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Grand frère est chauffeur de VTC. Enfermé onze heures par jour dans sa « carlingue », branché en permanence sur la radio, il rumine sur sa vie et le monde qui s'offre à lui de l'autre côté du pare-brise.
Petit frère est parti par idéalisme en Syrie depuis de nombreux mois. Engagé comme infirmier par une organisation humanitaire musulmane, il ne donne plus aucune nouvelle.
Ce silence ronge son père et son frère, suspendus à la question restée sans réponse : pourquoi est-il parti ?
Un soir, l'interphone sonne. Petit frère est de retour.
Dans ce premier roman incisif, Mahir Guven alterne un humour imagé et une gravité qu'impose la question du terrorisme. Il explore un monde de travailleurs uberisés, de chauffeurs écrasés de solitude, luttant pour survivre, mais décrit aussi l'univers de ceux qui sont partis faire le djihad en Syrie : l'embrigadement, les combats, leur retour impossible en France... Émerge ainsi l'histoire poignante d'une famille franco-syrienne, dont le père et les deux fils tentent de s'insérer dans une société qui ne leur offre pas beaucoup de chances.
" La vie est trop courte pour s'enfermer à vingt-cinq ans dans une blouse, dans un hôpital à Paris. Je voulais l'aventure, la vraie. Dieu me tendait la main, à moi de la saisir."
Excellent.
Roman social et psychologique déroutant, percutant, bluffant, Grand frère est un premier roman sacrément maîtrisé.
Déroutant pour moi en raison du vocabulaire employé, un mélange d'argot, d'arabe, de sabir des cités donnant naissance à une langue brute et râpeuse, violente et imagée. Heureusement qu'il y a un glossaire en fin de livre !
Percutant car il donne à voir sans masques ni faux semblants une réalité qu'il est beaucoup plus confortable d'ignorer, celle de tous ces émigrés arrivés en France dans l'espoir d'une vie meilleure et à qui la société ne laisse pas vraiment de chance, de toute ces générations nées en France mais coincées entre deux cultures et qui ne trouvent pas plus leur place.
Bluffant dans sa construction et la tension psychologique croissante qui accompagne l'histoire. Bluffant aussi par cette fin que je n'ai pas vue venir et que j'ai trouvée excellente.
Grand frère raconte sa vie depuis sa voiture (il est chauffeur Uber), son quotidien, ses galères, son père chauffeur de taxi syrien jamais remis de la mort trop précoce de sa femme bretonne, qui cuisine pour son fils pour lui transmettre un peu de sa culture, sa grand-mère rapatriée d'Alep installée dans une maison de retraite, son frère plus jeune, plus intellectuel, infirmier, parti depuis trois ans en Syrie, dont ils sont sans nouvelles. En écho et en alternance de chapitre, Petit frère raconte son quotidien à lui, très crédible et plutôt terrifiant de mon point de vue...
Personnellement, en raison du vocabulaire utilisé, j'ai trouvé ce roman difficile à lire, question de génération sans doute, bien qu'il soit terriblement efficace et d'une finesse psychologique remarquable ! J'avoue que la fin m'a bluffée et que du coup j'en ai oublié mes réticences ou les pauses qui m'ont été nécessaires au cours de ma lecture... Un auteur à suivre...
Grand Frère, c’est celui qui, après une jeunesse agitée faite de trafics et de petits délits, a choisi de se ranger et fait désormais des journées à rallonge au volant de sa voiture pour gagner sa vie comme chauffeur VTC. Le petit frère, lui, après être devenu infirmier, a progressivement glissé dans la religion, fréquenté les milieux intégristes de l’Islam et a finalement décidé de partir en Syrie par idéal et pour se rendre utile en soignant ceux qui en avaient tant besoin. Ce départ en Syrie hante les pensées du grand frère et il tente de comprendre comment tout a pu basculer, en rejouant le film de leur enfance et de leur histoire familiale, de leur passé qui les relie à la Syrie, ce pays que leur père a dû fuir jeune. En parallèle, le petit frère raconte ces rencontres qui l’ont fait dévier d’une vie calme et toute tracée en France, la décision de partir, le voyage et le piège qui s’est refermé sur lui, son retour en France pour commettre le pire.
J’ai aimé ce récit à deux voix qui se répondent et nous laissent entrevoir, quelque part entre ces deux vérités, l’attachement fraternel très fort qui demeure au-delà de la colère et de l’incompréhension de chacun à l’égard des choix de l’autre. Le langage est celui des jeunes de banlieue (heureusement, il y a un glossaire !), il nous plonge dans le caléïdoscope de cette jeunesse aux facettes si variées et qui essaie de se frayer un chemin entre délinquance et intégrisme.
