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L'oeuvre de F. Scott Fitzgerald foisonne d'objets. Des plus modernes aux plus traditionnels, trop envahissants pour être insignifiants. Certes, descendants des objets réalistes, ils désignent et dénoncent l'Amérique matérialiste de la première moitié du 20e siècle. Mais s'ils fondent le cadre référentiel de ses récits, ils jouent aussi un rôle stratégique et critique essentiel. L'objet fitzgeraldien, en effet, constitue la pierre angulaire d'un double dispositif, non seulement référentiel mais réflexif. Véritable objet illusionniste, dès lors, il est moins signe du réel que signal de son absence : c'est donc le site de prédilection du double sens, d'une équivocité sémantique toute moderniste. En témoignent encore collections et fétiches, ces objets "symptomatiques" ou symboliques qui jalonnent ses récits. L'objet chez Fitzgerald "parle" donc la langue du désir et, au fil des oeuvres, le texte lui-même se fait objet entre les mains du romancier. Bien moins innocent qu'il n'en a l'air, en somme, l'objet fitzgeraldien apparaît comme un véritable enjeu dans une quête tout à la fois ontologique et poétique. Trop souvent rangé parmi les icônes poussiéreuses de la "génération perdue", ces dernières années, voilà que le "porte-parole" de l'âge du jazz se remet à parler. Et cette fois encore, Fitzgerald n'en finit pas de nous surprendre.
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