"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À Chogsu Siti, mégapole coréenne tentaculaire, au bord de l'implosion, où politique rime avec crime organisé, vit Enzo, 24 ans, muet et tueur à gages ultra performant. Enzo a deux passions dans la vie : Le grand bleu, et la voix d'une mystérieuse chanteuse dont il se repasse le morceau en boucle quand il massacre des anonymes pour le compte de ses clients. Sa dernière mission qui lui vient tout droit du chef de la police : s'en prendre à ce salaud de Mon-Sik, gangster qui veut détrôner la puissante maire aux élections, en attaquant sa petite copine.
Mais voilà, alors qu'Enzo s'apprête à passer à l'action, il s'aperçoit que sa cible est en fait la cantatrice qui se cache derrière la voix qu'il aime tant. Pour Enzo, c'est le dilemme : tuer ou sauver Annie Wong ?
Meralli nous plonge dans une mégalopole asiatique à travers l'univers impitoyable de la politique.
Coup bas, mauvaises fréquentation et appât du pouvoir voilà l'univers dans laquelle notre attachant héros va se retrouver.
Alors qu'il est censé effectuer son contrat sans réfléchir ce dernier va se retrouver devant un dilemme, en effet il s'avère être le seul personnage humain de l'histoire et va devoir faire des choix lourds de conséquences.
L'auteur nous propose une narration rythmée qui nous alpague sans attendre. Traque, course-poursuite et tentative d'assassinat, tous les éléments sont réunis pour proposer un polar efficace qui n'a rien à envier à quelques bonnes productions télévisuelles du même style !
Graphiquement c'est très réussi, le coup de crayon nous décline des personnages comme des décors dur et amoché jouant pleinement leurs rôles et proposant une ambiance urbaine marquante.
En bref Kill Annie wong est une très bonne surprise. Un thriller réussi en tout point pour divertissement totale, clairement très bon #instantbd.
Cette bande dessinée commence par une planche en noir et blanc, une plongée dans le coeur de ce tueur emmuré dans ses peurs et ses obsessions. Toute la narration est un jeu de piste pour comprendre, cerner cet homme qui livre peu de choses de lui. Ce sont les sons entendus et les images de son inconscient qui nous le révèlent. Physiquement, Enzo impressionne, une masse de muscles, un regard difficilement accessible et une capacité à se sortir de nombreuses situations. Il évoque la figure de Léon, personnage créé par Luc Besson et interprété par Jean Reno. C’est une vraie référence au sens où Enzo le formalise. On se demande même si sa personnalité ne le pousse pas à quitter facilement la réalité pour vivre dans ses rêves et le cinéma. Ce décalage, son rapport au réel augmentent la confrontation avec le monde et les autres.
Les scènes d’action sont fortes, la violence jaillit de ce tueur sans jamais le laisser indemne. Tout au long de l’histoire, son corps accumule les coups et toute l’énergie négative des autres. Il y a, autour de lui, un mari producteur jaloux et pervers, des mandataires aveugles, des hommes de main seulement animés par le désir de mort. De cette foule, Enzo livre toutes ses nuances. Annie Wong est un révélateur. Il la regarde, tient à sa vie. La chanteuse quitte le joug imposé par son mari. Elle veut être et ne plus paraître. En quittant ce statut, elle déplace tout autour d’elle. Elle prend sa liberté et ne veut plus dépendre du regard des hommes autour d’elle. Cette relation complexe entre Annie et Enzo est forte et sensible. Le chant, don de la femme et passion de l’homme, côtoie la violence de la course poursuite qui bouleverse leur histoire. Le tragique leur colle à la peau et ne les lâchera pas.
Graphiquement, cette bande dessinée est une exploration d’un décor urbain étouffant, brutal et aux couleurs très évocatrices. On sent ce qui pèse sur l’état d’esprit et les âmes de tous ces personnages qui semblent plonger dans l’obscurité. Au milieu de cela, le chant d’Annie Wong est une merveilleuse lumière.
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