" On s'habitue à être surhumain, et très vite on comprend que ce n'est qu'une des multiples façons que la vie a trouvées pour nous dire qu'on est un inadapté. " Margot est une jeune orpheline timide et solitaire. Un jour, elle découvre sa véritable nature : elle est douée de capacités extraordinaires. Ces pouvoirs la terrifient, elle les dissimule jusqu'à ce qu'un événement tragique la contraigne à se dévoiler. On lui demande alors de mettre ses dons au service de l'humanité. Sa vie se partage désormais entre son quotidien de jeune fille espiègle et des missions d'une grande violence. Adulée et crainte, elle devient une icône. Mais peut-on sauver le monde si l'on s'y sent étranger ?
En s'inspirant de l'univers des superhéros, Martin Page se réapproprie les codes habituels du genre. Captivant, bouleversant, Je suis un dragon est un roman sur la puissance de la fragilité et sur la possibilité de réinventer sans cesse nos vies.
Frais et touchant. Une façon plus réaliste d'aborder une vie de super héros.
Jamais je n'aurais pensé tomber sous le charme de ce roman. Le titre "Je suis un dragon"qui me fait irrémédiablement penser à un roman d'héroïque fantasy un genre que je n'affectionne guère m'a d'abord fait quelque peu douter. Et je l'avoue bien volontiers avoir été décontenancée lorsqu'au début de l'intrigue j'ai réalisé que la jeune Margot était dotée de pouvoirs, qu'elle n'était pas complètement pas complètement humaine, mais bien une espèce de superhéroïne que les grands de ce monde allait entraîner, grimer, utiliser avec pour ambition avouée de sauver le monde, de le débarrasser de ces mauvais éléments (en fait, servir leur intérêt, et augmenter leur puissance géopolitique). Pourtant j'ai dévoré ce roman sans jamais le reposer...
On l'aura bien compris, ce roman de Pit Agarmen le nom d'emprunt de l'écrivain Martin Page est aux confins de plusieurs genres littéraires qui paraît à mille lieues de ce que l'auteur écrit habituellement. Et pourtant, ce roman polymorphe n'en est pas moins passionnant. Porté par une écriture fluide, il empreinte aux différents codes littéraires pour proposer une critique de nos sociétés consuméristes, mondialisées, dans lesquels les politiques servent plus leurs intérêts personnels, que ceux des populations. L'auteur porte un regard à la fois humoristique, tendre et presque désabusé sur notre monde. Un regard qui interroge et interpelle d'emblée le lecteur.
Mais c'est aussi un roman intimiste et c'est en cela qu'il touche autant, un roman qui évoque avec beaucoup de sensibilité cette fragilité qui nous constitue tous, et qui sans que nous en soyons conscients est aussi l'une de nos plus grandes richesses : à la fois armure et moteur de nos vies.
"Je suis un dragon" est un roman malin plein de tendresse et de violence aussi, une fable jubilatoire beaucoup moins anodine qu'il n'y paraît. Lorsque l'on croise la route de Margot, on ne l'oublie pas...
A bien chercher, on a tous des super pouvoirs, capables de mille choses, de se lever et de vivre.
Margot, elle, est invincible. Quelques hommes de pouvoir en feront leur objet, lui enfilant un collant et une cape, tout droit sorti d’un Marvel. Sauver le monde, mission unique d’une petite fille de 13 ans.
Sauver le monde, absoudre les hommes de leurs responsabilités, faire taire les méchants.
Comme un Sauveur sur qui on s’appuierait pour excuser les pauvres mortels que nous sommes de nos agissements.
En faire un objet de culte, des produits dérivés. L’asservir.
Margot grandit, Margot se construit.
Margot ne veut pas, ne veut plus, veut juste être elle. Margot rêve, aime.
Margot veut vivre, vivre SA vie, loin de ce rôle qu’on lui fait tenir.
Martin Page s’empare des codes des Comics, d’un récit que l’on pourrait croire enfantin pour les détourner, pour servir un récit loin du joli film américain à la gloire du plus fort.
A l’inverse, Martin Page (alias Pit Agarmen) dresse l’éloge de la fragilité, met en scène les aspirations intimes de chacun, la difficulté à vivre selon les codes imposés, la liberté de tous d’être soi, la difficulté d’être soi, le combat de chaque instant pour vivre selon ses propres aspirations. Le tout accompagné d’une critique percutante, intelligente et caustique de la société et de ses dérives, du pouvoir et de ses manipulations.
Et parce que l’humanité n’a pas besoin d’un sauveur, mais de milliards de sauveurs, que chacun prenne ses responsabilités sans attendre que le suivant ou le voisin le fasse.
Un roman initiatique singulier et drôle, féministe aussi. Touchant surtout.
L’univers de Martin Page, toujours décalé et lumineux, comme un monde à part mais entièrement nous, servi par une plume facétieuse et humain est, une nouvelle fois, déployé avec talent.
Un roman à lire par tous, grands et plus jeunes, pour se souvenir que nous sommes les seuls responsables de nos choix et qu’il faut rester debout, lutter toujours pour vivre la vie, la nôtre. L’unique.
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