d’emménager avec elle dans la jolie maison à l’orée du village… Tout le reste est littérature. Un bel hommage à la littérature qui, par la grâce d’une romancière omnisciente, rend vraisemblable l’invraisemblable, rend le temps poreux, brise nos certitudes et nous rend totalement addicts à cette double-histoire, aussi étonnante que vertigineuse.
En refermant le livre, on se dit que notre bonheur de lecture pourrait se doubler du plaisir à découvrir une adaptation cinématographique de cette histoire époustouflante qui offre au cinéaste un formidable registre, de l’histoire d’amour impossible à la tranche de vie sociale, de la fresque historique dans les paysages enneigés du plateau des Glières aux avancées (?) de notre médecine. Sans oublier le tourbillon des émotions qui accompagnent toutes ces séquences.
Catherine Rolland a à la fois profité de son expérience de médecin et de son parcours – originaire de Lyon et vivant aujourd’hui en Suisse – pour construire ce formidable roman qui est, après Éparse de Lisa Balavoine, la seconde belle découverte de cette rentrée 2018. Après plusieurs romans publiés dans des maisons d’édition confidentielles, il me semble qu’elle a trouvé aux Escales l’éditeur qui va lui permettre de percer. C’est tout le mal qu’on lui souhaite! http://urlz.fr/6xxL
Et si ce que nous rêvions était notre vraie vie, à moins que celle-ci ne soit qu'un songe ? Et si nous avions la possibilité, chaque jour, de vivre plus longuement dans nos rêves ?
Le dernier roman de Catherine Rolland gomme les frontières de ces deux états et nous plonge dans un récit fascinant qui m'a complètement embarquée…
Le sujet ?
Benjamin Teillac va mal : sa femme est partie après quinze ans de vie commune, son fils ne veut plus le voir et son boulot d'ambulancier est remis en cause par des crises d'épilepsie de plus en plus rapprochées. Une vraie galère.
Heureusement, son ami de toujours, David est là. Un père pour Ben que ce David : il le surveille, prend soin de lui, l'accueille dans sa maison, lui prépare à manger et le ramasse en miettes dans la rue alors qu'il vient d'être victime d'une nouvelle crise.
Pendant combien de temps Ben va-t-il pouvoir garder le secret ? Si son chef apprend son mal, il est viré. Ce boulot, il l'adore, il aime les contacts qu'il noue avec les malades qu'il transporte. Mais les crises ne préviennent pas : elles sont de plus en plus nombreuses et durent maintenant assez longtemps, suffisamment longtemps pour que Benjamin se mette à vivre... une nouvelle vie.
C'est ainsi qu'il quitte plusieurs fois par semaine les années 2014 pour être propulsé en 1944 en plein maquis ! Là, en Haute-Savoie sur le plateau des Glières, massif des Bornes, il devient alors Benjamin Sachetaz, né en 1909, ayant grandi dans une ferme à Saint-Calixte, et avec son frère Cyrille, un homme d'Église, il s'est engagé dans la Résistance. Étonnant pour un homme qui déclare en 2014 : « Je n'avais jamais porté d'intérêt à l'Histoire, pas plus à la Seconde Guerre mondiale qu'à aucune autre période du passé. Je faisais partie de ces hommes cartésiens pour qui seul le présent comptait. » Et pourtant...
Bien sûr, les réveils sont un peu douloureux et lorsqu'il tente d'expliquer à David ce qui lui arrive, ce dernier perd patience. Benjamin devient-il fou ? D'où viennent ces hallucinations récurrentes ? Peut-on parler de « rêves » ? Sont-ce les effets secondaires des différents traitements ? Jusqu'où tout cela va-t-il mener Ben ? Dans la pire des névroses ?
