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Lu dans le cadre du prix des libraires Folio Télérama de 2021.
Peinture sociétale sous forme de conte où les personnages sont nommés par leur fonction et dont les principaux sont : « le nouveau directeur des entreprises de grosse et petite quincaillerie, boulons, ressorts, roues dentées, rondelles, étaux et clous, myriades de minuscules pièces mécaniques », « le valet de cage », « le peintre », « le fondateur ». Dans un univers un peu glauque, des antagonismes surgissent entre le bourgeois aux idées étriquées (le promu) mais qui détient le pouvoir et son frère artiste (le peintre) qui symbolise la débauche et le superflu. le valet de cage est le sans grade, ignoré de tous par lequel survient la fuite des grands carnivores et qui culpabilise en étant convaincu qu'il a fait normalement son travail. L'écriture, avec ses phrases longues, voire très (trop) longues rendent difficile la lecture d'un texte pourtant court et la forme qui recherche sans doute l'originalité nuit finalement au fond, pourtant potentiellement attrayant.
Pqs accroché
Tableau d’une société qui pourrait être la nôtre, Grands carnivores confirme tout le talent d’écriture de Bertrand Belin qui publie là son troisième roman après Requin et Littoral. C’est la première fois que je le lis alors que je l’ai vu et apprécié sur scène à plusieurs reprises dont cet hommage émouvant à Paul Otchakovsky-Laurens (P.O.L.) son éditeur, avec Rodolphe Burger, aux Correspondances de Manosque 2018. Quelques années auparavant, un film lui avait été consacré et avait été projeté au Train-Cinéma de Portes-lès-Valence.
Bertrand Belin étonne, subjugue dans ses chansons aux textes parfois énigmatiques mais toujours très poétiques et soutenus par une musique envoûtante. Quand il écrit un roman, il en est de même.
Dans Grands carnivores, il ne cite aucun nom, présente ses personnages en les nommant par leur fonction ou leur rôle : le valet de cage, le peintre, le fondateur, le récemment promu… Je ne sais pas où il m’emmène, quelle est cette ville qui pourrait être n’importe laquelle de nos cités tentaculaires avec ces quartiers où sont rangés les gens suivant leur classe sociale comme dans le Labyrinthe pour les plus démunis. Pour le pays, il parle simplement de l’Empire et je n’ai pas envie d’y vivre !
Le récemment promu nouveau directeur des entreprises de boulons… trouve dans le fondateur quelqu’un d’encore plus obtus que lui, d’encore plus réactionnaire. Mais lui est surtout torturé par son frère, le peintre, qui réussit dans son art au mépris de toutes les rigueurs et disciplines qui semblent indispensables aux dirigeants.
Pour compléter le tableau et transformer le roman en fable grinçante, il y a ce cirque qui s’installe et dont le valet de cage, le premier soir, laisse échapper les fauves… Enfin, lui n’est pas d’accord avec cette version, il répète comme un mantra : « J’ai fait la merde, changé un os, la paille, refait les bassines et j’ai donné mon coup de clef. J’ai donné mon coup de clef et je suis rentré prendre ma soupe. »
Les fauves sont dans la ville, la peur s’installe, la peur gouverne et les puissants espèrent que lions et tigres, on ne sait pas très bien, s’en prendront aux plus faibles, aux isolés, aux malades.
Grands carnivores passe au scanner notre société. Son style épuré, ses formules qui reviennent comme des refrains m’ont permis de réfléchir à notre monde et, surtout, ce roman se révèle d’une criante actualité dans l’après confinement que nous vivons.
Le livre est court mais la prose de Bertrand Belin me hante encore et je sais que, dès que l’occasion se représente – les spectacles, les concerts reprendront bien un jour ! – je retournerai baigner dans sa poésie et sa musique envoûtantes.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Je connais Bertrand Belin comme chanteur, guitariste, et j’ai pu l’apprécier sur scène, notamment aux Correspondances de Manosque 2018 où il rendait hommage à P.O.L, Paul Otchakovsky Laurens. Je l’apprécie énormément.
Mais Bertrand Belin écrivain, je ne connaissais pas. C’est grâce à Lecteurs.com et aux éditions P.O.L que je remercie chaleureusement, que j’ai découvert, son troisième roman, déjà : Grands carnivores.
Ils sont deux frères que l’on pourrait qualifier de frères ennemis. Ils s’opposent et se méprisent. Ils ne sont jamais nommés si ce n’est par leur fonction. L’un, cynique, à force de bassesses, a été promu nouveau directeur d’une entreprise de boulons, ressorts, roues dentées, gonds, pointes et diverses pièces mécaniques et sera nommé tout au long du roman « Le récemment promu nouveau directeur ». L’autre, son frère cadet, est artiste peintre. Il est insouciant, rêveur, aime la fête et picoler.
Un cirque s’est installé dans la ville et voilà que les fauves se sont échappés ! C’est une vraie fable que Bertrand Belin nous livre, une fable très ironique où les grands carnivores ne sont peut-être pas les lions, tigres et autres fauves mais plutôt les humains, qui, à des degrés divers, sont devenus des prédateurs.
J’ai beaucoup aimé ce roman en forme de parabole politique assez mélancolique. Le texte est servi par de belles phrases assez longues mais où chaque mot résonne à sa juste place. Le vocabulaire est également très riche. Les répétitions faites pour appuyer les dires et les caractères des personnages servent admirablement le récit et en font une sorte de farce. Un roman original.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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