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Alors qu'elle vient d'enterrer sa grand-mère, une jeune fille rencontre Igor. Cet être sauvage et magnétique, presque animal, livre du poisson séché à de vieilles femmes isolées dans la montagne, ultimes témoins d'une guerre qui, cinquante plus tôt, ne laissa aucun homme debout, hormis les « Invisibles », parias d'un monde que traversent les plus curieuses légendes.
Au plus noir du conte, Laurine Roux dit dans ce premier roman le sublime d'une nature souveraine et le merveilleux d'une vie qu'illumine le côtoiement permanent de la mort et de l'amour.
Dans un monde devenu si différent du nôtre, dans lequel le Grand-Oubli est venu soulager la mémoire des survivants après une tragédie innommable.
Une jeune femme tombe amoureuse. Normalité au cœur de l'étrangeté. Car Igor est un homme mais aussi un instinct. Un homme intrinsèquement lié à la nature.
Leur amour va permettre de renouer avec ce passé occulté, va chambouler cette jeune femme mais asseoir aussi autre chose. Une sensation de calme, de continuité, d'apprentissage du présent.
Ce récit est une merveille. Un diamant clair et ciselé, où chaque mot résonne d'une poésie incroyable.
Un conte, un hommage à une nature sauvage et sublime, à la vie et son enchaînement d'amour et de mort, de gaieté et de renoncement.
Ce roman réussit l'équilibre périlleux entre noirceur et espoir, servi par une plume d'une grande beauté.
L'on ressort de ce texte ébloui, relié à quelque chose de plus grand, d'apaisant.
Je n'irais pas plus loin dans ma chronique au risque d'en dire trop mais vraiment c'est un très beau récit, un premier roman de Laurine Roux couronné par le Prix SGDL révélations 2018.
Vous avez dit bizarre ?... Comme c’est bizarre !
Ce roman m’a happé par son immense sensation d’étrangeté.
Un décor d’immensité, un froid sibérien, des hommes et des femmes venues du fond des âges. Entre réel et irréel , le lecteur flotte et se laisse bercé par la voix de la narratrice qui finalement nous narre une histoire d’amour extraordinaire.
Nous sommes à la lisière entre le compréhensible et l’abîme.
La narratrice a tout perdu, elle est seule au monde et décide de suivre la route, tout droit, en espérant qu’elle débouche sur quelque chose.
Mais le froid, l’épuisement ont raison d’elle. Inconsciente elle est recueillie par les frères Illiakov, Pavel, Dimitri et Olga la femme de ce dernier.
Elle est entourée et se remet, elle participe à toutes les tâches quotidiennes.
Un jour, en allant relever les nasses, elle croise Igor.
« Le regard d’Igor abolit mon être. Il m’absorbe et arase tout autre réaction qu’un immense afflux de sang. »
Une nouvelle vie commence. Elle suit Igor. Elle fait des rencontres qui nous permettent de savoir qu’il y a eu une guerre et que tous ont décidé le Grand-Oubli.
La réalité est que beaucoup d’hommes ont été tués, et que ceux qui restent œuvrent à la survie de chacun, en se partageant les travaux, la pêche, la chasse et tout ce qui maintiendra en vie.
Igor est un colosse, très apprécié. La jeune fille trouve vite sa place de compagne.
Mais les légendes courent, la maladie, la famine sont des réalités à combattre sans répit.
Le lecteur va être immergé dans une réalité apocalyptique et ce monde de légendes envoûtant.
Le décor est grandiose, la nature somptueuse, majestueuse et toute puissante, elle est le témoin intemporel de la folie des hommes.
L’écriture de Laurine Roux est hypnotique comme un chant de sirène, le tout pulse en une mélopée singulière.
En entrant dans ce livre votre volonté est abolie et votre âme d’enfant renait, vous êtes dans la nuit à lire sous les couvertures pour vous faire peur.
C’est un roman, dont le lecteur se demande comment une telle histoire est apparue dans la tête de son auteur.
Une lecture déroutante, ensorcelante pour une immense sensation antipodale.
Un premier roman prometteur.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/07/31/une-immense-sensation-de-calme/
Laurine Roux signe un premier roman très bien écrit. Un conte envoûtant qui se déroule dans une nature sauvage qui fascine le lecteur.
Prix Révélation SGDL pour un ouvrage 2018
Je vous conseille aussi son second roman « Le sanctuaire » récompensé par le Grand prix de l'Imaginaire 2021 (Roman Francophone).
