"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« La croyance de Hans Reiter fut dès lors celle de tous les hommes de toute éternité et qu'ils ont désiré censurer, à savoir que la guerre - dans son cas la Seconde Guerre mondiale - était née non pas d'un quiproquo diplomatique, du caractère belliqueux d'une nation, d'un accident climatologique ou de tout autre phénomène naturel, mais d'une blague. Il en avait été le témoin. La guerre est une farce qui tourne mal. »
Une belle écriture, un sujet qui a attisé ma curiosité, mais malheureusement un livre dans lequel je ne suis pas entrée.
Le début est passionnant et très bien enlevé : le narrateur se rend en Allemagne pour acheter une collection de livres pour un client. Il doit cependant se contenter d'une partie seulement du lot, qui semble également très convoité par un certain Gunjer, personnage assez énigmatique. Cette collection ne comporte que des ouvrage sur le thème de la guerre, des temps les plus reculés jusqu'à aujourd'hui. Intrigué par les motivations du collectionneur, et par la convoitise générée, il lit les ouvrages acquis et s'aperçoit qu'il en manque systématiquement une page. Recontacté par Gunjer, il part à l'aventure pour essayer lever le mystère.
Je suis malheureuse de ne pas avoir pu accrocher à cette histoire dont le sujet est vraiment très riche. Je me suis perdue dans les récits de guerre qui ne m'ont pas intéressée. Enorme passage à vide au milieu du roman, le conférencier (autre métier de l'auteur) a pris le pas sur l'écrivain. Dommage, il y avait beaucoup de promesse dans ce roman.
Honnêtement, je ne sais pas quoi réellement dire de ce livre. Je m'y suis sentie étrangère en tant que lectrice, comme si je n'avais pas vraiment à lire cette histoire. Par moments, je retrouvais la narration, le fil de l'histoire, et à d'autres moments je le perdais totalement. Je ne suis même pas sûre d'avoir compris entièrement ce qu'il s'est passé, simplement dans les grandes lignes.
La guerre, c'est un monde qui m'est complètement inconnu, et je ne me retrouvais pas vraiment dans les propos. Je ne sais même pas faire une critique constructive de ce livre, qui me laisse presque indifférente, avec un arrière-goût de frustration : j'aurais aimé le déchiffrer, et m'en imprégner mais je n'ai pas su.
A la demande d’un de ses commanditaires, le narrateur se rend à une vente aux enchères sur l’ile de Rügen, en Allemagne. Là, il doit acquérir une partie de « La bibliothèque de Hans Reiter ». C’est son métier, acheter et vendre des livres anciens. Lors de ses achats il est toujours interrogatif quant à l’esprit et la logique ayant conduit à la création puis à l’unicité d’une collection de livres. Ici pourtant, impossible de comprendre le propriétaire, si ce n’est que la plupart des livres traitent de la guerre, mais de la guerre partout, à diverses époques, sans qu’il y ait une unité de lieu ou de temps par exemple. Et fait étrange, dans tous les livres qu’il a achetés une page est arrachée. Mystère que le narrateur n’aura de cesse d’élucider.
D’autant que lors de la vente un certain Ernest Gunjer lui a âprement disputé les enchères. Cet homme va le contacter pour le rencontrer. Rencontre avec un homme improbable, mais le narrateur s’embarque alors avec ce quasi inconnu pour une aventure livresque assez inhabituelle. Il découvre que la passion de Hans Reiter pour les livres qui traitent de la guerre a débuté à l’occasion d’une joyeuse soirée dans un cabaret à Vienne le 28 avril 1939 lorsqu’il a entendu le discours d’Hitler. A partir de cette date, seul contre tous, ayant perçu ce que nul autre n’avait compris, il n’a eu de cesse de démontrer que « La guerre avait commencé par un blague, par rien d’autre qu’une blague ».
