Pas besoin d'être féministe pour aimer "Justice soit-elle" de Marie Vindy, découvrez les chroniques de nos lecteurs
Machos et salauds...
Quatorze meurtres de femmes non élucidés. Bienvenue en Bourgogne. Affaires classées ou non-lieu, la justice a depuis longtemps baissé les bras. Qui étaient toutes ces filles dont les cadavres ont été disséminés dans la région ? Des filles faciles, qui n'ont eu que ce qu'elles méritaient ? C'est ce que certains laissent entendre...
Laurine, elle, voudrait simplement savoir qui a assassiné sa mère. Quand un nouveau meurtre est découvert, c'est, pour cette gamine déterminée, l'occasion de mettre un coup de pied dans la fourmilière. Gendarmes, médias, familles, juges, tout le monde en prend pour son grade. Au milieu de ce déchainement de violence qui confond victimes et coupables, l'avocate Déborah Lange, spécialiste des cold cases, se bat pour faire éclater la vérité.
Inspiré de faits réels, Justice soit-elle est un cri de colère d'une auteure engagée contre les violences faites aux femmes et le mépris d'une justice à deux vitesses.
Pas besoin d'être féministe pour aimer "Justice soit-elle" de Marie Vindy, découvrez les chroniques de nos lecteurs
L'auteure a choisi comme trame de son roman la série de meurtres de l'A 6 en Saône et loire - meuRtres dont la plupart n'ont pas été élucidés.
Laurine , une gamine de 11 ans découvre sous un tas de feuilles mortes des pieds chaussés de bottes à haut talon.
La gendarmerie arrive et découvre le corps d'une adolescente du village disparue pendant le week end.
L'affaire fait grand bruit car c'est un meurtre de plus qui vient allonger la liste en attente de coupables.
De plus qu'une avocate est recrutée par un cabinet de Paris pour rouvrir les dossiers de toutes ces gamines et jeunes filles restés en suspens.
Laurine sait que sa mère a, elle aussi, été tuée sur le bord de la route et le meurtrier jamais interpellé mais cette dernière à les oreilles qui trainent partout et elle a surpris une conversation entre son père et son oncle qui ne pourrait que les mettre en cause .........
Elle va en parler à Deborah, cette avocate, qui vient de créer une association des familles des victimes .....
Un roman bouleversant et si réel ......
Roman très féminin et féministe, peuplé de femmes battues, de femmes qui se battent pour faire éclater la vérité et sortir les autres du cycle de la violence et d'hommes brutaux, violeurs et assassins, machos au possible, sûrs de leur force et de leur supériorité. Certes, il y a aussi des mecs bien, le capitaine Humbert en tête, mais le genre garçon est mis à mal dans ce polar qui s'inspire de faits réels. Ce préambule n'est absolument pas négatif, au contraire. On sait, on nous le dit régulièrement, que des femmes meurent sous les coups de leurs compagnons, que beaucoup se font violer, harceler, frapper, mais la justice est souvent relativement clémente avec les hommes coupables de ces faits. Marie Vindy écrit là un roman de femme indignée et révoltée et tout lecteur en ressort remué par la perversité des auteurs de violences sur les femmes. Marie Vindy, je l'avais déjà lue dans Une femme seule, un polar que j'avais bien aimé et dans lequel le capitaine Humbert était déjà présent. Lorsque j'ai vu qu'elle avait écrit chez Sang neuf, le mien n'a fait qu'un tour et après deux relatives déceptions chez cet éditeur, je pensais bien qu'une femme réussirait à me faire changer d'avis. C'est largement le cas.
J'ai aimé le rythme délibérément lent, les histoires sont anciennes et peu de chance que que de nouveaux éléments viennent mettre le feu à la région, mais elles avancent doucement ; le travail de Déborah et des gendarmes est méticuleux, minutieux, ils engrangent des témoignages, des indices, des preuves les menant vers les coupables. J'ai aimé aussi les multiples points de vue, celui du major Élise Félicité, ceux des mères ou amies des victimes, celui de Déborah, celui de Laurine, et même si le grand nombre d'intervenants m'a un peu perturbé au départ, la romancière nous rappelle les faits et les liens des personnes entre elles régulièrement et judicieusement.
