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En dépit des apparences, la réflexion sur la littérature n'est pas moins continue ni moins fondamentale chez Malraux que son intérêt pour les arts plastiques. Si l'on en prend la peine, on voit se développer sa cohérence sous-jacente autour de quelques notions clés : le mirage du réalisme («Réalité, en art, ne veut exactement rien dire», Moscou, 1934), la création, la métamorphose, la Bibliothèque - pendant du Musée imaginaire.Le moment est peut-être venu de prendre en considération une conception de l'art ordinairement ramenée à quelques formules et méconnue à force de notoriété. Nous avons plus que jamais besoin d'une réflexion sur l'art et sur la valeur que nous lui attribuons spontanément sans toujours chercher à en préciser la nature. Malraux pourrait être un des poles de cette réflexion par la portée métaphysique qu'il attribue à la création (métaphysique ne veut pas dire spiritualiste, pas plus que l'attention portée à la création n'implique d'élitisme).Pour ce qui est de la littérature, maintenant qu'il est acquis que les sciences humaines peuvent jeter sur les oeuvres des éclairages qui enrichissent notre compréhension, le danger serait de les y réduire. La question se pose désormais pour nous de l'existence d'une valeur proprement esthétique. C'est là que Malraux pourrait se révéler nécessaire à notre débat d'aujourd'hui.
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