"La naissance d'un père" est un roman-récit inclassable et bouleversant
« La paternite´ est la grande affaire de ma vie adulte. Elle a occupe´ une large partie de mon temps. Mon premier enfant est ne´ quand j'avais vingt-cinq ans ; mon cinquie`me quand j'en avais quarante-deux. Quatre garc¸ons, une fille. De deux me`res diffe´rentes.
J'ai attendu que le cycle des naissances s'ache`ve pour raconter cette expe´rience. J'en ressentais le de´sir depuis longtemps. Les romanciers, les intellectuels, s'ils e´voquent souvent leurs pe`res, restent tre`s discrets sur leur propre paternite´. En un sens, je les comprends. E´crire sur ses enfants, c'est prendre le risque de la partialite´. Et puis, comment alimenter le romanesque avec des petits pots ?
A` mesure que j'avanc¸ais dans l'e´criture, j'ai pourtant eu la sensation de relater une e´pope´e. Dans les romans de chevalerie, il y a des duels, des moments lumineux et violents ou` l'on joue sa peau - comme lors d'un accouchement. Il y a des e´preuves aussi - et s'occuper de ses enfants, c'est en affronter sans cesse. Il faut e´carter les dangers autour d'eux, en trac¸ant une route.
Si la filiation est une expe´rience e´pique, c'est encore qu'elle nous confronte a` notre propre mort. Nos enfants sont ce que nous laissons sur Terre apre`s nous. Dans la logique des choses, ils se trouveront re´unis autour de notre cercueil. Mais cela n'a rien de triste. A` mesure que nous vieillissons, nous transfe´rons sur eux notre amour de la vie. » A. L.
"La naissance d'un père" est un roman-récit inclassable et bouleversant
L'originalité de ce livre, revendiquée par Alexandre Lacroix lui-même, réside dans la position de l'auteur qui cherche à comprendre et à raconter comment un homme devient père. Beaucoup de livres ont été écrits à propos des relations que des fils ou des filles ont entretenu avec leur père. Autant ont abordé le rôle du père dans le ménage, la position de la mère face à l'homme de la maison. Mais l'auteur estime être le premier à avoir abordé l'expérience du devenir père, racontée par l'expérimentateur lui-même. Sur ce point, je ne serais pas aussi confiant que lui. Robinson, par Laurent Demoulin chez Gallimard(2016) en est un exemple. Cela ne range pas, pour autant, ‘La naissance d'un père' au rayon des livres inutiles.
Ce livre, en effet est très abordable et néanmoins sérieux. Ecrit par un philosophe qui a l'expérience du terrain puisqu'il a eu cinq enfants, ce titre nous invite à nous souvenir des petits bonheurs qu'on a pu vivre en essayant d'éduquer au mieux nos enfants. Par petits flashs, séquences parfois burlesques et souvent très tendres, il veut nous démontrer comment un homme devient peu à peu père et la sagesse à laquelle les enfants nous invitent lorsqu'on observe leurs centres d'intérêt et leur faculté à s'émerveiller de tout apprentissage.
Citation:
Je comprenais que les enfants, lorsque nous passons vraiment du temps avec eux, nous rendent le monde une seconde fois. Par empathie, immergés dans leurs impressions, nous nous mettons à redécouvrir des merveilles du quotidien. Un camion poubelles en tournée ou une tractopelle creusant une tranchée vers une canalisation sont, pour un très jeune enfant, des sujets d'étonnement d'admiration.
Loin d'être un catalogue de conseils, prétendus bons par l'auteur, ou d'un fourre-tout d'injonctions paradoxales et de principes cinglants, ce livre est aussi témoin d'un regard moqueur sur la vie d'un père, et plus encore sur celle d'un père de famille nombreuse.
Citation:
Passer de trois à quatre enfants dans une même famille, c'est franchir un cap. Rien n'est plus à vos dimensions. Vous ne pouvez plus monter dans un taxi. Impossible de demander à votre tante ou votre cousin de venir vous chercher à la gare. Les voitures normales sont conçues pour cinq personnes maximum. Quand vous entrez dans une rame de métro, vous ne tenez plus sur un carré de banquettes. Au restaurant, même s'il y a de la place, le serveur doit bouger des tables pour vous installer. Et quand vous allez chez des amis, même s'ils ont une grande maison, vous êtes encombrants. Avec trois enfants, ça passe encore. Mais lorsque vous arrivez à six dans un salon, il y a intrusion, presqu'effraction.