Les questionnements du narrateur sont autant d’arguments pour lire des extraits des livres qu’il a réussi à acquérir, prétexte à développer quelques anecdotes historiques dont l’auteur est un spécialiste puisqu’il poursuit un cycle de conférences sur l’encyclopédie des guerres. Alors nous sortons moins ignares, sur Kafka et ses créatures, proches d’Hitler se terrant dans ses bunkers, sur la campagne de Russie, sur Napoléon, sur le soldat inconnu, sur Hitler bien sûr. Si les sujets sont vastes, ils traitent néanmoins tous de la guerre. C’est un livre assez court, mais dans lequel on pourrait puiser des connaissances pendant des heures. Une lecture dense et étonnante.
Lors d’une vente aux enchères sur l’île de Rügen en Allemagne, le narrateur achète une partie de la bibliothèque de Hans Reiter. Au terme de la vente, il est abordé par une personne qui lui remet sa carte de visite et le commentaire suivant :
Pour qui vous prenez-vous ? Sûrement pour quelqu’un. Or, vous n’êtes personne. « Il y a des gens qui ont une bibliothèque comme les eunuques ont un harem. » A défaut de connaître cette citation, vous devriez vous y reconnaître. Si vous désirez en savoir davantage sur ce que vous venez de faire, vous qui à l’évidence ne comprenez rien à rien, essayez de me joindre, je vous accorderai la pitié de vous éclaire
Voici donc le début très réussi du livre de Jean-Yves Jeannais, La bibliothèque de Hans Reiter.
Si l’écriture est vraiment jolie, le style maîtrisé, je n’ai jamais réussi ensuite à rentrer dans cette histoire loufoque par certains côtés et abandonnai ainsi la lecture à mi-parcours…
Paris à l'époque contemporaine, la ville semble sous la menace permanente d'une guerre en gestation jamais nommée. Le narrateur de ce formidable petit roman est commissionné par un bibliophile parisien sur l'île de Rügen, dans le nord de l'Allemagne, pour une vente aux enchères de livres ayant appartenu à un certain Hans Reiter : un personnage quelque peu excentrique, né en Autriche en 1915, qui a vécu dans une grande surface andalouse abandonnée transformée en espace pour collectionneur - en, l'occurrence, quatre mille ouvrages sur les flore et faune littorales. Un mordu de faits d'armes qui confectionnait des uniformes en matériaux synthétiques de décoration... Le narrateur, à défaut de n'éprouver lui-même aucune passion véritable et qui se dit "fétichiste [...] par procuration", acquiert ainsi les collections des autres...
Le point commun de ces livres ? Tous, par diverses approches, traitent de la guerre. Et tous ceux dont il est devenu l'acquéreur ont des pages arrachées... Peu à peu, il s'immerge à son corps défendant dans ces lectures qui le font s'échouer sur les rivages de l'Histoire - l'occasion de belles digressions sur la nature de la guerre et le pouvoir. Mais un certain Ernest Gunger semble poursuivre le même objectif que lui... S'ensuit une sorte de road-movie qui, passant par Montluçon, ville natale du narrateur, les conduira tous deux en Suisse, dans un hôtel particulier de Lausanne où l'on disserte de batailles et questionne le cours de l'Histoire...
Sous des abords plutôt austères (il est très dommage que la quatrième de couverture ne soit pas plus explicite), ce livre est un vrai bonheur d'érudition, porté par une écriture à la fois simple et très travaillée, parfois sur le ton de la confession, non dénuée d'un certain humour distant qui n'est pas sans évoquer Echenoz et d'autres auteurs publiés aux Editions de Minuit. La croyance de Hans Reiter autour de laquelle s'articule le roman (la guerre est une farce qui tourne mal) est développée par Jean-Yves Jouannais avec beaucoup de finesse et d'intelligence, dans ces pages d'histoires dans l'Histoire où les végétaux, les paysages ont toute leur place. Peut-être pour mieux nous faire sentir les conflits comme des séquences de comédie dans un décor d'opérette...
Avec en prime une très belle définition - une de plus ! - de la littérature : "La littérature, qui n'est pas une histoire des auteurs, mais une physique des fables, une science de la plus ou moins grande capacité conductrice d'imaginaire des légendes, a pour particularité de polliniser tous azimuts, dans toutes les dimensions du temps et de l'espace."
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