"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Récit d'une relation dévorante avec une mère hors norme, recherche d'un père inconnu, souvenir d'une enfance errante, ce livre retrace avec brio le destin mouvementé d'un enfant de 1968, alors qu'il revient et s'arrête un moment dans une petite station balnéaire de la côte Est de l'Angleterre, aux falaises érodées par la mer comme nos vies le sont par le temps. C'est tout un monde - celui de nos trente dernières années - qui se dévoile à travers ce roman ironique et émouvant.
Ludwig Unger revient dans la petite station balnéaire de la côte Est de l'Angleterre où il a passé une partie de son enfance et toute son adolescence. Il y a vécu seul avec sa mère dans une maison engloutie depuis par les eaux, car en ces lieux la falaise érodée par les marées recule de plusieurs mètres par an. Cette disparition de la maison est le symbole de la vie errante et déracinée que Ludwig mène pendant plus de vingt ans avec sa mère, à laquelle il est lié par une relation à la fois fusionnelle et haineuse.
Elle avait eu son heure de gloire, cette mère, dans les folles années soixante-dix, vedette de l'époque héroïque des premiers films pornos. Ensemble, mère et fils ont habité Alexandrie, ville natale de Ludwig, puis la Hollande où sa famille maternelle n'a pas voulu les accueillir, l'Angleterre, la Californie, l'Autriche et la République Tchèque, théâtre de leur séparation au cours d'un pathétique come-back de l'actrice vieillissante. De longues années plus tard, Ludwig renoue pourtant avec elle et l'accompagne en Hollande où elle se réfugie pour se laisser mourir.
Cette saga qui justifierait à elle seule un roman, n'est cependant que l'un des trois épisodes entrecroisés de ce livre - les deux autres relatent l'émerveillement et la perte d'un premier amour évoqué avec une acuité et une sensibilité extraordinaires et puis, inévitablement, la recherche d'un père disparu dès la petite enfance du héros, que cette quête mènera au coeur de la jungle d'Amérique centrale.
Wieringa traite avec brio le thème cher à Houellebecq du malaise des fils de la génération soixante-huitarde ; il a lui aussi des idées sur la pornographie ou l'art contemporain (les univers respectifs des parents de Ludwig), mais il ne joue pas avec les concepts comme peut le faire Arnon Grunberg : Wieringa raconte un destin individuel avec une remarquable aptitude à saisir le monde sensible, choses et êtres, qui rend le moindre détail intéressant et entraîne le lecteur dans un tourbillon d'émotions. Il y a dans cette écriture quelque chose qui rappelle Nabokov, quelque chose de tout à fait fascinant.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !