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Plus de vingt ans après sa mort, un recueil inédit de nouvelles, réflexions et récits autobiographiques de l'écrivain « salement inspiré ». Sortis d'archives et de journaux d'époque, ces textes courts, qui recouvrent une période de 1944 à 1990, nous permettent de découvrir ou redécouvrir l'écrivain en devenir.
Cela fait vingt-deux ans que Charles Bukowski a disparu, emporté par une leucémie. Pulp, son dernier roman, paru peu avant son décès, emportait le lecteur dans un polar foutraque et grandiloquent, à l’image de son auteur. Car Bukowski, plus qu’un écrivain, est avant tout un personnage dans lequel la trivialité côtoie l’excès qui deviendra sa marque de fabrique. Il ne sera d’aucun mouvement littéraire, et encore moins de celui de la Beat Generation, auquel on a tenté de l’assimiler, préférant une certaine forme de solitude, bien que fortement entouré, qui s’apparentera à une sorte de misanthropie et de je-m’en-foutisme, comme en témoigne sa célèbre apparition dans Apostrophes, la célèbre émission de Bernard Pivot.
Son incroyable succès le fera rapidement accéder au rang d’auteur culte et légendaire. Une légende qu’il a, toutefois, créée de son vivant, à travers ses nouvelles et ses chroniques dans lesquelles il se mettait en scène et explorait le fond de sa pensée dans un langage cru et buriné et qui va à l’essentiel. Cette légende, on en perçoit la construction et les prémices dans le recueil inédit qui paraît au Livre de Poche, et sobrement intitulé Un carnet taché de vin.
Dans ce recueil, mêlant nouvelles et chroniques, lettres et autres contributions à divers journaux et magazines, on y croise l’essence même de l’œuvre de Buk, que ce soit à travers ses influences littéraires, cette admiration sans faille qu’il porte pour Dostoïevski et pour Céline, ou à la violence du langage : le Vieux Dégueulasse, comme il aime se surnommer, parvient à capter la brutalité et la violence du monde à travers un style direct et sans concession et où la poésie surgit, cruelle, féroce et paradoxale, comme son auteur.
Marginal, Bukowski parvient toutefois, à travers ses chroniques, à parler du monde et de son époque : sa publication dans divers magazines undergrounds lui confère une liberté de parole qu’il exploite à outrance pour parler de ce qu’il connaît le mieux : de l’alcool, le moteur-même de son existence, et du sexe, divine pulsion qui seule peut lui faire lâcher le stylo et abandonner un court instant l’écriture. Son quotidien, fait de beuveries avec des inconnus et de bagarres, de coïts et de paris, dévoile un homme qui plonge dans l’alcoolisme.
Bukowski ne cherche toutefois pas la surenchère, il ne recherche pas la vulgarité pour le plaisir de l’être : cette vulgarité, qui est l’une des composantes de son œuvre, dévoile cependant un être désespéré mais qui parvient toujours à faire preuve d’optimisme. Que ce soit dans la parution d’un ouvrage d’Antonin Artaud à la vue des jambes d’une femme sortant d’une voiture, il parvient à trouver un instant fugace de bonheur dans une existence vouée à côtoyer la misère et ceux qui ont été exclus de la société.
À l’instar du narrateur anonyme des Carnets du sous-sol de Dostoïevski, Charles Bukowski cherche à se complaire dans la déchéance du monde : la bouteille devient aussi importante que sa machine à écrire et l’alcool qui emplit ses veines lui donne la force d’écrire et de revendiquer sa supériorité sur l’homme dont « la plus grande qualité […] pourrait être qu’il se sache destiné à mourir et qu’il s’en foute », écrit-il dans sa chronique « Fragments d’un carnet taché de vin ».
Mourir ? Bukowski lui, justement, s’en fout, préférant boire, coucher et parier sur des chevaux, tout en cultivant cette image qui fera de lui un auteur atypique, ne prenant pas la vie au sérieux, préférant l’excès à l’ascèse. Un carnet taché de vin offre alors aux lecteurs un aperçu de l’œuvre de Bukowski, où est condensé ce qui fera la célébrité de son auteur talentueux qui n’a jamais été aussi présent et autant consacré que ces dernières années, au point de voir l’un de ses poèmes utilisé pour la publicité des jeans Levi’s. Irrévérencieux, le Vieux Dégueulasse n’a pas fini de faire parler de lui et ce, alors que le centenaire de sa naissance approche à grand pas.
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