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Le premier livre de Philippe Rivaud, l'Heure blanche, laissait soupçonner avec une grande finesse les lignes de force de sa création à venir. Dans le Bois l'allumette, il s'attache, avec une patiente obstination, à un travail d'épuration, de resserrement et, pour tout dire, à l'expression d'une parole dépouillée de tout artifice, une manière de construire sa langue poétique en suggérant davantage qu'en donnant les clés de ses énigmes, lesquelles prennent le relais des résonances les plus matérielles. Car l'écriture de Rivaud se situe bien plus du côté du concret, comme le titre de son livre le laisse soupçonner, c'est-à-dire d'une matérialité qui va de l'expérience sensible à l'expression, sans tomber dans l'abstraction minimaliste. L'objectivité lyrique qui se dégage de ces vers libres comme l'air que l'on respire, non sans nous faire éprouver une certaine mélancolie, laisse deviner une sensibilité à vif autant qu'une retenue, quelque chose de lapidaire au coeur d'une langue poétique qui revendique à la fois l'obstacle et les brisures qu'elle produit. Son lexique se compose de mots simples comme jour, contre-jour, ombre, lumière, ciel, terre, etc. Mais c'est aussi dans la proximité de l'oeuvre d'artistes comme Braque ou Brancusi que prend forme cette poésie. Le lecteur ne trouvera ici aucune recherche de l'effet pour l'effet, mais des saisies de l'existence humaine singulières, saisies concises, propres à innerver nos désarrois afin de mieux exprimer une résistance face à la vie telle qu'elle va.
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