Grand frère est une belle découverte de cette saison des 68 premières fois, un livre que je n’aurais certainement pas lu sans qu’il me soit proposé et que j’aurais certainement refermé en jetant un œil sur quelques pages, rebutée par le langage. Je suis heureuse d’avoir franchi le pas et partagé ces moments avec ce Grand Frère.
Un bouquin coup de poing sur un sujet, très actuel, le destin d'une fratrie d'origine syrienne dans la société française partagée entre la débrouille, une certaine intégration dans une société et un univers globalement difficile et le retour à ses origines, ici se sentir une vocation de défenseur d'un peuple en guerre. Un destin différent entre deux frères ; pour l'un chauffeur VTC, accessoirement indic par contrainte, à son compte après un parcours de petit déliquant et son frère infirmier qui va vouloir chosir l'humanitaire en Syrie avant de glisser vers le terrorisme.
Conflit générationnel avec un père - chauffeur de taxi ayant choisi l'intégration la plus totale possible dans sa patrie d'adoption, peu sensible à la pratique religieuse et ses fils tous deux plus versés vers une certaine pratique de la religion musulmane mais aussi marqués par une société française de la banlieue assez inégalitaire.
Le lecteur est entrainé par des chapîtres courts par chacun de ces deux frères dans leurs évolutions, leurs choix de vie et d'orientation. A l'heure où le frère parti en Syrie revient en France après un parcours particulièrement chaotique et de plus en plus violent, quel est son véritable dessein, comment va t'il être perçu par ses anciens amis et son père ? Quels choix va devoir faire son frère pour sauvegarder les liens familiaux, pour éviter le pire s'il devait survenir, comment gérer les silences et les absences de son petit frère ?
De nombreuses pistes, constats de toute sorte sont autant de voies que le lecteur va devoir suivre avec une écriture parfois âcre et un certain suspense aménagé jusque dans les dernières page
"Tu n'as d'existence qu'au travers de ton empreinte sur la mienne. T'écrire, ce n'est rien d'autre que faire le tour de ton absence." - Annie Ernaux, "L'autre fille"
"C'est mon frère, l'homme que je déteste le plus au monde. Il a lu tout ça dans mon regard. Tout ce que je veux lui dire depuis dix ans. Un sourire d'adulte s'est dessiné sur son visage. Les Viêt-Cong cachés derrière ses paupières ont jailli et ont coulé le long du nez, de la bouche. Pour pas que je les voie, il m'a pris dans ses bras, a posé sa tête sur mon épaule, puis m'a soufflé à l'oreille : "Merci, pardon". C'est mon frère et je l'aime plus que tout."
De temps à autre, il arrive que, dans le choeur de louanges, s'élève une voix discordante, celle du lecteur qui a failli passer complètement à côté de sa lecture. Cette voix, je le confesse, c'est aujourd'hui la mienne.
Parfois, c'est affaire de sensibilité personnelle. Je suis persuadée, en effet, qu'il y a des écritures avec lesquelles nous avons quelques affinités et d'autres non. Il se peut qu'on manque un rendez-vous avec un auteur et cela n'augure en rien de nos retrouvailles futures.
Parfois, c'est tout autre chose.
C'est tout autre chose avec "Grand frère", lauréat du prix Goncourt du premier roman, du prix Régine Deforges, du prix Première et du prix ADELF en 2018, sélectionné pour le Médicis 2017 (qui est finalement allé à Yannick Haenel pour "Tiens ferme ta couronne") : plus qu'une entrée fracassante en littérature, la reconnaissance unanime d'un talent !
Alors, pourquoi mon enthousiasme en demi-teinte ? pourquoi fais-je la difficile ?
Un obstacle m'a fait trébucher alors que j'étais encore au seuil du livre.
Un ? un seul ?
Oui. Mais non le moindre, et il a bien failli gâcher le reste de ma lecture, n'étaient les autres atouts, nombreux, de ce 1er roman.
Quels que soient les efforts méritoires de l'auteur pour ménager le suspense jusque dans les toutes dernières pages, j'ai soupçonné, hélas, à des indices lâchés – intentionnellement ? involontairement ? -, où Mahir Guven voulait me mener.
"Tu sais, frérot, je suis comme toi. J'ai deux moi."
Dès lors, le soufflé, refroidi, est assez vite retombé et je n'ai pas eu la même lecture que beaucoup qui vantent un suspense digne d'un thriller psychologique, même si "Grand frère" lorgne, par certains de ses aspects et avec bonheur, du côté du roman policier et du roman noir, très noir.
