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Le fil, c'est un début et une fin.
Tout l'art de la dentellière consiste à masquer l'origine des fils et leur fin. Elle camoufle, élimine les " coutures ". Alors la dentelle devient fil unique, mis en boucle sur lui-même comme un " noeud " de Moebius. La dentelle nous parle de l'infini, elle qui réclame pour sa création des durées inouïes. La tête dans les fils, obnubilée par ma tâche, j'ai parfois vécu la réalisation d'une dentelle comme dans une bulle.
Une éternité suspendue. Un certain éventail a représenté 1 200 heures de travail. Et puis, soudain, j'ai mis le nez à la fenêtre : les feuilles sur les arbres me disaient que le printemps était là - quatre mois s'étaient écoulés sans que je m'en aperçoive. Je suis toujours prise au dépourvu. Quand je fais de la dentelle, le temps ne passe pas. A la fin d'une pièce, le charme se rompt, et je retourne au monde.
Tous ces fils me tiennent autant que je les tiens. Est-ce le fil qui me suit ou moi qui suis le fil ?
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