Dans tous les cas, il faut trouver une solution et rapidement. Le docteur Aubervilliers, neurologue au CHU, va proposer à Ben de tester une nouvelle thérapie. Avec un peu de chance, ce nouveau traitement marchera et le sortira de cette double vie impossible. A moins que…
Je l'avoue, j'ai été complètement happée par ce roman : non seulement, les personnages sont très attachants, notamment ce pauvre Ben dont la double vie devient très vite un enfer mais surtout, les questions existentielles qui sont posées sont, je trouve, assez troublantes : « Si tu devais choisir, est-ce que tu laisserais ta vie, ta femme et ton fils, le confort d'une existence sans guerre et sans le risque de te faire tuer chaque jour que Dieu fait ? Si tu devais choisir entre là-bas et ici, Ben, pour quelle vie opterais-tu ? » lui demande un personnage du roman. Se pose donc la question du sens de la vie et de l'engagement. Qu'est-ce qui vaut la peine d'être vécu, qu'est-ce qui donne de la valeur à notre existence ?
J'ai aussi beaucoup aimé toutes les réflexions qui ont trait à l'Histoire : repartir en arrière avec la connaissance de ce qui va se passer dans l'avenir, c'est évidemment être tenté de vouloir changer le cours des événements. L'on se met soudain à rêver… Et si l'on pouvait modifier le passé, faire en sorte que certains monstres n'arrivent jamais au pouvoir, que certaines guerres n'aient jamais lieu... Moi qui ne suis pas une fana de science-fiction (je n'y comprends généralement pas grand-chose), là, j'ai été captivée par la richesse des problématiques abordées par ce sujet.
Une lecture très plaisante donc et que je recommande vivement !
LIREAULIT, le blog!
Benjamin Teillac, ambulancier à Lyon se retrouve seul. Sa femme l'a quitté pour le patron de la société d'ambulance et son fils ne veut plus le voir. Benjamin accuse le coup et son épilepsie se rappelle à son souvenir. De crise en crise, il risque d'abord de perdre son travail incompatible avec cette maladie et ensuite, il a des visions étranges d'un autre Benjamin vivant en 1944 dans le maquis de Haute Savoie. Pour tenter de guérir, Benjamin accepte un traitement expérimental, mais celui-ci rend ses rêves très réalistes et bientôt Benjamin vit dans deux époques en même temps, dans deux identités différentes. Les nombreux allers-retours l'épuisent et inquiètent son entourage proche.
Divine surprise que ce roman de Catherine Rolland. Je me suis fait happer par ces histoires entremêlées, emmêlées, dans lesquelles je ne me suis jamais perdu, même si parfois, l'auteure change d'époque et de lieu dans un même paragraphe voire dans une même phrase. Exercice pas aisé mené habilement. A peine débuté, je me suis retrouvé dans l'un de ces bouquins où l'histoire à la fois réaliste et irréelle, surnaturelle, accroche et passionne. Difficile de le lâcher tant je voulais connaître tout des personnages et de leurs vies. Catherine Rolland sème dans son texte moult petits détails qui s'avéreront n'en être pas, mais plutôt des indices pour Benjamin, des points de repère, de doutes, de questionnements. Car évidemment, il interroge ce roman : pourquoi Benjamin voyage-t-il dans le temps ? Quels sont les liens, s'il en existe, entre les deux Benjamin ? Peut-on changer le passé sans risque pour l'avenir ?
Catherine Rolland, je l'écrivais plus haut, est habile et maîtrise son sujet. Elle est très agréable à lire et les pages se suivent avidement. Un roman qui ne bouleversera pas la face du monde certes, mais qui remplit tout à fait la glorieuse mission de divertir et passionner. Très convaincant. Franchement, éviter de le snober vous passeriez à côté de très bons moments, notamment pour la partie dans le maquis qui est celle qui m'a le plus touché.
Quand j’ai lu la quatrième de couverture de ce roman, j’ai eu une envie folle de le découvrir mais j’ai eu aussi peur que ce soit un ratage complet. En effet, Catherine Rolland s’est attaquée à un sujet très casse-gueule.
Benjamin Teillac vient d’être quitté par sa femme. Son fils s’éloigne de lui et il risque sa place d’ambulancier où son chef est… le nouveau compagnon de son ex ! Heureusement, il a le soutien de son collègue et meilleur ami David. Cependant, des crises d’épilepsie surviennent. Devenant de plus en plus fréquentes et longues, il finit par consulter une spécialiste. Mais, en plus de l’épilepsie, il a des visions. A chaque crise, il se retrouve dans le corps d’un autre Benjamin, maquisard en Haute-Savoie pendant la Seconde Guerre mondiale. A quel moment s’opère la bascule entre le rêve et la réalité ? Est-on à la limite de la folie ? Peut-on changer son passé ou même de vie ?
