Comme pour prendre ses distances avec lui-même, l'auteur a sous-titré son livre : " Carnet de Lino Sapide ". En effet, ces proses étranges embarquent le lecteur dans de drôles d'aventures où il peut se perdre. Dans sa préface, Sylvie Durbec évoque à juste titre les univers de Lewis Caroll et de Pierre Autin-Grenier. Assurément ! On pourrait même les compléter avec ceux de Pierre Bettencourt et de Marcel Béalu, poètes qu'un éditeur avisé ferait bien de rééditer. Denis Guillec, quant à lui, souhaite surprendre. Par l'entremise d'une langue dense, il zigzague entre les obstacles inattendus que sont un cerf ridiculisé par un brame de poète, un saule pleureur devenu rieur ou un bizarre poil de nez devenu poil de pouce. Son " je " se transforme en " jeu ", jeu de rôle sans rôles ou jeu de l'oie hors les lois. Transformations et métamorphoses sont le lot commun de cet aventurier de l'imaginaire, de ce " taxidermiste du fugace " tel qu'il s'autoproclame. Enfin apaisé, on peut penser qu'il retrouvera la " saveur de la plénitude du silence après la nausée du caquetage social ".
© Georges Cathalo
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