Alice a quatorze ans quand elle est hospitalisée : un premier roman foudroyant
Le bibliomane abhorre la censure, mais il chérit le censeur et ses paradoxes, à qui il doit sa collection de livres interdits comme les plaisirs pervers qu'il y savoure. Les plus grands censeurs se sont révélés être de grands obsédés. Ils ont pris soin, non seulement de mettre en fiches, mais de rassembler et de conserver l'objet de leur fureur. Et même, d'organiser savamment cette étrange collectionnite à l'Enfer de la Bibliothèque Nationale, à la Bibliothèque du Vatican, au Private Case de la British Library, à la réserve de Saint-Pétersbourg, etc. Les vrais pornographes, les factieux, les rebelles, les anti-cléricaux ont vite appris les vertus de la clandestinité : les livres qu'ils ont fait imprimer sont conçus pour dérouter les autorités, prises en la personne de la maréchaussée.
Anecdotes et facéties érudites à l'appui, l'auteur narre le singulier destin de grands iconoclastes, tel qu'Isidore Lisieux, prêtre défroqué devenu éditeur de curiosa. Enfin, il n'ignore pas la censure contemporaine et évoque la condamnation des personnages, l'agitation des ligues de vertu et l'autocensure dont il est lui-même l'instrument.
Dans Le Bonheur de vivre en Enfer, Emmanuel Pierrat privilégie le côté nocturne de ses activités, la bibliophilie licencieuse dans laquelle il reconvertit ses honoraires et droits d'auteur.
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