En le lisant et se reconnaissant dans la bonne volonté parfois décalée du père à enseigner au fiston les subtilités de vocabulaire dans notre belle langue française, on se dit que Raymond Devos aurait certes pu préfacer cet ouvrage. Ce qui e veut pas dire qu'après avoir lu, nous nous sentirons plus fort pour expliquer « comment est-ce qu'on parle par devant chez nous ! »
Citation:
Puis il finissait par s'exclamer : « Pour toi ! »
- Oui, c'est la tartine de papa. A la confiture de fraises. Tu en veux une aussi ?
- Une pour toi.
- Attention Giacomo, quand tu parles de toi, tu dois dire « moi ». « Je veux une tartine pour moi ». Ou « Donnez-moi une tartine ». Tu comprends ?
- Non pour toi. Toi aime la confiture.
- Je sais, c'est bizarre mon lapin, disais-je en commençant à lui étaler du beurre sur une tranche de pain. Mais le « toi » devient « moi » quand c'est toi qui parles. Par exemple, si je dis « C'est pour toi, Giacomo », toi tu me réponds : « Oui papa, une tartine pour moi ». Tu es un « toi » pour moi et un « moi » pour toi ».
- « Une tartine veux ! » criait-il en se demandant si je n'étais pas en train de l'embrouiller.
- Pour simplifier, tu peux aussi dire, ajoutais-je en lui montrant le petit carré de pain qui luisait de beurre et de confiture : « Cette tartine est pour Giacomo ».
- Non, Giacomo, c'est toi !
- D'accord, t'as gagné, t'es le plus fort. Régale-toi mon champion.
Cela étant dit, de manière très anecdotique, heureusement, l'auteur ne peut s'empêcher d'égratigner ses semblables par des attaques qui, finalement n'apportent aucune valeur ajoutée au récit. Affaire d'ego ? Probablement. Il a sans doute beaucoup à apprendre des jeux innocents des enfants dont il se dit un observateur assidu. Mais, le rôle de père n'efface pas toute envie d'être aussi le coq ! Alors donc, pourquoi rappeler, qu'en son temps, Marguerite Duras, dans un article qu'elle signe le 17 juillet 1985 dans Libération, a manqué de lucidité en désignant la mère comme celle qui ne pouvait qu'être la seule coupable dans la sombre affaire du petit Gregory ? Et même si cette erreur de positionnement de Duras peut s'entendre, pourquoi souligner que c'était l'été, que donc les gosiers devaient être secs et que …
Citation:
« Duras tournait en ces temps-là à cinq ou même sept litres de vins par jour. Il lui arrivait de mettre son
Dans un roman autobiographique, le philosophe Alexandre Lacroix raconte son expérience de père de cinq enfants et décrit ce quotidien comme une épopée. C’est fantastique de découvrir ce rapport du masculin à la paternité aussi investie. Et c’est une leçon car de nombreuses similitudes existent avec les récits de mère de famille nombreuses...Ce qui est inédit ce?est d’oser parler de son rapport au monde, de son image d’hommes sans cesse renouvelée à chaque naissance. Le poids de la société sur ce qui est attendu du père est très présent. Mais la démarche d’Alexandre Lacroix dans ce récit est bien de faire évoluer les mentalités par les faits. Chaque naissance induit un nouveau positionnement et de nouveaux émerveillements...ce récit est un exemple des expériences individuelles si vite gommées par le poids de la représentation des familles nombreuses. Un livre inédit à découvrir absolument
Le sujet de ce roman est intemporel puisqu'il aborde la paternité.
Alexandre Lacroix nous livre son expérience de père qui a vu naître et grandir ses 5 enfants.
Rentrer dans l'intimité du père, celui qui a engendré et qu'on appelle plus généralement le père de famille est un thème qui m'intéresse.
D'autant que, comme le dit l'auteur, peu de romanciers ou intellectuels évoquent leur paternité.
C'est pourquoi je suis partie très enthousiaste et curieuse à l'idée de lire ce roman qui ne manque pas de tendresse, d'esprit et de drôlerie.
J'avoue avoir été soulagée lorsque page 195 l'auteur nous dit que " La naissance de Lucrezia est la dernière que je raconterai ici - je n'irai pas jusqu'à cinq."
