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L'écrivain Lester Godard fuit la scène de crime où gît le cadavre de sa femme, Françoise Hardy.
Tandis qu'il s'élance sur la route d'Arras au volant de sa Ford Mustang, les images d'une autre cavale affluent à sa mémoire : celles de son « parcours » d'auteur haché, précaire.... Y défile, par flashes, le film de rencontres capitales, de succès fulgurants, d'interviews bruyantes ou encore de séances de signature envahies de monde. Souvenirs à la précision quasi photographique qui font de lui un homme seul. Un fuyard. Jusqu'à ces quelques petites phrases, échangées en confidence avec un rare initié, figure littéraire complice, compagnon de route, qui surnagent, tout à coup chargées d'une résonance insolite.
La fiction va peu à peu se mêler à ces souvenirs du monde réel. Les oeuvres les plus marquantes de Lester Godard, généralement inspirées par la Seconde Guerre mondiale, créent des personnages semblables à lui-même : qui persistent à vivre leur vie secrète de pure fiction à l'intérieur des minutes les plus graves de l'Histoire. Tel ce pilote de la Luftwaffe ; Erwin Lockhart, qui initie au chamanisme son co-pilote Joseph Beuys et lit l'Anabase de Xénophon pendant la marche triomphale des armées hitlériennes en Russie. Plus le temps avance, plus Lester Godard apparaît comme un caméléon, un écrivain si éclectique que la critique n'arrive plus à le suivre, encore moins à le classer. « Mallarmé pop », « Pérec rock », la voix des plus déterminés et des mieux disposés à son égard s'essouffle. Surtout qu'il demeure « vague » du point de vue idéologique.
Plus il écrit, plus son univers subit la contagion de son imagination et le lecteur lui-même en perd ses repères, après avoir été littéralement embarqué :
Françoise Hardy, son épouse, n'est qu'un homonyme, Mademoiselle Chanel n'était qu'un chat. Pour le reste, en revanche, tout est vrai : un antique électrophone Teppaz et une vingtaine de vinyle 45 tours (Nat King Cole, Petula Clark, etc.), deux photos dédicacées (une de Diana Rigg, l'autre de Linda Thorson), une fausse collection de Cahiers du cinéma des années 1964 à 1967, les deux derniers numéros du magazine Rock& Folk, un album de bande dessinée de Guy Pellaert (Pravda la Surviveuse, l'édition Losfeld originale), quelques Marabout Flash dans un état de fraicheur sidérant, l'affiche Bob Dylan par Milton Glaser, un dessin de Roland Topor, etc.
Lester Godard a maintenant la police à ses trousses.
Le temps accélère comme dans Les Choses de la vie de Sautet. Il a un Beretta sur lui. On devine qu'il va s'en servir pour le meilleur et pour le pire.
Ce récit, séquencé comme un court-métrage, brille par une précision documentaire. Tandis que les flashes se succédant font triompher le rêve et à l'intérieur du rêve, toute la vérité sur la mort de Françoise Hardy ou le dernier mot de la dernière histoire. La dernière séquence de la dernière séance.
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