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Journal de mes rencontres ; un cycle de tragédies

Couverture du livre « Journal de mes rencontres ; un cycle de tragédies » de Iouri Annenkov aux éditions Syrtes
  • Date de parution :
  • Editeur : Syrtes
  • EAN : 9782940523467
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Iouri Annenkov (1889-1974), peintre et dessinateur, a vécu une longue vie d'une richesse et d'une intensité inouïes. Fils d'un révolutionnaire proche de l'organisation terroriste La Volonté du peuple, il connut la prison, le bagne et la relégation, fréquenta Lénine, accéda ensuite à une certaine... Voir plus

Iouri Annenkov (1889-1974), peintre et dessinateur, a vécu une longue vie d'une richesse et d'une intensité inouïes. Fils d'un révolutionnaire proche de l'organisation terroriste La Volonté du peuple, il connut la prison, le bagne et la relégation, fréquenta Lénine, accéda ensuite à une certaine aisance puis tomba en disgrâce à l'époque soviétique pour avoir refusé de prendre en charge le Commissariat du Peuple aux Assurances, Annenkov se fit renvoyer du gymnase pour avoir commis en 1905-1906 des caricatures antigouvernementales dans une revue prorévolutionnaire illégale. Contraint de s'exiler en France en 1924, Annenkov fait revivre dans son ouvrage le souvenir des personnages qu'il a fréquentés :
Gorki, Blok, Akhmatova, Essenine, Lénine, Maïakovski, Pasternak, Trotski et tant d'autres. À chaque souvenir correspond un portrait, dessiné d'un trait épuré, faisant écho à la réminiscence idéalisée de ces artistes et penseurs.
Cycle de tragédies, tel est le sous-titre qu'Annenkov donne au Journal de mes rencontres et, de fait, elles sont innombrables : suicide d'Essenine, de Maïakovski, de Piast. Gorki est empoisonné, Goumiliev, Pilniak, Babel, Meyerhold sont fusillés, Blok, Zochtchenko et Pasternak meurent de chagrin et d'épuisement.
Zamiatine fait l'objet d'une chasse à l'homme avant d'obtenir le droit d'émigrer. Victimes de tracasseries sans nombre, mis au ban de la vie publique, d'autres courbent l'échine ou se réfugient dans le silence (Akhmatova, Malevitch, Poudovkine). D'autres, enfin, choisissent l'émigration avec toutes les difficultés qu'implique l'exil.
Dans son livre, Annenkov ne cesse de dresser des nomenclatures de lieux, de dates, de nourritures, d'égrener des listes de noms. Ce goût du catalogue était répandu dans la première émigration. C'était une façon de faire revivre les absents, de recréer la matérialité d'une existence envolée, de préserver la mémoire. Annenkov rappelle ainsi à la vie ceux qui ont jalonné sa longue existence, revisite les lieux qu'il a aimés, et surtout Saint-Pétersbourg. Il ne se lasse pas d'en nommer les rues, les avenues, les restaurants, de citer les vers d'Akhmatova, de Blok, de G. Ivanov, le « texte de Saint-Pétersbourg », la ville du brouillard, la ville en brouillard qui risque à tout instant de se dissiper comme un rêve et que seule l'écriture peut amarrer au réel. Il revit les entreprises communes, tente d'arracher choses et hommes au néant et à l'oubli.
Livre-témoin, empli de tendresse à l'égard de ces bâtisseurs damnés, enfants d'un siècle tragique, Journal de mes souvenirs est une oeuvre unique, faisant revivre au fil des phrases et des esquisses une époque oubliée et pourtant génitrice du xxe siècle.

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