Catherine Rolland a réussi l’exploit de faire de ce sujet compliqué un très beau roman que j’ai eu grand plaisir à lire. La construction est remarquable, sans fausse note, d’une solidité à toute épreuve. L’écriture est belle sans en faire trop et très rythmée. Toute roule, tout coule de source.
J’ai beaucoup aimé les réflexions sur l’identité et le travail psychologique des personnages : c’est loin d’être simple à faire. Je trouve juste que le début est un peu long, le temps que le récit prenne forme, mais franchement vu la suite, c’est un détail. Je verrais bien ce récit transposé sur écran, l’intrigue étant suffisamment riche et complexe pour ça.
Vous ne pouvez que passer un bon moment avec ce roman original et divertissant.
Il y a eu la machine à remonter le temps. Avec « Le cas singulier de Benjamin T. » c’est une oscillation de 70 ans, entre le temps d’aujourd’hui et le temps d’hier, entre le temps de la paix et le temps de la guerre. A chaque fois dans l’esprit de Benjamin, le héros de l’histoire, c’est une bataille qu’il affronte : en 2014, celle de son corps, de son mental, en 1944, celle d’une nation.
Benjamin vit sur Lyon, divorcé de Sylvie et père d’un enfant. Sa situation ne tient qu’à un fil. Epileptique il ne peut officiellement plus conduire ; ambulancier, il risque d’être licencié par son patron Haetser, le nouveau compagnon de son ex… Comme équipier il a David, son meilleur et unique ami qui est en couple avec Thibault.
Les soucis augmentent, les crises d’épilepsie suivent, se font de plus en plus fréquentes avec des visions que Benjamin ne peut expliquer. Il finit par accepter d’être cobaye pour un nouveau médicament jugé révolutionnaire par sa neurologue. Mais tout va basculer dans sa tête et va être progressivement plongé en immersion, transporté en 1944 en plein maquis sur le plateau des Glières, dans le massif des Bornes, projeté dans le personnage d’un lieutenant de la résistance aux côtés d’un frère prêtre et de l’un des héros abattu le 10 mars 1944 : Théodose Morel, plus connu sous le nom de Tom Morel.
Mais qui est Benjamin ? Quelle est sa véritable histoire ? Est-il fou comme le prétendent son ex-épouse et les soignants ? Ou bien sont-ce des fantômes du passé qui reviennent dans son subconscient pour donner des explications sur sa vie, sur les choses de la vie ? Les deux vies finissent par s’entrechoquer, se mélanger dans un tourbillon d’événements plus étranges les uns que les autres.
D’où venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous…
Ce récit est un exercice de prestidigitation. Magie de l’écriture, magie de la fiction, magie d’entrecroiser deux époques avec un double personnage que tout oppose : le pleutre Benjamin du XXI° siècle face au vaillant Benjamin du XX°. Avec les aléas pour le lecteur d’être engouffré dans ces fluctuations intemporelles et psychologiques.
Une façon audacieuse, mais aussi délicate, de mettre noir sur blanc les colorimétries grises de l’être humain, de relativiser autant les échecs que les succès et de réfléchir sur les choix de vie et ses conséquences, sur l’acharnement thérapeutique, sur le hasard, les coïncidences ou encore les mystères des songes…
Mais du songe d’une lecture, éveillés vous resterez. La plume est si vivante, si dynamique, si surprenante que vous glisserez sur les pages comme Benjamin a su se mouvoir entre deux époques, entre deux destins, pour atteindre des sommets parfois inconnus…
Quant à la fin, je ne vous dis rien. Vous aurez juste faim d’en connaître plus sur cette auteure qui n’oublie pas le passé pour convertir une réalité en une fantastique excursion cérébrale sur les faiblesses et les richesses de l’espèce humaine. Avec la confusion des sentiments en prime.
http://squirelito.blogspot.fr/2018/02/une-noisette-un-livre-le-cas-singulier.html
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