Cela m'a semblé tout à fait raisonnable !
J'ai apprécié la franchise de l'auteur, sa facilité à abandonner toute pudeur.
J'avoue avoir été émue par des situations décrites, lorsque l'enfance rime avec l'émerveillement, la spontanéité et l' innocence.
Cependant, le sujet a beau être universel, je ne me suis pas du tout identifiée par ce modèle de vie de famille, peut-être parce que j'habite en province.
J'ai trouvé un côté snob à Alexandre Lacroix, comme le dit d'ailleurs, à juste titre son épouse, Giulia.
De plus, il y a beaucoup trop d'incohérences dans les descriptions.
Je n'adhère pas, par exemple, à la scène de l'incendie dans la cage d'escalier de l'immeuble d'habitation.
Le père de famille reste dans son appartement, suivant les conseils des pompiers, et s'endort paisiblement entouré de sa tribu pendant l'incendie.
Je n'ai pas aimé non plus le rapport entretenu par l'auteur avec l'alcool : il veille son enfant hospitalisé en buvant une bouteille de vin ; il conduit ivre avec femme et enfants dans sa voiture.
Et dans le même temps, il critique sévèrement Renaud et Marguerite Duras pour leur dépendance à l'alcool.
Le but est-il d'écrire un témoignage comme thérapie ? celle qui fait du bien à celui qui écrit mais pas forcément à son lecteur.
Il y a certaines lectures qu'il n'est pas nécessaire de publier. Un partage au sein de sa famille est suffisant pour leur dire tout l'amour qu'on leur porte.
Alexandre Lacroix a eu du mal à conclure, il semblait s'essouffler à la fin de son récit.
J'ai eu malheureusement le même sentiment.
Alexandre Lacroix a décidé d'écrire un livre centré sur la paternité, pas simplement un récit autobiographique et ce pari est réussi ! Ce roman, sous forme de chapitres courts, tous centrés sur un épisode particulier, m'a passionnée : l'auteur est de toute évidence sincère et nous livre aussi bien ses réussites que ses échecs, ses difficultés et errances.
Ce texte fort, ancré dans le réel, dans l'expérience, et non dans la connaissance ou la réflexion abstraite, m'a offert une vision extrêmement intéressante de la paternité.
En effet, en tant que maman, mes souvenirs sont, somme toute, centrés sur ce que j'ai ressenti en tant que femme et ce point de vue autre m'a enchantée.
Qui n'a un jour rêvé d'inverser les rôles, comme dans certains films par exemple, pour être dans la peau de l'autre et voir "comment ça fait" ?
"Comment ça fait" d'être père ? Bien sûr un père aimant, attentif, désireux de bien faire, même maladroitement, même timidement ? On dirait bien que ce n'est pas si différent que d'être une mère dans le même cas. Je me suis reconnue dans certaines décisions, réflexions, envies d'avenir pour mon fils.
Nos enfants partagent les gènes de leurs parents à parts égales, mais également les mêmes alarmes, soucis et joies. Les papas aussi veillent, saignent et s'émerveillent. Ils sont, comme nous, mamans, viscéralement attachés à leur nourrisson, puis à la personne qui se construit avec eux, contre eux, grâce à eux. Comme nous, ils sont les preux chevaliers de leur lignage, repoussant farouchement les dangers, aimant leurs petits de toutes leurs forces, pratiquant sur eux, finalement, une sorte d'adoubement de la vie, leur transmettant valeurs et amour de l'existence, jusqu'à l'inévitable fin.
Et ils ont aussi à composer avec le rôle qu'on attend d'eux, la place qu'on leur assigne.
Oui, une épopée, vraiment, un très beau rappel, voire une superbe découverte auxquels l'auteur nous convie.
Son texte se lit d'une traite, nous bouleverse, nous fait réfléchir et sourire, et nous aide à affiner le sens de notre présence sur Terre, qu'inlassablement nous cherchons à déchiffrer.
Un ouvrage inclassable (roman/autobiographie/document) et touchant, à dévorer sans hésiter.
Explorateurs RENTRÉE LITTÉRAIRE 2020 :
Alexandre Lacroix a déjà un beau palmarès dans l’édition : des romans, des essais et même des albums jeunesse. De plus, il est rédacteur en chef de Philosophie Magazine et cofondateur de l’école d’écriture Les Mots.