Conte poétique et hypnotique
Le deuxième roman de Laurine Roux, Le sanctuaire, est un des rares livres de la rentrée littéraire que j'ai acheté presque dès sa sortie. Conquise par son écriture je m'étais promis de lire son premier roman, Une immense sensation de calme
Ce premier roman est tout simplement envoûtant. Par la beauté pure de l'écriture, par sa force narrative, par l'histoire d'amour absolu, un abandon et une confiance sans limites qui lie la narratrice à Igor, cet homme dont on sait peu de choses, un taiseux dont on n'entendra quasiment jamais la voix, une force de la nature qui semble n'obéir qu'à de puissants instincts. Par la qualité immersive de l'écriture qui vous entraine dans des contrées inhospitalières aux confins d'une humanité ramenée à l'essentiel, la survie en accord avec les cycles de la nature dans une parfaite acceptation des choses...
Je n'ai pas envie de vous raconter quoi que ce soit parce que ce serait vous priver d'une partie de la découverte de ce roman. À l'instar de la narratrice qui sait que certaines de ses questions resteront sans réponses, certaines de vos questions le resteront aussi. Et c'est très bien ainsi...
Ce roman ne se raconte pas, il se vit. C'est à la fois un conte puissant, un récit initiatique, une histoire sombre et lumineuse, parcourue de légendes et de réminiscences d'un passé presque oublié, une histoire de transmission aussi...
Brut, épuré, poétique.
Il vous laissera une immense sensation de calme...
La jeune fille, narratrice de cette histoire, nous apprend dès les premières pages et en quelques mots comment Igor est entré dans sa vie. Elle le rencontre alors qu’elle remonte les nasses au bord du lac Baïkal. Depuis qu’elle est orpheline, elle vit dans une famille de pêcheurs. Mais quand Igor, cet homme sauvage et mystérieux, la choisit, elle accepte sa demande muette
« Igor n’est pas un homme. » … « C’est un animal. J’aurais pu le deviner dès ce premier jour. Tout était déjà inscrit dans ce corps-à-corps avec la roche »
Elle va le suivre, mettre ses pas dans les siens, traversant des contrées enneigées pour vendre le poisson séché aux vieilles isolées.
Nous sommes dans une contrée sauvage de Sibérie dont les habitants survivent en suivant le cycle des saisons et en obéissant aux traditions chamaniques. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi sur ces terres glacées et oubliées. Autrefois était l’ancien monde, jusqu’à l’arrivée des oiseaux de feu. Une guerre apocalyptique a décimé ce monde. Les survivants ont dû se reconstruire et, pour effacer l’horreur, ils refusent d’évoquer cette époque qu’ils nomment « le grand oubli »
« Affronter l’histoire était trop douloureux pour les vieilles. Le silence seul leur servait d’aveu. Il n’y avait pas plus de place pour les regrets que pour la pitié dans leur cœur racorni. Qui aurait pu leur en vouloir ? »
La jeune fille accepte la rudesse de son existence, vivant avec les esprits que sa grand-mère, sa baba, lui a appris à vénérer.
« C’est en m’engouffrant dans les pas d’Igor que le souvenir de Baba a germé dans ma tête. Baba fait partie des morts qui ne me quittent jamais »
Lors de son périple dans ce nouveau monde où l’on doit se battre dans une nature âpre et pour survivre, elle va rencontrer d’étranges personnages, comme l’invisible qui a perdu la vue. Grisha, cette vieille femme qui vit à l’écart parce qu’accusée d’être sorcière alors qu’elle n’est que guérisseuse, va l’initier aux secrets de la filiation d’Igor.
En choisissant de sceller son destin à celui de cet homme rude, à l’instinct animal, la jeune fille entre dans un monde fait de violence et de légendes aux accents chamaniques. Dans cette vie en osmose avec la nature, le destin de la jeune fille se confond avec les vies passées, les légendes et les croyances qui tissent une histoire où la frontière entre réel et merveilleux est si ténue qu’elle se confond parfois.
Laurine Roux sait à merveille mêler le réel et le fantastique et faire naitre une histoire âpre et fascinante qui interroge sur la vie, la mort, où « les hommes sont simplement de passage ».
L’écriture est magnifique qui arrive à transmettre la sensualité, l’éclatement de la vie dans une langue sobre et poétique.
A la lecture de ce court roman, j’ai retrouvé les mêmes sensations que dans « De Pierre et d’os » de Bérengère Cournut. La narratrice est aussi une jeune orpheline du peuple inuit et dont l’histoire oscille entre réalité et rêves chamaniques.
