C’est le moment de découvrir tous les romans en sélection pour la 11e édition du Prix…
Lui est récemment promu à la tête des entreprises familiales, personnage sinistre et cynique, jaloux de son frère peintre, cultive l'art de soumettre et de se soumettre, de servir l'Empire et ses valeurs. Il n'a d'autre ambition que la restauration de ce qu'il appelle « la grandeur du pays » quand son frère rêveur fait l'artiste, aime, désire. Cultive ainsi de vaines activités, néfastes à l'ordre général. La joie de l'un éveille l'irrita- tion voire la détestation de l'autre. De cette faille entre les deux frères naît inévitablement un déséquilibre, et beaucoup d'imprévu. Surtout si un cirque s'installe en ville...
La population apprend qu'un groupe de fauves s'est échappé durant la nuit. Introuvables, les bêtes sont au centre de toutes les conversations et objet de toutes les craintes. Les habitants seront entièrement tournés vers la défense et la préservation de leur intégrité individuelle, leur attention exclusivement diri- gée vers ce danger inédit. Le climat de terreur où les fauves ont plongé la population, constitue l'occasion formidable de l'apparition d'un discours jusque-là souterrain.
Bertrand Belin réussit une étrange fable romanesque, dans un contexte imaginaire, à une époque à la fois lointaine et très proche de la nôtre. Cette situation de crise présente beaucoup d'analogies avec le climat auquel sont soumises aujourd'hui comme hier les populations, climat où la peur, amplifiée par les discours politiques opportunistes, tient lieu de carburant à l'Histoire. Bertrand Belin dépeint un monde dominé par la peur de l'autre et la cruauté, les soupçons, et qui soudain bascule dans un rêve éveillé.
L'inquiétude se propage avec la rumeur. Qui a peur, à présent, d'être dévoré ? Et par qui ?
C’est le moment de découvrir tous les romans en sélection pour la 11e édition du Prix…
Lu dans le cadre du prix des libraires Folio Télérama de 2021.
Peinture sociétale sous forme de conte où les personnages sont nommés par leur fonction et dont les principaux sont : « le nouveau directeur des entreprises de grosse et petite quincaillerie, boulons, ressorts, roues dentées, rondelles, étaux et clous, myriades de minuscules pièces mécaniques », « le valet de cage », « le peintre », « le fondateur ». Dans un univers un peu glauque, des antagonismes surgissent entre le bourgeois aux idées étriquées (le promu) mais qui détient le pouvoir et son frère artiste (le peintre) qui symbolise la débauche et le superflu. le valet de cage est le sans grade, ignoré de tous par lequel survient la fuite des grands carnivores et qui culpabilise en étant convaincu qu'il a fait normalement son travail. L'écriture, avec ses phrases longues, voire très (trop) longues rendent difficile la lecture d'un texte pourtant court et la forme qui recherche sans doute l'originalité nuit finalement au fond, pourtant potentiellement attrayant.
Tableau d’une société qui pourrait être la nôtre, Grands carnivores confirme tout le talent d’écriture de Bertrand Belin qui publie là son troisième roman après Requin et Littoral. C’est la première fois que je le lis alors que je l’ai vu et apprécié sur scène à plusieurs reprises dont cet hommage émouvant à Paul Otchakovsky-Laurens (P.O.L.) son éditeur, avec Rodolphe Burger, aux Correspondances de Manosque 2018. Quelques années auparavant, un film lui avait été consacré et avait été projeté au Train-Cinéma de Portes-lès-Valence.
Bertrand Belin étonne, subjugue dans ses chansons aux textes parfois énigmatiques mais toujours très poétiques et soutenus par une musique envoûtante. Quand il écrit un roman, il en est de même.
Dans Grands carnivores, il ne cite aucun nom, présente ses personnages en les nommant par leur fonction ou leur rôle : le valet de cage, le peintre, le fondateur, le récemment promu… Je ne sais pas où il m’emmène, quelle est cette ville qui pourrait être n’importe laquelle de nos cités tentaculaires avec ces quartiers où sont rangés les gens suivant leur classe sociale comme dans le Labyrinthe pour les plus démunis. Pour le pays, il parle simplement de l’Empire et je n’ai pas envie d’y vivre !
Le récemment promu nouveau directeur des entreprises de boulons… trouve dans le fondateur quelqu’un d’encore plus obtus que lui, d’encore plus réactionnaire. Mais lui est surtout torturé par son frère, le peintre, qui réussit dans son art au mépris de toutes les rigueurs et disciplines qui semblent indispensables aux dirigeants.
Pour compléter le tableau et transformer le roman en fable grinçante, il y a ce cirque qui s’installe et dont le valet de cage, le premier soir, laisse échapper les fauves… Enfin, lui n’est pas d’accord avec cette version, il répète comme un mantra : « J’ai fait la merde, changé un os, la paille, refait les bassines et j’ai donné mon coup de clef. J’ai donné mon coup de clef et je suis rentré prendre ma soupe. »
Les fauves sont dans la ville, la peur s’installe, la peur gouverne et les puissants espèrent que lions et tigres, on ne sait pas très bien, s’en prendront aux plus faibles, aux isolés, aux malades.
Grands carnivores passe au scanner notre société. Son style épuré, ses formules qui reviennent comme des refrains m’ont permis de réfléchir à notre monde et, surtout, ce roman se révèle d’une criante actualité dans l’après confinement que nous vivons.