Alors, quand il se lance dans La Naissance d’un père, il prend un risque puisque le père en question, c’est lui. Le livre étant annoncé comme roman, je ne sais faire la part du réel et du romancé au cours de ces 460 pages. Malgré tout, je pense que la réalité l’emporte sur la fiction, un savant dosage des deux qui donne un livre agréable à lire, d’une écriture soignée, et riche en anecdotes, qu’elles soient prises dans la vie familiale ou non.
L’auteur divise son livre en trois grandes parties, aux titres un peu énigmatiques : Un, Trois et Cinq. Ces chiffres sont calqués sur le nombre de ses enfants pour la période concernée. Il m’a emmené d’abord en Avignon avec Mathilde qui lui donne Bastien, le même jeune homme qui clôturera le livre. Puis, c’est Paris où Giulia met au monde Andreano, Lucrezia et Giacomo (Trois) et enfin Pietro (Cinq).
Tout ce qui est écrit semble vécu, présenté avec de savoureuses descriptions détaillées sans concession, avec un goût un peu vachard pour croquer les personnes rencontrées. Alexandre Lacroix ose raconter ce que les hommes préfèrent écarter, ne pas évoquer : l’accouchement, les soins apportés au bébé, les couches, les nuits hachées, les soucis permanents du quotidien, la vie quoi.
J’ai lu tout cela avec parfois un sourire dubitatif aux lèvres car je suis grand-père – je préfère entendre papi – de quatre formidables petits-enfants qui nous ont été donnés par nos deux fils et leurs compagnes. Pour moi, ces bébés nés au cours des premières années du XXIe siècle, ont été une émouvante et extraordinaire révision des années vécues comme père et j’ai apprécié la lecture d’un livre qui présente finalement une grande famille intercalée entre les deux périodes que j’ai eu la chance de vivre avec des enfants en bas âge.
Alexandre Lacroix ne se prive pas de donner son avis sur quantité de sujets au passage, au fil des séquences de vie. Je sais qu’il n’apprécie ni Renaud, ni Carlos mais j’aurais aimé qu’il parle des chanteurs qu’il aime.
L’Italie est de plus en plus présente au fil des pages car Giulia est Italienne et les prénoms de ses quatre enfants l’attestent. Séquences éducatives, vacances, vie avignonnaise et parisienne, travail, Alexandre Lacroix m’a surpris en parlant, sur la fin, de l’écriture de ce livre que je tiens en mains grâce aux Explorateurs de la Rentrée littéraire 2020 de Lecteurs.com et aux éditions Allary. Il partage tout simplement ses doutes et ses espoirs, ses hésitations aussi, son travail d’écrivain. J’ai apprécié ces réflexions au final, poussant un peu plus fort le côté autobiographique du roman.
La Naissance d’un père m’a plu la majorité du temps, irrité parfois, lassé un peu par sa longueur mais c’est une œuvre importante qu’il faut faire lire aux plus jeunes, une ode essentielle à l’amour, à la vie et au partage d’un bonheur familial pas toujours facile à trouver.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
✦ L’expérience d’une paternité : cinq enfants plus tard, un philosophe et romancier se raconte ✦
Philosophe et romancier, directeur de la rédaction de Philosophie Magazine, cet auteur père de cinq enfants nous confie le récit de sa paternité naissante et évolutive dans ce livre guidé par la chronologie de l’arrivée de ses enfants au monde et des différents temps passés avec eux et avec son entourage familial et amical.
***
En le suivant sur les traces des lieux et des personnes qu’ils rencontrent en chemin, au cœur d’Avignon tout d’abord avec son premier fils, Bastien, puis à Paris avec les quatre enfants suivants, ce sont aussi et surtout les digressions nombreuses qui tracent un chemin à ce livre, compilant pensées et avis livrés à chaque détour.
A l’occasion de la découverte de la responsabilité de devenir père puis en la vivant au quotidien, l’auteur pointe surtout du doigt des sujets qui semblent lui tenir à cœur et y revient plusieurs fois : la paupérisation d’une certaine catégorie de population dont il se sent proche au départ du fait du manque de considération et de moyens financiers que lui offre sa profession d’écrivain, les paillettes d’une autre catégorie dite bourgeoise qu’il fustige facilement, l’accès inégal à la culture, les petits drames, les abus en tous genre dont celui d’alcool souvent visé, la folie du quotidien ici ou là, l’évolution du couple dans le nid familial qui se forme et s’agrandit, voyage et s’adapte parfois au prix de séparations, le dialogue au sujet de la religion, la question de la précocité de certains enfants, la transmission des plaisirs de flâner, dessiner, voyager et tant d’autres.