Par chance, ce 1er roman ne vaut pas que pour cette chute qui rate le coche du spectaculaire et de l'inattendu pour le lecteur assez alerte à repérer les réponses à tous ces "si" qui s'accumulent au fur et à mesure que progressent les récits de Grand frère et de Petit frère.
"La vie est une somme de si."
Fort heureusement, les dernières pages ouvrent sur un merveilleux champ de possibles, sur un message optimiste quant au rôle de la littérature. J'y reviendrai.
"Grand frère" est un roman dont les quelque 300 pages sont a(e)ncrées fermement dans notre époque. Pour autant, la littérature réaliste du XIXe siècle ne l'aurait pas renié. C'est une fiction, certes, qui a valeur de documentaire sur une frange de notre société, celle qui habite les quartiers défavorisés du 9-3 avec leurs petite et grande délinquances, leurs trafics de drogues plus ou moins dures et leurs réseaux de prostitution.
Dans ce roman écrit en double je, Mahir Guven n'esquive ni les questions sociales ni celles politiques d'aujourd'hui : la radicalisation, les attentats de "Charlie Hebdo" et du 13 novembre 2015, le conflit syrien, l'immigration, la difficile intégration de ceux qui ont fui leur pays en guerre et de la génération d'après.
"Pas de colonne vertébrale : ni vraiment français, ni vraiment syriens, ni vraiment autochtones, ni vraiment immigrés, ni chrétiens, ni musulmans. Des métèques sans savoir pourquoi on l'est."
Cette double voix qui s'exprime à la 1re personne est plus souvent celle de Grand frère que celle de Petit frère comme le laisse entendre le titre du roman. Les chapitres à l'intitulé minimaliste - Grand frère, Petit frère - et à la typographie différenciée signalent non seulement qui raconte, mais surtout révèlent combien ces deux hommes ont peu en commun alors qu'ils sont d'un même sang : un petit frère n'existe que parce qu'il y a un grand frère, et inversement, n'est-ce pas ? L'un peut-il vivre amputé de l'autre ?
Alors que le monologue intérieur de Petit frère suit le cours chronologique de qui sait où il va et pourquoi, celui de Grand frère est plus décousu et chaotique à l'image de ses errances dans Paris au volant de son VTC. Grand frère revient sur son passé de petit délinquant qui aurait pu mal tourner et qui d'ailleurs a évité la prison de peu. Il digresse, ressasse, remâche.
Anonymes parce qu'ils possèdent chacun une part d'universalité, il faudra attendre les dernières pages pour connaître leur prénom. Petit frère, c'est Hakim, "le juste, le sage" ; Grand frère s'appelle "Azad. C'est mon prénom. Chez nous, ça veut dire libre. Libre, je le suis. Pas dans la vie. Mais dans ma tête. L'esprit, c'est comme l'univers, il n'a pas de frontières, on peut l'agrandir sans cesse. Suffit d'inventer et de réinventer, et on peut se créer un monde avec pas grand-chose. Un cahier, un stylo et un ordinateur."
Grand frère, la trentaine, sans aucun diplôme en poche, est rentré du Tchad où il s'était engagé avec l'armée française avant qu'un médecin militaire ne lui signifie qu'il ne pouvait plus faire partie des effectifs. Pourquoi ? À vous de lire pour le découvrir ! de retour en France, il se prend à rêver d'une vie rangée et devient chauffeur de VTC avec la panoplie qui va avec : voiture, costume, chemise blanche, cravate...
Petit frère, appliqué et plus doué pour les études, a décroché son diplôme d'infirmier et oeuvre au bien de tous dans un hôpital parisien où on l'apprécie. Tout porte à croire qu'il est parfaitement intégré et il aurait pu faire la fierté de la famille s'il n'avait croisé le chemin de l'organisation humanitaire Islam & Peace, bouclé ses bagages en un tournemain et n'était parti au Cham sans même un regard pour ses proches. Médecin ou assassin ? ne cesse de s'interroger Grand frère. Et nous avec lui.
"La vie ? J'ai appris à la tutoyer en m'approchant de la mort. Je flirte avec l'une, en pensant à l'autre. Tout le temps, depuis que l'autre chien, mon sang, ma chair, mon frère, est parti loin, là-bas, sur la terre des fous et des cinglés. Là où pour une cigarette grillée, on te sabre la tête. En Terre Sainte. Dans le monde des gens normaux, on dit "en Syrie", avec une voix étouffée et le regard grave, comme si on parlait de l'enfer. le départ du petit frère, ça a démoli le daron."
