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La démocratie contre les experts ; les esclaves publics en Grèce ancienne

Couverture du livre « La démocratie contre les experts ; les esclaves publics en Grèce ancienne » de Paulin Ismard aux éditions Seuil
  • Date de parution :
  • Editeur : Seuil
  • EAN : 9782021123623
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Imaginons un instant que le dirigeant de la Banque centrale européenne, le directeur des CRS comme celui des Archives nationales, tout comme les greffiers des tribunaux soient des esclaves, propriétés à titre collectif du peuple français, ou, plus improbable encore, d'un peuple européen. Quelle... Voir plus

Imaginons un instant que le dirigeant de la Banque centrale européenne, le directeur des CRS comme celui des Archives nationales, tout comme les greffiers des tribunaux soient des esclaves, propriétés à titre collectif du peuple français, ou, plus improbable encore, d'un peuple européen. Quelle forme emprunterait la délibération entre députés si les esclaves étaient le seul personnel attaché de façon permanente à l'institution, alors que les parlementaires étaient renouvelés tous les ans ?
Ils étaient greffiers, archivistes, policiers ou vérificateurs de la monnaie : tous esclaves, ils furent, à leur manière, les premiers fonctionnaires des cités grecques. Le relatif silence des sources à leur sujet ne dit rien de l'ampleur de cette étrange institution que fut l'esclavage public en Grèce ancienne. En confiant à des esclaves de telles fonctions, qui supposaient une véritable expertise dont étaient dénués la plupart des citoyens, il s'agissait pour la cité de placer hors du champ du politique la question de la compétence technique en la rendant impropre à justifier la participation politique.
C'est en définitive le rapport de la cité démocratique aux savoirs spécialisés qui s'éclaire à la lumière de ses esclaves. Le recours aux esclaves, « instruments animés » entre les mains du peuple, assurait théoriquement que nul appareil administratif ne pouvait faire obstacle à la volonté du peuple. Autrement dit : en rendant invisible ceux qui avaient la charge de son administration, la cité conjurait l'apparition d'un État qui puisse se constituer en instance autonome et le cas échéant, se retourner contre elle.

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