Les références et les sujets sont nombreux certes et abordés avec un vocabulaire soutenu, un rythme narratif efficace au gré de chapitres qui se font thématiques tel que l’indiquent le titre de chacun. Et le fil relatif aux enfants que l’on voit grandir et se forger un avis ou bénéficier de transmissions paternelles et maternelles fortes est un guide utile à la lecture.
Cependant, j’ai éprouvé à de nombreuses reprises une forme de malaise à recevoir tant d’amertume dans certains mots et expressions utilisés à l’égard de la description de certaines femmes dénigrées pour leur poids excessif, pas sexy, vêtements et apparence inadaptés, mais aussi de jeunes mères encore « bouffies par leur grossesse », de coiffeuses décrites comme issues d’un autre temps.
De la même manière, je n’ai pas été à l’aise avec ce que je considère comme des poncifs : certaines personnes sont rassemblées dans des catégories générales avec leur lot de raccourcis censés les résumer (les Italiens sont comme ceci, les banlieusards, Paris, les riches et les pauvres comme cela) allant jusqu’à la verbalisation de représentations sociales jetées sur le papier qui m’ont paru tranchées, à la limite du jugement (l’arrogance bourgeoise, la classe moyenne supérieure et ses mesquineries).
Certaines personnalités nommément visées en ont également pris pour leur grade, certes au prix de considérations très personnelles encore liées à leur consommation d’alcool mais d’autres étaient fustigées pour leurs positions ou métiers ressentis comme inutiles, caricaturaux ou surinvestis par certains (psychologues, pédopsychiatres telles que Mélanie Klein, Françoise Dolto et son fils Carlos, Donald Winnicott, Jacques Lacan) C’est un point de vue. Mais son abord et la transmission qu’il en fait à son enfant est assez abrupte et ne laisse place à aucun dialogue finalement.
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L’exercice autobiographique de cette transmission paternelle correspond donc sans nul doute à un joli pan de la littérature à combler tant il est laissé vide par de nombreux hommes qui s’expriment peu sur le sujet. A ce titre, ce livre représente donc à mon sens une initiative salutaire.
Pour autant, l’ensemble m’a laissé un arrière-goût d’une lecture plutôt excessive et sans concession sur des sujets traités à coups d’étiquettes rapidement collées ou de constats qui auraient peut-être appelé plus de nuances afin de laisser au lecteur son espace de réflexion propre. L’ouvrage m’apparaît finalement très centré sur l’avis du narrateur alors que mon attente se portait davantage sur la relation père-enfants.
Je reste ainsi sur ma faim en me questionnant toutefois sur le fondement et sur l’utilité de certains propos, car la frontière, à mon sens, peut être mince entre un style réellement efficace luttant contre l’effet langue de bois ou venant convoquer un sens du deuxième voire du troisième degré d’humour, et un ton superficiellement dénonciateur qui tombe dans le jugement gratuit et la condescendance.
L'auteur nous le dit d'emblée, il a eu cinq enfants. La plus grande partie de sa vie d'adulte a été consacrée à éduquer, chouchouter, s'occuper de ses enfants.
Face aux diverses réactions et réflexions que sa paternité suscite, il s'en défend : il aime être un père.
Chronologiquement, progressivement, Alexandre Lacroix va remonter le cours de sa vie de père, de son premier-né à son petit dernier, quatre garçons, une fille.
Les souvenirs de leur enfance génèrent des réflexions sur le monde qui nous entoure et qui verra grandir ses enfants.
J'ai trouvé cet ouvrage agréable à lire, les pages se tournent toutes seules, je me suis souvent reconnue dans le rôle des parents, j'ai partagé ou contredit certaines des décisions et opinions de l'auteur.
C'est peut-être moins plaisant à lire quand on n'a pas d'enfants, car on ne peut pas se projeter.
Pour moi, en tout cas, ce fut un plaisir de partager avec l'auteur ces expériences de parentalité ; un peu moins son goût pour le vin et son avis sur les psychanalystes, je dois avouer.
