L'immense romancier américain s'est éteint : que lire de Philip Roth ?
À la veille de la retraite, un professeur de lettres classiques, accusé d'avoir tenu des propos racistes, préfère démissionner plutôt que de livrer le secret qui pourrait l'innocenter. Tandis que l'affaire Lewinski défraie les chroniques bien-pensantes, Nathan Zuckerman ouvre le dossier de son voisin Coleman Silk et découvre derrière la vie très rangée de l'ancien doyen un passé inouï, celui d'un homme qui s'est littéralement réinventé, et un présent non moins ravageur : sa liaison avec la sensuelle Faunia, femme de ménage de trente-quatre ans. Après Pastorale américaine et J'ai épousé un communiste, La tache complète la trilogie de Philip Roth sur l'identité de l'individu dans les grands bouleversements de l'Amérique de l'après-guerre, où tout est équivoque et rien n'est sans mélange, car la tache «est en chacun, inhérente, à demeure, constitutive, elle qui préexiste à la désobéissance, qui englobe la désobéissance, défie toute explication, toute compréhension. C'est pourquoi laver cette souillure n'est qu'une plaisanterie de barbare et le fantasme de pureté terrifiant.»
L'immense romancier américain s'est éteint : que lire de Philip Roth ?
Intemporelle, éclectique, de nouveaux titres à découvrir ou de grands classiques à relire
Publié en 2000, "La tâche" est diablement d'actualité.
D'une écriture dense et adoptant un rythme lent, l’auteur laisse ses personnages se chercher, se croiser et se perdent.
Il est question d'un secret fondateur qui marquera le personnage principal toute sa vie ; il ne pourra jamais s'en défaire.
Il aborde ainsi de nombreux thèmes : l'identité, les fausses accusations, le tribunal populaire, le wokisme, la guerre du Vietnam ou le féminisme.
Vont s'enchainer les trahisons, le manque de courage ou la bien-pensance.
Il y a quelques petites digressions et longueurs qui n’enlèvent rien à la force du récit.
Un roman qui se mérite et d'une grande profondeur.
L'année 1998 restera dans les annales de la bêtise, le niveau zéro du ridicule.
Rappelez vous Bill et Monica, lui président des Etats-Unis elle stagiaire à la maison blanche. la fameuse tache sur la robe de Monica, le parjure qui faillit mettre fin au mandat présidentiel de Bill Clinton.
Le parcours de Coleman Silk, doyen de l'université d'Athéna, enseignant les lettres classiques, proche de la retraite et qui pour un malheureux mot sorti de son contexte va être accusé de racisme.
Devant la honte et le peu de soutien de ces collègues Coleman va démissionner et s'enfermer dans la solitude et l'affirmation que sa femme Iris morte au moment du scandale a été assassinée par la rumeur.
Sa liaison avec Faunia, plus jeune de trente ans va aggravé le scandale.
Le narrateur Nathan Zuckerman, écrivain et nouvel ami de Coleman va à sa demande écrire un livre sur l'affaire.
les nombreux flash-back nous font découvrir la jeunesse de Coleman ses passions mais aussi son secret, secret inavouable qui même après sa mort sera une bombe à retardement pour ses enfants.
Ce roman, dernier opus de la trilogie, véritable brulot de la société américaine où la rumeur la jalousie et la pudibonderie mènent la danse.
cet excellent roman prix Médicis étranger 2002 m'a fait découvrir un écrivain de grand talent mon premier roman de Philip Roth et pas le dernier.
Un cinq étoile n'est pas exagéré.
Le narrateur est écrivain, c'est à ce titre que son voisin Coleman Silk vient le solliciter. Cet universitaire en lettres classiques a perdu sa femme. Il cherche à raconter son histoire dans un livre qu'il voudrait intituler "Zombie". En effet, il a été renvoyé de son université après avoir été accusé de racisme par l'usage d'un mot Zombie qu'il souhaitait utiliser dans son acception littérale pourtant il est accusé de racisme par le fait que dans l'ancien américain, ce mot est utilisé pour dévalorisé 'les noirs".
Ceci n'est que le prétexte pour revisiter l'intégralité de la vie de cet universitaire, de l'enfance, à sa confrontation familiale, amoureuse, professionnelle. Nous visiterons également le parcours de chaque protagoniste.
Difficile d'aller plus loin sans risquer de spoiler ce livre.
J'avoue avoir été bluffée par la construction subtile de ce texte. A chaque certitude vient se déposer un contre pied, qui se glisse avec plus ou moins de délais, d'épaisseur. L'écriture constitue réellement un travail de dentellière ou d'orfèvre.
