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Jean-Paul Huchon a été le Directeur de cabinet de Michel Rocard, à Matignon, et il en a tiré la matière d'un ouvrage (Jours tranquilles à Matignon) que Grasset avait publié, voici cinq ans, avec succès (en 40 000 exemplaires). Par la suite, il fut Président du Crédit Agricole, secrétaire général du groupe PPR, Maire de Conflans Sainte-Honorine et, enfin, Président de la Région Ile-de-France. C'est un homme réputé pour son franc-parler et, en même temps, pour son habileté politique.
Le Livre:
La Montagne des singes, c'est une colline, près de Strasbourg, sur laquelle Michel Rocard et Jean-Paul Huchon bavardaient, un jour de l'automne 1993. Que se disaient-il, ce jour-là ? Et pourquoi leur conversation parut-elle si décisive à chacun des deux interlocuteurs ? Eh bien, parce que Rocard avait alors décidé de lancer son fameux « Big-bang » destiné à « réinventer » le parti socialiste. Ce « Big-bang » fut un échec. Et, de là, commença la fin de cette « deuxième gauche » rocardienne qui fut, pour certains, une si grande espérance...
Si Jean-Paul Huchon ouvre son livre sur cet épisode, c'est parce que le rocardisme, jusque-là, c'était sa vie. Et, avec la fin du rocardisme, c'est sa vie elle-même qui se trouve, en quelque sorte, déboussolée... Ce haut fonctionnaire, enraciné à gauche, vit alors bifurquer sa carrière, et la nature de son engagement. Du secteur privé, où il fit un bref séjour, à la Présidence de la Région Ile-de-France - où il battit d'un fil Edouard Balladur - il raconte ce que signifie, en France, le combat politique. De la prise du P.S. aux dépens de Fabius à la bataille de Paris, de Tapie à Delanoe, de D.S.K. à Jospin ou Emmanuelli, il connaît, de très près, tous les acteurs de cette comedia dell arte où l'ambition, sans cesse, le dispute à la conviction...
Trois parties rythment cet itinéraire : la fin du rocardisme ; la bataille électorale de Paris ; l'émergence du jospinisme. Chaque fois, Huchon observe, à travers les hommes et les femmes qu'il croise ou combat, la logique guerrière des idées politiques en France. C'est, à la fois, un adieu un peu mélancolique à sa jeunesse idéaliste et un appel à la lucidité technicienne. C'est l'histoire d'un militant qui passe du « Temps des cerises » à la « pensée unique ». Au passage, Huchon pointe et analyse la plupart des blocages administratifs et idéologiques qui entravent la société française. Son livre, par là-même, résonne aussi bien comme un éloge du réformisme que comme une éducation sentimentale ou politique.
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