Mais ce roman sur la paternité est aussi le récit de la vie d'un homme, de ses expériences et de ses fêlures, certaines que l'on sent très profondes.
Le texte est aussi touchant par la sincérité de l'auteur vis-à-vis du lecteur.
Alexandre Lacroix raconte comment il est devenu père à cinq reprises avec des mères différentes. Un témoignage servi par une plume allègre qui n’omet aucun des aspects de la paternité.
C'est une histoire ordinaire et pourtant toujours exceptionnelle à laquelle nous convie Alexandre Lacroix, celle de la paternité. Pour le narrateur, qui n’est autre que l’auteur, cette paternité va se répéter cinq fois, ce qui n’est – avouons-le – peu ordinaire, d’autant que ces naissances n’ont rien de planifié. En revanche, cela confère, au fil de l’arrivée de ses enfants, une réelle expertise au géniteur.
Mais si les futurs pères peuvent trouver ici quelques conseils, c’est avant dans le style adopté par l'auteur que réside l’intérêt de ce témoignage. Voilà en effet la comédie humaine du XXIe siècle.
Bastien, son premier fils, naît le 22 octobre 2000 à Avignon. Un événement auquel le jeune père a pu se préparer pendant quelque neuf mois, mais qui le prend tout de même au dépourvu. Si à la maternité tout a l’air sous contrôle, les premières nuits sont difficiles à gérer «Nous nous sentions, l’un comme l’autre, abandonnés avec une tâche trop grande, trop grave pour nous. Nous allions nous faire aspirer, dévorer entièrement par cette si petite chose, cet angelot en pâte de Sèvres qui reposait sous sa couverture laineuse, car il avait besoin de soins constants, il ignorait la différence entre le jour et la nuit, il était indifférent à notre fatigue à nous…»
Comme pour la plupart des couples, après les premières angoisses, une routine quotidienne va se mettre en place, les tâches se partager. À la mère l'allaitement et au père les promenades. Si les ressources du couple sont limitées – il est écrivain et chroniqueur peu rémunéré, elle est prof de philo vacataire – il peut consacrer du temps à cet enfant. Bastien va ainsi grandir auprès d'un père très présent, qui arpente avec lui à peu près toutes les rues de la cité des papes et joue avec lui dans les bacs à sable, sous l'œil attendri des mères auxquelles ce rôle semble dévolu.
La vie sociale, notamment avec des voisins aussi particuliers qu'attachants, n'est pas abolie pour autant. Mais Mathilde, au bout de trois ans dans le Vaucluse, veut retourner en Bourgogne où une maison de famille leur permettra d’économiser le prix du loyer, une charge qui pèse lourd sur le budget du jeune ménage. L’auteur fait l’impasse sur la période qui a suivi et sa rupture avec Mathilde puisque le chapitre suivant s'ouvre dans un appartement de la rue de la Grange-aux-Belles, dans le Xe arrondissement de Paris, sans doute au moment où il conçoit son second fils avec Giulia, la belle italienne qui partage désormais sa vie. Elle donnera naissance à Andreano, Lucrezia et Giacomo. Autant d’expériences qui permettent à Alexandre Lacroix de creuser encore davantage le sillon de la paternité, d’approfondir les thèmes déjà abordés sur l’éducation et la place du père et d’ouvrir de nouvelles pistes comme la famille recomposée, les différences culturelles entre l’Italie et la France ou encore la famille nombreuse, aujourd’hui considérée comme une bizarrerie. Le tout est servi par une plume allègre qui n’oublie ni les délicieux mots d’enfant, ni les rituels qui se mettent en place, ni les lectures ou les jeux, de Tintin aux échecs, ni les vacances, comme celles à Capriata d'Orba dans le Piémont italien, «l'endroit idéal pour parler de Dieu et de théologie».
La naissance en janvier 2017 de Pietro Stelio Lacroix servant en quelque sorte de point d’orgue à ce beau roman de la paternité dans lequel on avance «à pas lents, avec un sentiment de gratitude et d’effroi» en découvrant «les pièces l’une après l’autre, les circulations, les étages et les cours intérieures.» À conseiller aux futurs pères – pour les encourager – à ceux qui ont connu cette expérience – qui retrouveront beaucoup de leur vécu – et aux mères qui seront curieuses de découvrir comment les hommes vivent une naissance.
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