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« À seize ans, j'ai découvert les livres de Nietzsche. J'ai lu La Généalogie de la morale au moment de mon anniversaire. Ces lectures m'ont plongé dans une douce, amère et terrible folie. Leur effet a duré un peu plus d'un an. Pendant quatorze mois, j'ai vu le monde, j'ai parlé, j'ai agi, j'ai respiré même à travers Nietzsche. Rien d'autre n'existait, j'étais habité par sa pensée, possédé par elle. Le livre que vous tenez entre les mains est une reconstitution, aussi fidèle que la mémoire le permet, de cette possession. »
On est clairement, dans ce roman, dans l'autofiction puisque l'auteur nous narre son adolescence lorsqu'à ses seize ans il découvrit la philosophie de Nietzsche. Il entreprit par la suite de dévorer tous ses ouvrages sans prendre le temps de digérer cette littérature exigeante, qui ne doit pas se lire par-dessus la jambe au risque de l'interpréter de travers et de simplifier la manière allégorique qu'avait Nietzsche de s'exprimer.
On assiste alors à un jeune à la recherche de repère qui prend pour argent comptant les provocations du philosophe vitaliste en omettant littéralement la subtilité dont il faisait preuve dans ses écrits. Comme par exemple l'anticléricalisme féroce alors que Nietzsche, en déclarant que Dieu était mort, désirait seulement libérer la plèbe du dogme chrétien car celui-ci était responsable de bien des maux et autres névroses. C'est pas en crucifiant un chat avec un crucifix dérobé dans une église que l'on pourrait espérer atteindre l'étape du surhumain, ou bien en se méprenant au sujet de la transvaluation des valeurs, non, c'est tout simplement stupide.
Le reste du roman est du même acabit, il alterne, in fine, entre recherche d'identité et soif de reconnaissance.
La dernière partie est la seule à pouvoir être sauvée de ce torrent d'absurdités.
A mon gout, l'auteur de ce bouquin n'a rien compris à Nietzsche, bien que sa philosophie soit en partie dangereuse ou possède une charge explosive tel un bâton de dynamite. Oui, car elle peut être mal interprétée, même simplifiée comme l'ont fait les Nazis, comme certains y voient un hédoniste, un promoteur de la démocratie. La dernière mode reviendrait à faire de Nietzsche un naturaliste, mais en faisant cela ils font de sa philosophie un pétard mouillé.
Donc il vaut mieux lire Nietzsche que lire ce livre.
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