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Henry Chinaski, pendant la Seconde Guerre Mondiale, traîne de ville en ville aux États-Unis. De La Nouvelle-Orléans à New York, en passant par Philadelphie, Miami, jusqu'à Los Angeles. A chaque fois, il cherche une piaule, un petit boulot pas trop fatigant. Puis il écume les bars, dragouille et revient avec des filles, fait de drôles de rencontres qui le mènent une fois sur un yacht. Il parie aux courses, picole, erre dans les rues, picole encore...
Henri Chinaski dit Hank, l'alter ego de l'auteur bâtit ainsi sa légende qu'il se plaira à confirmer sur certains plateaux de télé.
Mon dernier Bukowski date de mes années de jeune adulte. Je l'ai beaucoup lu, je trouvais cela transgressif, violent, décadent, dans les années 1980/1990. Et puis, je me suis lassé, parce que je trouvais qu'il tournait en rond, que ses délires d'alcoolique queutard, vaguement écrivain, ça ne m'apportait pas grand chose. J'avais surtout l'impression de toujours lire le même livre, qu'il n'y avait que le titre qui changeait. Dans le genre, je préférais Henry Miller.
Et voilà-t-y-pas qu'en allant acheter un dictionnaire anti faute d'orthographe -si si ça existe-, je déambulais dans les travées de la librairie et je tombai sur cette réédition avec cette couverture très réussie. Bon, me dis-je in petto, c'est peut-être le moment de relire Bukowski ? Je relis donc, trouve quelques phrases pas mal du tout : "Le boulot était simple et crétin, mais les employés trouvaient toujours un sujet d'agitation. Ils s'en faisaient pour leur boulot. [...] C'est là que j'appris pour la première fois qu'il ne suffisait pas de faire son boulot, mais qu'il fallait aussi y trouver de l'intérêt, voire une passion." (p.12/13) Et d'autres disséminées ici et là, entre les beuveries, les coucheries, le travail alimentaire en attendant que la littérature paie.
J'y retrouve les travers ci-dessus énoncés : l'auteur tourne un peu en rond : errances, picoles, baisouilles, fuites de ville en ville... Ça peut sembler répétitif, long et inutile, ça l'est parfois.
Nonobstant ces remarques, il est intéressant de (re)lire Bukowski maintenant. A l'heure où nos sociétés se puritanisent, s'offusquent du moindre débordement, ça dépote et ça va à contre-courant de ce que l'on veut nous proposer comme modèle. Ce serait un livre de la rentrée littéraire de 2022, il faudrait sans doute y mettre des avertissements en pagaille : "l'abus d'alcool est dangereux pour la santé", sur l'addiction au jeu, sur les violences faites aux femmes... Tout, il dézingue tout Bukowski, il ne passerait pas les fourches caudines de la bien-pensance actuelle.
"-Demande-moi ce que tu veux.
-Apporte-moi de l'amour."
Gloria est internée.
En phase maniaque.
Oscille entre vulgarités, violence et larmes.
Elle soupçonne Harry, son mari venu lui rendre visite, de la tromper.
Harry, pendant notoire de Bukowski, nie en bloc... Avant de rejoindre sa maîtresse dans un motel.
Bukowski aurait eu 100 ans cette année, et c'est nous qui profitons du cadeau. Et puisque 100 ans, ce n'est pas rien, on enrichit le tout des illustrations de Robert Crumb, figure emblématique de la génération hippie. Aussi indomptable, libre et subversif que Bukowski.
Si vous n'avez jamais eu le bonheur de lire Charles Bukowski, voici le format idéal pour le découvrir. 20 pages de pur blasphème amoureux, avec toute la gouaille, l'humour et la poésie de cet auteur génial.
Et si vous l'aimez déjà, hahaha, bonne lecture
Le contrôleur de la vraisemblance ? demande Gloria à Harry.
Bukowski aurait pu répondre oui. Car Bukowski ne s'est jamais inspiré que de Bukowski. Ce sont sa vérité, ses tripes, sa rage qu'il écrit, toujours, sans fausse pudeur.
Il aurait eu 100 ans.
Happy birthday, Monsieur Bukowski.
A l'époque où je rédige cette chronique, nous sommes à quelques jours de la Saint-Valentin. Il était de circonstances de parler d'amour.
Mais pas n'importe comment.
Mais pas n'importe qui.
Le seul auteur au monde que je tutoie. A qui je pourrais donner de grandes claques viriles dans le dos, appeler mon pote en lui offrant une bière.
J'ai toujours un grand sourire quand j'ouvre un de ses livres. Et un peu la larme à l'oeil au moment de le refermer...
On connaît bien évidemment son goût pour l'alcool.
Sa boulimie d'écriture.
Cette propension à ne pas s'encombrer de décorum, nommer une chatte une chatte, et God bless Bukowski pour la liberté qui est la sienne.
Le voici donc parlant d'amour. A-t-il seulement jamais parler d'autre chose... Derrière ses provocations, ses grandes lassitudes. de poèmes en poèmes, les femmes défilent. Se défilent. de toute la longueur de leurs jambes, foutent le camp et Bukowski soupire, Bukowski rappelle qu'elles partiront toujours...
L'épouse.
Les maîtresses.
Les groupies.
La dernière, l'amour.
Sa fille.
Vous pouvez lui reprocher sa façon d'écrire la solitude.
Personne n'écrit la solitude comme lui...
Ce recueil est, peut-être, à mon sens, le plus facile d'accès pour découvrir Bukowski sans trop de secousses. Mettre un orteil dans l'eau, tâter la température avant de plonger.
Un peu plus doux que certains autres recueils. Que beaucoup de ses nouvelles. Un peu.
Je m'émerveille encore de ce débit unique.
De sa façon de m'entraîner même là où je ne veux pas aller, la salle de bains d'une femme ou la cour crasseuse d'un bar. Je finis toujours pas le suivre, par rire, pleurer ou saigner avec lui.
Buko, c'est mon pote.
Mon pote avec un talent fou.
Hank, je t'aime !
J'ai toujours dit que Bukowski était un grand sentimental. Si vous en doutez encore, il vous faut lire cette anthologie.
Au Diable Vauvert continue son travail éditorial pour entretenir la flamme des accros et faire de nouveaux adeptes.
L'auteur se dévoile ici moins cru (bien qu'avec Buk cela reste très relatif), plus tendre mais toujours aussi lucide sur lui-même.
Les poèmes de « l'Atilla des matelas » s'adressent majoritairement à ses femmes - à celles d'une vie comme à celles d'un soir - mais aussi à ses amis, à sa machine à écrire, à sa fille, et ces derniers sont particulièrement touchants.
Quand il parle d'amour, Bukowski est tour à tour drôle, nostalgique, cynique, pur, insolent, cruel mais toujours aussi incomparable.
Traduit par Romain Monnery
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