« J'ai jeté un pont entre le jour et la nuit. Ce pont, symbole d'amour et d'harmonie, ce pont qui évoque le baiser, qui pousse l'orient vers l'occident, me paraît comme le Christ qui ouvre à l'homme la porte menant à Dieu.
J'ai jeté entre le jour et la nuit un pont qui me fait comprendre mon propre mystère, l'énigme de mes douleurs.
Ce pont me permet de reprendre possession de moi-même. Il me donne à sentir, ce que je redoutais dans le serrement de la gorge. C'est lui qui élargit ma conscience. Qui la rend capable d'accueillir la pure lumière de l'émotion et du sentiment.
Grâce à ce pont, la nuit, tout comme les cordes du violon, devient sensible aux caresses du jour. Grâce à ce pont, l'ombre et la lumière s'interpellent sans cesse pour mettre en commun leur secret. Grâce à ce pont, je connais une véritable croissance spirituelle, et je marche sans crainte dans la sombre vallée des malheurs humains.
J'ai jeté entre le jour et la nuit un pont qui me donne à prendre conscience de mes désirs pour les confronter par la suite aux nécessités morales.
Pour l'humain fatigué, perdu dans l'ignorance de son rôle, abandonné au tourbillon, au flux et au reflux des pensées, devant les malheurs d'une vie qui culbute sans cesse, il ne reste plus qu'un seul chemin, celui du retour vers la nuit, vers ce moi sombre et profond, source de joie, de paix et de lumière. »
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