- Tu n'as pas de pot d'être Juif.
Parfois, comme la sibylle, elle dit les choses les plus importantes quand elle sort des limbes.
- Mon amour, je ne suis pas Juif. Je suis fils de déportés. Fils de dèpes. Fils de tatoués, fils de gens qui auraient dû être exterminés, gazés, cramés, cendres dispersées ; fils de rescapés, fils de survivants passés à travers les mailles des barbelés. Fils d'emmerdeurs et même pire : fils d'emmerdés.
Alors qu'il est enfant, l'auteur apprend qu'il est juif et fils de déportés. Il va grandir avec Auschwitz-Birkenau dans son sac à dos.
Ses parents, Alex et Leni, lui transmettront des principes ouverts et éclairés : pour tracer son propre chemin, il faut savoir d'où l'on vient.
À l'aube de sa seconde vie, en plein hiver, l'auteur décide de partir seul en voyage à Auschwitz. Il a besoin de fixer la gueule de l'abîme les yeux dans les yeux.
Juif de personne est un livre enflammé, souvent drôle, souvent poignant, souvent les deux à la fois. C'est un livre d'amour filial, sur la construction d'une identité et le défi de rester libre et d'oser l'imprudence.
Quel livre, quel souffle !
Le titre m'avait interpellée, je ne suis ni juive ni de personne, alors comment être juif de personne ?
Des livres sur les juifs, des livres de juifs, j'en ai lu des tonnes, de l'histoire, la Shoah, après, comment, pourquoi, les chefs d’œuvre d'Aaron Appelfeld, d'Elie Wiesel, des romans, des biographies, enfin..
Celui là, dont d'ailleurs je ne lis nulle part de critique, il va faire le tour de mes amies et de ma famille :
Il commence gentiment, nous sommes même prévenus qu'il peut nous tomber des mains !
Eh bien moi, il ne m'est pas tombé des mains, c'est moi qui l'ai posé, à plusieurs reprises même , pour respirer, pour sortir, téléphoner et le proposer à une amie, lui expliquant qu'alors même que je pensais avoir lu tout ce qu'il fallait, celui là me scotchait, me bouleversait et je n'étais pas au bout de mes surprises.
On rit, beaucoup d'humour, juif, bien sur, au deuxième ou troisième degré en suivant les révoltes d’adolescent de Michel, fils de dèpes, de tatoués, qui ne veut pas être juif, ou alors un juif par choix, pas par obligation, il devient adulte et mûrit, lentement jusqu'à une décision radicale : partir en vacances, seul ! Pour la première fois de sa vie !!
Et là, commence une deuxième partie, encore plus émouvante que la première, là encore, on s’arrête, on pause, lui aussi .
Et ce livre qui avait l'air d'un petit livre léger avec traits d'humour devient lourd, pesant, bouleversant, perturbant et vous en sortez hors d'haleine, mais pleins de reconnaissance, comme l'auteur , envers des belles personnes comme ses parents, qui ont su donner la vie à un futur noir et sombre, qui ont eu la capacité de vivre mais de transmettre également à leurs fils l'envie de poursuivre leur chemin de juif en toute liberté, par choix personnel !
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