Lorsque Maurice Rollinat (1846-1903) soumit son recueil de poèmes Les Tentations à Alphonse Lemerre en 1871, Anatole France, alors lecteur pour cet éditeur, rendit le verdict suivant : « On y sent un talent poétique étrange, singulier, très réel. Mais l'ordre d'idées dans lequel s'est placé l'auteur rend la publication du livre très périlleuse. L'éditeur, s'il le donne dans son intégrité, aura à craindre le scandale et les poursuites. » Et, de fait, un certain nombre de pièces de Rollinat restèrent inédites et ce malgré la publication des Névroses par Charpentier en 1883 (édition critique au Sandre, 2010). Mais, faute de pouvoir être publiés, certains poèmes érotiques continuèrent à circuler dans son entourage, notamment par la correspondance qu'il entretenait avec ses amis, ou dans les salons parisiens. Après avoir exploré différents fonds d'archives publiques et privées, Claire Le Guillou présente ici une douzaine de pièces poétiques inédites, ainsi que quelques pièces en prose : « Rollinat y met en scène nymphomanie, nécrophilie, urophilie, scatologie, voire pédophilie, avec une prédilection pour un érotisme morbide et macabre, non dénué de voyeurisme. Il n'est guère possible de taxer ces poèmes de célébration du corps et du sexe. Rollinat n'offre pas à son lecteur une volupté légère, heureuse et joyeuse : la Femme, c'est la mort, le vice, celle qui pourrit le monde et le conduit à sa perte. Là, tout n'est que prostitution et syphilis, maladie et dépravation. » Si la lecture de ces poèmes érotiques, sans être une véritable découverte pour les lecteurs de Rollinat, leur permet de plonger plus avant et de manière plus crue dans son univers, la publication de ces poèmes politiques constitue a contrario une vraie révélation. Ces compositions sont intimement liées à la guerre de 1870, confl it auquel participa son frère et qui lui valut d'êt
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