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Robert Brasillach est le seul écrivain notoire qui, pour avoir collaboré avec les nazis, a été fusillé. L'enquête sur son cas se lit comme un roman, riche en personnages hauts en couleur. Brasillach fait partie de l'élite intellectuelle formée par l'École normale supérieure. Il est bientôt fasciné par l'Allemagne nazie, sa violence, sa théâtralité. Il va diriger Je suis partout, hebdomadaire férocement antisémite, pro-nazi, dénonciateur de Juifs et de résistants. Mais on ne le jugera pas pour ses opinions. On le condamnera pour trahison. En janvier 1945, si Paris est libéré, la guerre n'est pas finie. C'est dans ce climat tendu que s'ouvre son procès. Alice Kaplan le raconte telle une pièce de théâtre où trois vedettes s'affrontent : Brasillach, le procureur Reboul et l'avocat Jacques Isorni, le propos s'éclairant de l'histoire personnelle et parfois du roman familial des protagonistes. L'auteur a eu accès au dossier de recours en grâce soumis au général de Gaulle et rapporte les cas de conscience, les acceptations et les refus des célébrités à qui l'on a demandé de signer en faveur du condamné. Pourquoi Camus a signé et Simone de Beauvoir a refusé. On découvre comment la mort de Brasillach va peser sur le destin de tous les personnages qui ont été mêlés à son procès. Et comment elle a continué à alimenter les débats intellectuels sur la responsabilité de l'écrivain.
C’est un texte remarquable ! Saluons la performance. Alice Kaplan est une universitaire et connaît son travail. Elle ne laisse rien au hasard, explore toutes les pistes afin de donner un portrait très complet de Robert Brasillach mais aussi de son avocat Jacques Isorni et du procureur Marcel Reboul.
Pourtant, il existe un réel défaut dans cet ouvrage, défaut qui m’a embarrassé tout le long de ma lecture. C’est un peu comme être convié dans un lieu exceptionnel alors qu’une migraine ne cesse de vous tarauder.
Ce travers est un certain manquement à la déontologie de l’historien : Alice Kaplan n’est pas, à mes yeux, irréprochablement impartiale. Robert Brasillach a écrit et dirigé l’hebdomadaire "Je suis partout" , où il a exprimé fréquemment et satiriquement ses idées pro-nazies. Cependant, les termes d’accusation énoncés lors de son procès sont limpides : il ne s’agissait pas de le juger pour ses opinions, il a été condamné pour trahison.
Or notre professeur ne cesse de revenir sur les opinions fascisantes de Brasillach. Elle décortique, tel un légiste, ses idées pour n’en retenir au final qu’une seule : son antisémitisme ! Elle l’analyse, l’examine, le dissèque, le résume jusqu’à ne garder que ce côté de sa personnalité et de conclure qu’il a été fondamentalement antisémite, le reste n’étant qu’accessoire.
Un historien n’a pas à se laisser dominer par ses convictions ou ses points de vue ! La faiblesse d’Alice Kaplan se trouve bien là et c’est regrettable.
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