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De son écriture imperturbablement habitée par la sensualité des odeurs et de la matière, Laurine Roux, dans L'Autre Moitié du monde, s'éloigne à petits pas des univers oniriques qu'on lui connaissait pour se faire l'archéologue sensible d'une épopée collective qui emporte les individus.
Espagne, début des années 1930. Des paysans s'éreintent dans les rizières du delta de l'Èbre pour le compte de dona Serena, une marquise impitoyable, mère d'un jeune garçon cruel et lubrique. Sous son joug, les employés arrachent les rares joies qu'autorise la fraternité de la misère.
Parmi eux grandit Toya, gamine ensauvagée qui connaît les salines comme sa poche. Quand un instituteur s'installe dans le delta, apportant avec lui ses idéaux révolutionnaires et son amour de la musique, la jeune fille s'éveille aux sentiments en même temps qu'à l'esprit de la révolte. Si bien qu'en 1936, lorsque éclate la Guerre civile, c'est à corps perdu qu'elle se jette dans l'expérience libertaire, avec son lot d'espérances folles et de désenchantements féroces. Sans soupçonner à quel point son destin aura dorénavant partie liée avec l'histoire d'une Espagne que le franquisme s'apprête à faire basculer.
De son écriture imperturbablement habitée par la sensualité des odeurs et de la matière, Laurine Roux, dans
L'Autre Moitié du monde, s'éloigne à petits pas des univers oniriques qu'on lui connaissait pour se faire l'archéologue sensible d'une épopée collective qui emporte les individus.
Auteurs, autrices et libraires, découvrez qui accompagnera le président du jury Jean-Christophe Rufin !
Laurine Roux revient sur "L'autre moitié du monde" mais aussi "Sur l'épaule des géants", son dernier roman
Rendez-vous le jeudi 19 janvier à 19h sur le site « Un endroit où aller »
La romancière a sélectionné pour vous 10 lectures indispensables
Delta de l'Ebre, nom de son fleuve, dans les années 1930 en Espagne. Entre Valencia et Barcelone, le Delta est dans la Catalogne. On peut le comparer à la camargue française avec ses rizières, ses flaments roses et ses observatoires... c'est une réserve naturelle. Très joli site, aujourd'hui encore. Au sein même du Delta, un château avec ses terres. Le livre retrace la vie en 1930, les relations entre les châtelains et les ouvriers des rizières. La position de l'église. L'arrivée des troupes de Franco.
J'étais assise, fière, lors d'une séance de dédicace, à une petite table recouverte de plusieurs exemplaires du roman que j'avais écrit : Nuits glaciales à Arremoulit, dans une petite librairie-troquet d'un petit village, Arudy, dans les Pyrénées qui ne desemplit pas de toute l'après-midi.
La libraire, me tend ce livre et me dit simplement : il va te plaire.
Je pense que j'ai rarement aimé autant lire un livre.
Depuis, je le prête à tout le monde. Et surtout, je le récupère ! J'y tiens !
Espagne des années 30, un petit village du delta de l’Ebre entouré par des rizières. Comme dans toute l’Espagne à cette époque la révolte couve, hommes et femmes exploités et humiliés sont prêts à se battre pour plus de justice.
Pilar , Juan, Toya et tous les autres personnages prennent vie sous la plume de l’auteure qui les rend tellement attachants. Leur existence dépend de la terre, ils font corps avec la nature et Laurine Roux nous conte avec sensualité leur quotidien, leurs espoirs et leur combat pour une vie meilleure.
Tu eres la vida, la otra midad del mundo… quel amour dans ces quelques mots !
J'ai découvert ce livre grâce a son prix littéraire.
J'ai beaucoup aimé le style très fluide et le contexte historique.
Je me suis laissé embarqué dans l'histoire même si bien sur on en connait la fin funeste.
J'ai en revanche regretté l'humour et le ton plus léger de son autre livre "sur l’épaule des geants" qui j'avais adoré, mais peut être que le contexte ne s'y prêtais pas ici.
Un bon livre en tout cas.
Nés de la crise agraire dans un pays resté en marge du développement industriel de l’Europe, grèves et anarchisme secouent l’Espagne depuis longtemps déjà, lorsqu’au début des années trente, l’état d’urgence est décrété, puis le roi forcé à l’exil. Jusqu’ici demeurés à l’écart de l’agitation, les paysans du delta de l’Ebre, au Sud de la Catalogne, continuent encore de subir la férule quasi féodale des Ibáñez, propriétaires omnipotents des rizières. Mais un drame de trop, provoqué par les brutales iniquités de doña Serena, la Marquise, et de son cruel fils Carlos, met le feu aux poudres. Et pendant que la guerre civile finit par s’emparer aussi de ces paisibles lagunes où elle a grandi en sauvageonne, la jeune Toya n’a bientôt plus de cesse que de rejoindre les combattants de la liberté et de venger les siens.
Commencée dans l’innocence au simple rythme des saisons, entre les savoureux fumets dont sa mère emplit les cuisines du château et le bruissement dans la brise saline des épis de riz qui étalent de vastes aplats ocres sous la brûlure d’un soleil ardent, l’enfance de celle que l’on surnomme affectueusement la « pequeña salvaje » se déroule au plus près d’une nature qu’elle absorbe par tous ses pores et dont chaque page du roman exhale les parfums et les couleurs. Avant que l’Histoire et ses soubresauts ne viennent souffler la tempête, c’est donc toute une géographie, qu’en une vivante peinture, la narration se plaît à nous faire ressentir avec la même viscéralité que ses personnages.
