Voici un chemin de croix bien singulier, qui se "hâte lentement" d'une station à l'autre, sous la plume d'un visionnaire érudit et fort persécuté. Au fil d'un séjour contraint en clinique, le regard impitoyable d'Antoine Abbet traque le détail incongru, dévoile les pièges dans lesquels il se croit précipité, démasque je ne sais quelles machinations, éveille à distance les canards plongés dans leur torpeur légère... A l'angoisse qui exsude ici et là s'oppose l'humour bon enfant et parfois rabelaisien de l'auteur. Une prose hantée, taillée au rasoir, réveille les fantômes du passé, en laissant chanter au passage les sabirs de l'arabe dialectal, de l'espagnol ou du romanche. Et cette chronique d'un transfert annoncé, tourmenté immobile, débouche sur le mystère de la dernière station. Inch'Allah, pardieu! comme dit le narrateur.
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