Marie Vindy écrit un roman original par sa construction en petits chapitres aux multiples points de vue exclusivement féminins, par le fonds malheureusement très actuel et présent dans nos sociétés ; regrouper toutes ces violences dont sont victimes les femmes -même Déborah n'est pas épargnée par son ex-mari, comme quoi toutes les femmes de toutes les classes sociales peuvent être harcelées ou pire- fait de ce roman un cri de colère et d'alarme. Un roman à faire lire à toutes les femmes et à tous les hommes, parce que bien sûr, les violences faites aux femmes en particulier et le féminisme en général ne sont pas des affaires exclusivement de femmes.
On n'a sans doute pas besoin d'être féministe pour se pencher sur ces cas de femmes disparues, pourtant le "Féministement vôtre" de la préface ne pouvait que me plaire. L'auteure, chroniqueuse judiciaire, nous précise donc que ce polar reprend des éléments des disparitions de femmes survenues en Bourgogne entre 1984 et 1997: douze jeunes femmes ou adolescentes assassinées dont les meurtres sont parfois restés impunis. Marie Vindy entend réhabiliter ces victimes et leurs familles et c'est d'ailleurs à ces victimes que ce livre est dédié. J'ai aimé ce polar pour plusieurs raisons: tout d'abord, l'idée de rendre hommage à ces femmes, de ne pas les oublier sous prétexte que l'enquête a été classée parce qu'il y a prescription me semble juste et cette fois (je fais ici référence à un "roman" de la rentrée de septembre qui tournait autour du meurtre de la jeune Laeticia, que Marie Vindy utilise aussi ici), je n'ai pas été mise mal à l'aise par la manière de procéder de l'auteure, sans doute parce que le polar permet une mise à distance que le roman qui n'en était pas un ne permettait pas. Et puis il y a ce personnage sans doute inventé de la fille de l'une des victimes qui décoiffe et ça fait du bien, une petite pointe de féminisme en herbe qui est raccord avec le thème. C'est donc une belle découverte que ce polar et cette auteure.
Une dernière bise claquée tout en consignant "Permission de minuit, fais attention en rentrant".
Une dernière dispute avant de claquer la porte. L'adolescence et ses frasques sont souvent un parcours de combattant, où la communication est la première victime.
Puis, plus rien.
Elle n'est pas rentrée, comme promis, comme prévu.
Et elle ne rentrera plus.
Quelle terreur innommable pour des parents, dont la vie se résumera à une ébauche de survie, où les âmes se déboussolent sur le chemin de l'attente, de la peur et finalement bien trop souvent du chagrin et du deuil impossible.
Marie Vindy nous délivre une enquête, puisqu'une jeune fille a été découverte sans vie, et l'acharnement sans faille d'une avocate, au service des parents d'enfants assassinés, dont le ou les meurtriers courent toujours.
Des crimes jamais élucidés, dont les années ont laissé place à la prescription. Mais dont il suffirait de trouver la connexité, un seul lien entre ces vieilles affaires, que la justice et les enquêteurs ont relayé dans une boite au fond d'une armoire, et une affaire en cours, pour rouvrir l'enquête.
j'ai terminé cet ouvrage en pleine semaine de rebondissement de l'affaire Grégory. La science et les méthodes d'identification avancent.
Un sursaut d'espoir est toujours possible, pour faire enfin le deuil, s'il est jamais possible de le faire.
Pour rendre justice. Enfin.
Lorsque celle-ci a tant baissé les bras, faute des preuves, voire faute d'enquêtes.
Marie Vindy a principalement mis le coeur de son ouvrage au sein des familles, pour mieux nous rappeler qu'une jeune fille tuée, assassine à petits feux tout ceux qui restent.
Un meurtrier non arrêté est un meurtrier qui récidive, même sans tuer.
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