Dans ce recueil de 13 nouvelles, la jeune autrice mexicaine frappe fort mais juste
En arrivant à bord nous trouvâmes le pilote assis, selon son habitude, au gouvernail, quoique le bâtiment fût à l'ancre, et que par conséquent il n'eût rien à faire à cette place. Au bruit que nous fîmes en remontant à bord, il éleva sa tête au dessus de la cabine et fit signe au capitaine qu'il avait quelque chose à lui dire. Le capitaine, qui partageait la déférence que chacun avait pour Nunzio, passa aussitôt à l'arrière. La conférence dura dix minutes à peu près ; pendant ce temps les matelots de leur côté s'étaient entre eux et formaient un groupe qui paraissait assez préoccupé; nous crûmes qu'il était question de l'aventure de Scylla, et nous ne fîmes pas autrement attention à ces symptômes d'inquiétude.
Au bout de ces dix minutes le capitaine reparut et vint droit à nous.
- Est ce que leurs excellences tiennent toujours à partir demain ? nous demanda t il.
- Mais, oui, si la chose est possible, répondis je.
- C'est que le vieux dit que le temps va changer, et que nous aurons le vent contraire pour sortir du détroit.
- Diable ! fis je, est ce qu'il en est bien sûr ?
- Oh ! dit Pietro, qui s'était approché de nous avec tout l'équipage, si le vieux l'a dit, dame ! c'est l'Évangile. L'atil dit, capitaine ?
- Il l'a dit, répondit gravement celui auquel la question était adressée.
- Ah ! nous avions bien va qu'il y avait quelque chose sous jeu ; 3
il avait la mine toute gendarmée : n'est ce pas, les autres ?
Tout l'équipage fit un signe de tête qui indiquait que, comme
Pietro, chacun avait remarqué la préoccupation du vieux prophète.
- Mais, demandai je, est ce que lorsque ce vent souffle il a
l'habitude de souffler longtemps ?
- Dame ! dit ! le capitaine, huit jours, dix jours ; quelquefois
plus, quelquefois moins.
- Et alors on ne peut pas sortir du détroit ?
- C'est impossible.
- Vers quelle heure le vent soufflera t il ?
- Eh ! vieux ! dit le capitaine.
- Présent, dit Nunzio eu se levant derrière sa cabine.
- Pour quelle heure le vent ?
Nunzio se retourna, consulta jusqu'au plus petit nuage du ciel ;
puis se retournant de notre côté :
- Capitaine, dit il, ce sera pour ce soir, entre huit et neuf heures,
un instant après que le soleil sera couché.
- Ce sera entre huit et neuf heures, répéta le capitaine avec la
même assurance que si c'eût été Matthieu Laensberg ou Nostradamus qui lui eût adressé la réponse qu'il nous transmettait.
- Mais, en ce cas, demandai je, au capitaine, ne pourrait on sortir tout de suite ? nous nous trouverions alors en pleine mer ; et, pourvu que nous arrivions à gagner le Pizzo, c'est tout ce que je demande.
- Si vous le voulez absolument, répondit directement le pilote, on tâchera.
- Eh bien, tâchez donc alors.
- Allons, allons, dit le capitaine : on part ! Chacun à son poste. En un instant, et sans faire une seule observation, tout le monde
fut à la besogne ; l'ancre fut levée, et le bâtiment, tournant lentement son beaupré vers le cap Pelore, commença de se mouvoir sous l'effort de quatre avirons : quant aux voiles, il n'y fallait pas songer, pas un souffle de vent ne traversait.
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