Le travail de traduction me semble avoir été très bien réalisé par Josée Kamoun.
J'ai passé un très bon moment et j'ai été bousculée dans mes certitudes et j'aime vraiment ça quand c'est aussi bien fait ! S'il m'a manqué un petit quelque chose c'est peut-être quelques points complémentaires quant à la personnalité de Faunia, cela constitue surement un excès de gourmandise de ma part.
Je reviendrais sans aucun doute vers d'autres livres de Philip Roth.
Nous sommes aux Etats Unis en 1998 alors qu’éclate le scandale « Monica Lewinsky ».
Coleman Silk vient trouver son proche voisin l’écrivain Nathan Zuckerman et lui demande d’écrire son histoire car sa femme vient de mourir, minée par une cabale montée contre lui.
Coleman Silk, professeur de lettres classiques et ancien doyen de l’Université d’Athena a redonné du lustre à cette Université à coups de réformes pas toujours appréciées de ses collègues. A quelques années de la retraite, il décide de reprendre son poste d’enseignant et se trouve accusé de racisme par deux étudiants afro américains qu’il n’a jamais vu dans son cours, qu’il ne connait absolument pas et, par conséquent, dont il ne sait pas la couleur de peau. Suite à cette accusation infondée et aberrante qui n’est qu’une belle farce, il décide de démissionner, poussé en cela par l’attitude de Delphine Roux, directrice du département des lettres classiques qu’il avait lui-même engagée quelques années plus tôt. Il passe les deux années suivantes à remâcher sa rancœur et sa haine envers cette Université et ses collègues qui ne l’ont pas soutenu, quand sa femme décède subitement. Pour lui, c’est comme si l’Université l’avait assassinée. C’est là qu’il demande à Nathan Zuckerman décrire son histoire. Il arrive chez Nathan, non pas en homme détruit mais en homme comblé. Il a retrouvé sa joie de vivre auprès d’une jeune femme de ménage de quarante ans sa cadette, mais là encore, la calomnie n’est jamais loin et il reçoit une lettre anonyme , qu’il sait émaner de Delphine Roux, dénonçant cette relation où la jeune femme, prétendument illettrée ne peut être que sous l’emprise de ce professeur émérite qui a l’âge d’être son grand père. Cette femme, Faunia fuit Lester son ex-mari violent, obsédé par la vengeance et le meurtre, revenu traumatisé du Vietnam.
Philip ROTH a planté le décor, tous les protagonistes de ce drame à venir que je ne veux pas spolier vont s’entrecroiser. Il va, par de nombreuses passerelles temporelles, revenir sur l’histoire personnelle de chacun des acteurs de ce récit. On découvrira ainsi que le respecté professeur Coleman Silk , à la vie bien rangée, n’est pas si lisse que cela et dissimile un lourd secret, que chacun des protagonistes de ce drame a également sa part d’ombre. Tous ces destins torturés vont s’entrechoquer jusqu’au dénouement final , révélé pratiquement au début du récit et qui se construit au fil des pages.
Pour écrire ce livre, Philip Roth s’est inspiré d’une « chasse aux sorcières » dont fut victime son ami Melvin Tumin, professeur de sociologie à l’Université de Princeton, qui, tout comme le personnage de Coleman Silk, a dû se défendre de toute intention raciste sur l’interprétation d’un terme employé à propos de deux étudiants afro américains absentéistes.
Avec ce roman brutal et subtil, Philip Roth travaille sur l’identité de l’individu dans les grands bouleversements de l’Amérique d’après-guerre.
Nous traversons avec lui la guerre du Vietnam mais nous voyons surtout le sort réservé à ces jeunes revenus traumatisés, abandonnés à leur sort par le gouvernement, qui ne trouvent plus leur place dans la société, nous assistons à la fin de la ségrégation dans l’enseignement pour les professeurs et les étudiants de couleur et enfin nous découvrons l’Amérique des années Clinton.
Professeur de lettres classiques, doyen de l’université d’Athéna, Coleman Silk est accusé d’avoir tenu des propos racistes : deux de ses étudiants étant absents, il a demandé à l’assemblée s’ils étaient des « zombies » , des « fantômes ». Or, le mot « spook » signifie aussi « bougnoule » ou « bamboula »… Et c’est là que le bât blesse. Parce que les deux étudiants en question sont afro-américains. Et ça, Coleman ne le savait pas : il ne les avait jamais vus. On est en 1998, dans une université américaine au moment de la période d’impeachment du président Bill Clinton en pleine affaire Lewinsky. Coleman a beau tenter de se défendre, il doit démissionner. Et sa femme, Iris, supportant mal la honte et le déshonneur qui pèsent sur son mari, tombe malade et meurt. Coleman se retrouve seul.
