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Imaginez un art qui, outre les sons et les images, les odeurs, les goûts, le toucher, la perception du mouvement et de l'espace, manipule les sentiments et les émotions avec une telle finesse qu'ils deviennent indiscernables des vôtres. Imaginez des artistes qui projettent directement leurs oeuvres dans l'intimité de votre centre nerveux, excitant tous vos sens, surimposant des émotions dûment composées à votre propre sensibilité dans un spectacle où vous serez tour à tour ou simultanément tous les personnages.
Maintenant, imaginez le pouvoir que l'exercice de cet art confère à celui qui le maîtrise. Imaginez les enjeux, les conflits d'intérêts, les passes d'armes, les expédients, la fin et les moyens mis en oeuvre pour contrôler le kineïrat. Car c'est de cela qu'il s'agit, à l'échelle des deux cent soixante mondes de l'Homéocratie.
Ayerdhal met en scène un artiste bohème et libertaire que son succès interplanétaire conduit au doute. Doute sur lui-même et le pouvoir que son influence lui confère, mais dont il refuse pourtant l'exercice.
Plaidoyer pour l'art et l'artiste comme contre-pouvoir, il y a là une réflexion de précurseur, des scènes de " concerts " visionnaires, mais aussi un formidable portrait d'artiste total, qui ouvre profondément nos perspectives et notre imagination.
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