J’ai vraiment aimé ce roman puissant qui nous emporte dans un monde vaste peuplé de mythes où l’homme ne pèse pas grand-chose.
Aux confins de cette région glacée, les rares habitants survivent en s’adaptant à leur sévère environnement. Condamnée à l’errance après la mort de sa grand-mère, la narratrice est recueillie par une famille de pêcheurs et épouse Igor, une force de la nature qui subsiste en colportant des vivres chez les vieilles femmes isolées. Commence alors pour le couple une existence nomade, soumise aux rudesses d’hivers sibériens et aux dangers de fièvres terrassantes, imprégnée d’étranges légendes sur un passé apocalyptique, et menant à la paisible acceptation des inévitables cycles de vie et de mort.
Laurine Roux nous offre un joli conte, où quelques hommes issus d’une Histoire presque oubliée, guerrière et destructrice, qui a fait d’eux des parias isolés dans une nature aussi splendide qu’inhospitalière, reviennent aux valeurs essentielles pour s’accorder à leur environnement et à leur destin de mortels. Laissant une large place à leur cadre de vie, où les beautés et les miracles de la nature n’ont d’équivalents que sa puissance et sa sauvagerie, le récit fait combattre le lecteur aux côtés de personnages en lutte pour leur survie, avant de le faire s’abandonner à leur inéluctable retour au tout originel.
De ce roman-fable aussi tendre que cruel émerge une délicate et poétique esthétique. L’on est tenté d’y voir transparaître le souvenir d’anciens modes de vie, de ces peuples nomades du Grand Nord, en osmose avec leur rude environnement, porteur d’une sagesse ancestrale et d’un savoir chamanique quant à leur bref, souvent éprouvant, mais si magique passage sur terre.
Voici un conte,une fable, dont on ne saurait, comme pour toute histoire teintée de magie, préciser la temporalité, mais après tout qu'importe !
Ce que l'on sait, c'est ce que l'on ressent lorsqu'on l'écoute. Parce que j'ai ressenti cette drôle de sensation d'assister à une veillée, où la transmission orale aujourd'hui disparue occupait toute la place. Et c'était bien !
Au départ, un peu comme s'il était une fois, il y a Elle. Elle que l'on devine jeune fille, brisée par la mort de sa grand-mère, vit au cœur de la Taïga, dans un pays déchiré par une guerre qui a laissé de profondes cicatrices.
C'est dans le silence qu'elle fait la rencontre d'Igor, homme charismatique et mystérieux qui livre des poissons aux vieilles femmes isolées. C'est sans un mot qu'elle va le suivre.
Tous deux vont dès lors déambuler, entourés par une Nature majestueuse et impitoyable, dont la puissance et l'hostilité en font un personnage à part entière du récit.
Histoire sans paroles, Une immense sensation de calme est une ode au silence, au sens, à la transmission, au corps, au désir charnel, à la poésie
Sur fond de légendes, de mythologie (qui sont donc ces Invisibles?), cette histoire est un enchantement absolu , un philtre ensorcelant et envoûtant,à l'écriture magnifiquement musicale. Eros et Thanatos se côtoient et le silence règne en maître absolu, entrecoupé parfois par les paroles imaginées des babas, le crépitement du feu, et le crissement des pas dans la neige.
L'écriture est somptueuse de dénuement, de simplicité, de sensations épidermiques. L'autrice évoque , sans fioritures, le pouvoir des sens, des sensations, l'au-delà, et la puissance de tout ce qui nous dépasse.
«... Je marche et tout mon être dit oui. Oui à ses yeux, oui à ses mains, oui à la surface totale de sa peau, oui à son odeur, à ses gestes. Je me plie indivisiblement à son être, à son passé et à son futur »
Un premier roman poétique, avec une belle écriture. Un conte qui nous entraîne dans la Tonga, en hiver. Grisha, une grand mère qui vit seule, dans une cabane perdue dans la forêt, une espèce gentille sorcière, qui connaît les remèdes aux maux, grâce aux plantes bénéfiques de la forêt et sait cuisiner les poissons.Igor, l'énigmatique amant de Kolia, Kochko, "l'enfant de l'eau trouble et de la montagne, Auguste" une mère poisson, un père montagne. Puis "le grand oubli", une guerre qui a détruit des villages mais aussi laissé des veuves, et des "va au diable", des orphelins. Un conte nordique qui nous transporte. Un très beau texte pour un premier roman
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