"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'ange gardien de Montevideo propose un univers qui s'aventure sur des terrains dangereux comme l'absurde, l'hallucination, ou simplement, le délire. Écrit à la manière d'un journal daté, le roman ne se concentre pas sur un seul personnage. On y trouve la présence récurrente du concierge suppléant (Néstor), et d'un supposé écrivain (l'écrivain du 101) qui s'empare à plusieurs reprises de la voix narrative. L'humiliation du débile est constante. Elle est le centre du roman. Ce débile, Néstor, cette marionnette en bois que certains propriétaires surnomment Pinocchio et d'autres tout simplement « l'idiot » est secrètement un ange novice, né de la douleur du monde pour souffrir, et être puni. On l'accuse de se masturber, d'uriner dans le fauteuil de la réception, de s'endormir au travail. Néstor est l'otage de toute la haine qui parcourt la ville, sans passé ni avenir, atroce « Il est temps de noter dans ce dossier que je vis dans une ville au bord d'un fleuve ; comme le squelette d'une vache qui serait morte de soif avant d'arriver ou bien morte empoisonnée dès la première gorgée. » écrit Polleri. Les dates divisent les épisodes et créent des petites histoires indépendantes les unes des autres, mais reliées entre elles par un fil presque invisible.
Petit texte accompagné de dessins, les dossiers de Néstor, qui flirte avec l'absurde, le surréalisme, l'hallucination, le rêve voire le cauchemar. Chaque chapitre daté est une petite histoire, elles se relient entre elles. Néstor est le bouc émissaire des propriétaires, celui qu'on aime insulter, sur lequel on aime passer ses nerfs, "l'idiot du village» comme l'on trouve dans les histoires, celui qui en l'abaissant permet aux autres de s'élever en théorie au moins :
"Je les entends :
L'endormi, chuchotent-ils
Le bossu.
Le demeuré
La marionnette, crient-ils. Tout ça parce que quand je dors, j'ai l'air d'une marionnette en bois. Nous les Ordinateurs, nous savons que le Paradis sur terre n'existera jamais. Humilier les autres, surtout ceux qui sont sans défense, surtout les concierges, surtout les attardés, c'est le besoin le plus fort de l'espèce humaine. Ils pourraient vivre sans concierge. Ils ne peuvent pas, ne pourront jamais vivre sans les humilier continuellement : l'idiot, le bossu, l'endormi, l'abruti..." (p.22)
Néstor est "un ange novice, né de la douleur du monde pour souffrir et être puni" (4ème de couverture), un ange salvateur qui absorbant les malheurs et la méchanceté des Hommes permet à iceux de vivre sans scrupules et sans remords.
Quatre parties dans ce livre, la première sous forme de journal, la deuxième très courte, intitulée Concours d'opposition est plus dure, assez étonnante, et on revient à une troisième partie-journal, puis à l'ultime, les dessins.
Pas très évident de parler de ce livre, comme souvent chez Christophe Lucquin qui a le don de dénicher des textes originaux, qu'en plus, cette fois-ci il traduit, et bien ficelés. Si vous aimez être surpris, sortir des sentiers battus, laissez-vous faire par Felipe Polleri et par les livres édités dans cette belle "petite maison [qui] deviendra grande" comme le dit lui-même l'éditeur
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