Dans ce décor, le temps semble n’avoir aucune prise. Traités comme du bétail par une aristocratie propriétaire de toutes les terres, soutenue par l’Église et proche du pouvoir militaire qui commence à multiplier les tentatives de coup d’État contre la toute jeune République, les paysans vivent quasiment comme les serfs d’autrefois, misérablement exploités et maltraités, sans défense ni droits. Laurine Roux excelle à mettre en scène la morgue et la cruauté des uns, bientôt supplantées par la peur et la violence aveugle, alors qu’harassés et impuissants, les autres subissent en silence, laissant grandir la colère et la haine qu’une étincelle d’espoir, rapportée par l’instituteur et son ami avocat d’une Barcelone en plein affrontement entre nationalistes et républicains, finit par transformer en vague révolutionnaire. Alors, avant qu’une répression sanglante ne s’abatte définitivement sur les insurgés, se déploie le temps compté d’une liberté et d’un espoir de justice sociale, portés par l'anarchisme et par la collectivisation des terres.
Le désenchantement sera à la hauteur du rêve, anéanti par la dictature, les exécutions et l’emprisonnement. Toya, qui aura vu mûrir puis flétrir l’espoir en même temps que l’amour, n’oubliera rien de ses passions et de ses idéaux. Elle en portera éternellement le deuil, sous la forme de ces bouquets d’oeillets sur lesquels s’ouvrent le récit, obstinément déposés au même endroit, en bord de route, en un geste qui la fait passer pour folle.
Un récit magnifique et poignant, où les fantômes de l’Histoire espagnole s’incarnent en quelques personnages forts et inoubliables, au fil d’une narration aux phrases courtes et aiguisées, sans dialogues, dont l’aspect rétrospectif ajoute au sentiment de fatalité tragique. Coup de coeur.
La fierté de ceux qui savent ce qu’ils valent
Je vais commencer cette recension par la fin, parler de cette écriture poétique, sensuelle et réaliste dans un même tourbillon. Laurine Roux a un véritable talent de conteuse qui m’a dissous au fil de cette histoire, totalement engloutie à la dernière page.
Delta de l’Ebre et ses rizières, 1930, les hommes et les femmes vivent courbés.
La famille Vásquez Montalbán, ce sont les parents Pilar et Juan et leur fille Toya la sauvageonne.
Cette dernière a environ une douzaine d’années aux prémices de la guerre civile espagnole et ce rêve des petits de collectiviser les terres en se constituant en syndicat.
C’est une explosion après des années d’esclavage et d’humiliations que leur font subir les châtelains qui les exploitent dont le fils Carlos est le pire, couvé et encensé par sa débile de mère.
Alors que Juan travaille dans les rizières, que Pilar cuisine pour la Marquise, Toya est livrée à elle-même, mais elle est consciente qu’il lui faut apporter son aide, elle connait les marais mieux que quiconque, elle traque le gibier, pêche et récolte tout ce qui peut rapporter de l’argent et améliorer la vie des siens. Un jour Horacio instituteur vient s’installer. Très vite des liens d’amitiés vont naître avec les parents de Toya. Les évènements vont se précipiter et il fera appel à son ami José avocat. Celui-ci va apporter avec lui un vent de liberté. C’est un personnage cocasse, et à la fois attendrissant. Il va trouver en ce lieu et dans ces années la cause de sa vie.
Finalement surgit de nulle part, cet intellectuel va savoir réunir les foules quand il le faudra.
L’auteur nous fait vivre cette révolte de l’intérieur, avec de beaux portraits d’hommes et de femmes, des gens simples qui par la force des choses doivent souvent plier l’échine pour survivre sans pour autant abdiquer leur fierté.
Pilar regarde sa fille en se disant que :
« Les filles sans caractère se font manger. »
Les évènements s’enchaînent de façon inéluctable.
L’histoire est découpée en trois actes, le premier vous broie, vous étrangle d’émotions multiples, vous en sortez essoré comme si vous aviez gravi l’Everest.
A peine le temps de récupérer en faisant connaissance de Luz que l’on dévisse jusqu’au final.
Le lecteur arrive secoué, meurtri jusqu’aux os, l’âme en charpie. Comme ces gens simples, il se ramasse, se rassemble, se redresse et relève la tête.
L’humilité est l’habit traditionnel des gens simples et la fierté en est la parure.
Une histoire brillamment contée, et un Prix Orange flamboyant.
Laurine Roux sait manier la plume, elle est inspirée et sait parfaitement se renouveler en conservant la finesse, la poésie et la sensualité de la nature qui sont sa signature.
Bravo, il me reste Sanctuaire et Sur l’épaule des géants pour savourer cette littérature.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/01/17/lautre-moitie-du-monde/
Coup de coeur pour ce roman de Laurine Roux.un enchantement à partager sans modération.
Espagne des années 1930, dans l'antichambre de la guerre civile qui va déferler sur le pays en 1936.
Une région rurale marquée par des vestiges de féodalité,des paysans dignes,constamment humiliés par ceux du Château, la.
Senora Ibanez et son monstrueux fils Carlos ,travaillent d'arrache-pied dans les rizières du delta de l'Ebre .
Une famille, Juan le père, Pilar la mère cuisinière talentueuse au Château,Toya leur fille.
Arrivent dans le village d'abord un instituteur Horacio, éloquent, sensible à la condition paysanne puis son ami avocat José porteur des idées nouvelles qui vont encourager la mobilisation des habitants pour un monde plus juste.
Avec une écriture magnifique, exigeante, pleine de poésie, Laurine Roux fait vivre dans une nature chaleureuse la tragédie vécue par des personnages attachants ..
au top ce livre d une autrice que j ai hate de découvrir avec cette saga , merci pour ce roman !!!
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