Le livre est court mais la prose de Bertrand Belin me hante encore et je sais que, dès que l’occasion se représente – les spectacles, les concerts reprendront bien un jour ! – je retournerai baigner dans sa poésie et sa musique envoûtantes.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Je connais Bertrand Belin comme chanteur, guitariste, et j’ai pu l’apprécier sur scène, notamment aux Correspondances de Manosque 2018 où il rendait hommage à P.O.L, Paul Otchakovsky Laurens. Je l’apprécie énormément.
Mais Bertrand Belin écrivain, je ne connaissais pas. C’est grâce à Lecteurs.com et aux éditions P.O.L que je remercie chaleureusement, que j’ai découvert, son troisième roman, déjà : Grands carnivores.
Ils sont deux frères que l’on pourrait qualifier de frères ennemis. Ils s’opposent et se méprisent. Ils ne sont jamais nommés si ce n’est par leur fonction. L’un, cynique, à force de bassesses, a été promu nouveau directeur d’une entreprise de boulons, ressorts, roues dentées, gonds, pointes et diverses pièces mécaniques et sera nommé tout au long du roman « Le récemment promu nouveau directeur ». L’autre, son frère cadet, est artiste peintre. Il est insouciant, rêveur, aime la fête et picoler.
Un cirque s’est installé dans la ville et voilà que les fauves se sont échappés ! C’est une vraie fable que Bertrand Belin nous livre, une fable très ironique où les grands carnivores ne sont peut-être pas les lions, tigres et autres fauves mais plutôt les humains, qui, à des degrés divers, sont devenus des prédateurs.
J’ai beaucoup aimé ce roman en forme de parabole politique assez mélancolique. Le texte est servi par de belles phrases assez longues mais où chaque mot résonne à sa juste place. Le vocabulaire est également très riche. Les répétitions faites pour appuyer les dires et les caractères des personnages servent admirablement le récit et en font une sorte de farce. Un roman original.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2019/04/grands-carnivores-de-bertrand-belin.html
L'histoire se déroule dans une société nommée l'Empire. Y vivent deux frères ennemis que tout oppose. L’aîné est un capitaliste, le cadet est un artiste. Dans ce roman aucun des personnages n'est désigné par son nom ou son prénom, ils sont nommés par leur fonction. L’aîné est appelé le récemment promu à la tête de l'entreprise locale de boulons et ressorts, il va bientôt succéder au fondateur de son entreprise et n'éprouve que mépris pour son frère cadet, artiste peintre un peu bohème. La promotion de l’aîné constitue pour lui une revanche sur son jeune frère dont il a toujours été jaloux car contrairement à lui, il a été aimé par ses parents.
Un jour un cirque vient s'installer dans la ville et une nuit les fauves s'échappent... Dompteur, lionnes et tigres restent introuvables, les grands carnivores errent en ville, la peur grandit...
Ce court roman relate le combat entre deux frères ennemis, une sorte de combat de fauves. Traité sous la forme d'un conte, on relève de multiples correspondances avec l'actualité dans cette société où règne un certain malaise. Si la parabole d'une société dominée par la peur de l'autre est intéressante, le style assez lourd m'a rendu la lecture pénible. Le thème me plaisait, le parti pris de ne donner aucun nom, aucun prénom, induisant que cela pourrait être chacun d'entre nous était intéressant mais j'ai été déçue par ce roman trop loufoque pour me séduire.
Ce roman fait partie de la première sélection du prix Orange.
C'est le roman de deux frères. Ils pourraient s’appeler Caïn et Abel, mais dans le conte imaginé par Bertrand Belin, ils n’ont pas de nom. On comprend toutefois que tout les oppose. Dans ce petit Empire, qui n’est pas situé non plus, le premier occupe une position privilégiée. Il vient d’être promu nouveau directeur des entreprises de boulons et autres fabrications métalliques du même genre. Très vite, l’auteur va le parer de toutes les plumes du paon: patriarche, notable, arriviste, «asservisseur patenté», serviteur de l’ordre et de la discipline et haïssant par conséquent les «parasites» dont fait partie son «barbouilleur» de frère.
On l’aura compris, le second est artiste-peintre. De joyeuse nature, se souciant peu du lendemain et préférant l’amour à la discipline, la fête à la rigueur, il se réjouit de l’arrivée d’un cirque en ville.
Mais le spectacle n’est pas celui qui est au programme des saltimbanques. L’information qui court dans la ville est que les cages du cirque ont été ouvertes et que les animaux se sont enfuis. Les grands carnivores erreraient en liberté dans les rues.
Face au danger, le premier réflexe est de rester sagement chez soi. Mais très vite la curiosité devient la plus forte. Chacun a envie de savoir comment et qui viendra à bout de ces bêtes.
Le directeur entend s’appuyer sur la peur pour faire régner l’ordre, édicter des lois sévères, interdire tous les fauteurs de troubles. Il n’est pas besoin de regarder bien loin pour trouver des correspondances avec l’actualité, y compris dans les dérapages verbaux. À moins que les outrances ne finissent par se retourner contre ceux qui les profèrent… Car à y regarder de plus près, il semble bien que les grands carnivores ne soient pas seulement en voie de disparition, mais qu’ils aient bel et bien disparu.
Bertrand Belin joue avec subtilité sur la dichotomie, celle des frères ennemis, celles de ces animaux aussi menaçants que menacés pour nous offrir une jolie réflexion politique baignant dans un climat très troublé.
https://collectiondelivres.wordpress.com/2019/03/18/grands-carnivores/
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