Et pourtant...
Si chacun des protagonistes de cette histoire avait su qui était Coleman Silk et quels étaient son histoire, son passé, son secret, les choses n’auraient pas pris cette tournure…
Pour moi, ce livre a toutes les caractéristiques du chef-d’oeuvre absolu, oui, et je pèse mes mots. Tout d’abord parce qu’il a une dimension mythique. « La Tache » est une tragédie grecque et le héros, Coleman, un homme qui, comme Oedipe, tente de fuir son destin pour être libre.
Mais on n’échappe pas à son destin : celui-ci le rattrape au moment où le protagoniste s’y attendait certainement le moins. (Je ne veux pas « spoiler » l’effet de surprise, je ne vous en dis pas plus...) C’est un grand livre aussi parce que les personnages (principaux et secondaires) sont complexes, très humains, tout en nuances et en contradictions. Roth pose vraiment ici la question de l’identité, de ce qui fait un individu. Qui est Coleman Silk dans le fond ? Qui peut répondre à cette question sans se tromper ?
Ce que j’ai aimé aussi, c’est l’acuité de Philip Roth, sa finesse d’analyse, la façon dont il décrit l’Amérique moderne : la détresse des anciens du Vietnam dont plus personne ne s’occupe, le ridicule absolu de l’affaire Lewinski qui passionne tout le monde, le niveau pitoyable de l’enseignement aux États-Unis où l’on multiplie les cours de rattrapage pour des étudiants totalement incultes et le fin du fin ? la médiocrité des universités où l’étude d’Euripide ne peut s’envisager que d’un point de vue féministe... Un pays bien-pensant, étouffant, pudibond et hypocrite. Roth règle des comptes au conformisme , au puritanisme et à l’intolérance. Ce livre est un brûlot contre l’Amérique, un réquisitoire contre le « politiquement correct ».
Et puis, Roth est un vrai romancier : on est ferré, on ne lâche plus le bouquin, les grandes scènes fascinent par leur précision et leur originalité. Je suis bluffée. Mais pourquoi ai-je attendu aussi longtemps pour lire Roth ? Pourquoi ?
Un texte magistral vraiment fascinant, puissant, inépuisable, dont, bien sûr, je vous recommande très vivement la lecture.
LIRE AU LIT http://lireaulit.blogspot.fr/
1998
La presse internationale s'empare de la vie privée et sexuelle du Président Clinton.
Monica Lewinski, dans les consciences et les fantasmes, restera à genoux sous le bureau ovale pour toujours.
En parallèle, à une échelle moindre, un professeur d'université est accusé de propos racistes. Échelle moindre, pourtant lorsqu'elle s'abat, elle écrase tout aussi bien...
Nathan Zuckerman, écrivain, se lié d'amitié avec cet homme. Coleman Silk. Qui a préféré démissionner que d'avouer son secret. le sang noir qui coule dans ses veines. Sa femme, qui vient de mourir, l'ignorait. Ses enfants l'ignorent. A quel sacrifice Coleman a-t-il consenti pour "devenir blanc" ?
Nous voici embarqués dans son passé. Ses renoncements. Son désir de s'affranchir des règles ségrégationnistes. Parce que sa peau claire ne lui suffit pas pour être libre.
Mais les choses ne s'arrêtent pas là.
Le voici lancé à coeur perdu dans une relation avec une femme de 34 ans, quand lui-même en a 71. Une femme de ménage. Une femme qui se prétend illettrée, abusée autrefois par son beau-père. Avec le poids de ses deux enfants morts. Et un ex-mari, vétéran du Viet-Nam, qui la talonne.
Relation qui tournera évidemment à son desavantage. de raciste à misogyne, manipulateur, abus de faiblesse, il n'y a qu'un pas...
Des portraits exécutés à la lame, tranchants, exigeants. Un roman brutal, aux prises avec le puritanisme excessif, hypocrite, d'un pays dont le procès se joue sur la scène publique et non pas dans un tribunal.
Du grand Philip Roth.
Sur ma sélection celui fait froid dans le dos mais à decouvrir unehistoire palpitante à lire
Ce livre est plein de surprises et de rebondissements. Comment mentir, renier sa famille pour faire face à cette ségrégation raciale ne permettant pas au héros d'accomplir ses rêves et voir qu'au bout du compte tout s'effondre.
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