Comme l'auteur né près de Nantes sans nationalité, de mère turque et de père kurde venus se réfugier en France, Grand frère et Petit frère sont deux êtres aux identités confuses : Bretons par leur mère morte prématurément et Syriens par leur père qui, comme son fils aîné, use ses journées sur le ruban d'asphalte au volant de son taxi. Ballotés dans cet entre-deux, difficile pour Grand frère et Petit frère de savoir quelle est leur place dans une société où les perspectives d'avenir manquent cruellement.
"La vie, c'est complexe. Les choix que l'on fait, les routes que l'on emprunte dépendent du boy caché au fond de notre cerveau. de la manière dont il se construit. Dont il s'enrichit jour après jour. Et de l'état d'esprit du moment. Y a des routes où tu peux faire demi-tour et d'autres où, quand tu y mets le pied, c'est fini. Et encore d'autres, où tu sais pas ce qu'il y aura au bout. La peur de rater quelque chose t'attire comme un aimant. Dans le doute, tu y vas."
Le doute. Ce mot colonise le texte comme il gangrène l'esprit de Grand frère.
Si dans ce roman tout sonne juste, c'est parce que la langue familière, orale, alliance de mots d'arabe et de verlan ne trahit pas ce dont elle nous parle. Écrit dans cet argot métissé des banlieues - un glossaire a d'ailleurs été inséré en fin d'ouvrage tant cette langue, "énergique et vivant[e]" nous est étrangère -, Grand frère scrute notre société, s'intéresse aux inégalités, à l'actualité, questionne l'identité, de manière d'autant plus authentique que la langue ne se dérobe pas.
"Sa vie est restée au cachot. Dans une zonz de doutes et de peurs. Il suffit de zoomer sur sa grotte et d'observer le soin qu'il porte à la préparation de la table pour se demander ce qu'il fout dans cet immeuble de chiens, dans ce quartier de crève-la-dalle, avec ces enfants de schlagues, une gueule de Pachtoune, des dents de gitan, et son métier de gadjo qui finira par lui faire pousser le bulletin pour Marine. Les gens pensent qu'on est feuj, wallahlaradim. Parce que tous les vendredis la table est dressée comme à l'Élysée. Mais rien à voir, de toute façon mon vieux dit qu'il est pas musulman, mais communiste. Et selon lui c'est pas une religion... Bref..."
Bref !
Enfin et avant tout – mais je ne pouvais guère commencer par là et vous en dirai le moins possible – "Grand frère" est un éloge à la force rédemptrice de la littérature face à l'absence.
"En trente ans, les rappeurs sont devenus les premiers vendeurs de disques dans ce pays. À une époque où on dit que les jeunes ne lisent plus, ce sont les seuls qui écrivent."
Grand frère écrit. Avec "un cahier, un stylo et un ordinateur". Pour cicatriser.
1er roman, lu pour la session anniversaire 5 ans des #68premieresfois. Il est le choix d'Odile d'Oultremont.
https://www.calliope-petrichor.fr/2020/02/14/grand-fr%C3%A8re-mahir-guven-le-livre-de-poche/
« Grand frère » est le premier roman de Mahir Guven, aux accents très actuels. Effectivement, il met en perspective deux grands frères banlieusards de Paris, dans un quotidien difficile. le grand frère est chauffeur Uber et son petit frère fait un stage dans un hôpital. du jour au lendemain, il part en Syrie soi-disant pour faire de l'humanitaire. Son grand frère le soupçonne alors d'être parti au djihad. le retour du petit frère va ébranler la famille, la relation entre les deux frères et un père absent, vide d'affection, égaré.
Je l'ai trouvé poignant, dérangeant surtout avec le vocabulaire de banlieue qu'emploie l'auteur et dont je n'ai point l'habitude de lire, malgré tout, ce roman fait prendre conscience des problèmes des banlieues où les jeunes sont perdus, s'égarent et s'enfoncent vers le pire sans les aider à tirer le meilleur d'eux-mêmes. Un premier roman réussi pour le coup et auréolé du Goncourt du premier roman, une récompense méritée, pour ce jeune auteur.
Découvert dans le cadre des 68 ères fois, j'ai vraiment accroché sur ce premier roman qui remet en perspective la relation filiale dans un contexte d'actualité brûlant. Comment le départ d'un frère pour la "Terre Sainte" fout en l'air une famille même celui qui lui tend la main à son "retour" en tant que repenti...
Bouleversant...Enchaînement de ces événements qui malheureusement nous rappellent à tous des moments terribles...
Quelle langue rythmée et colorée dans ce premier roman !
Les deux narrateurs sont deux frères élev5és dans une cité de banlieue, de père syrien arrivé en France pour faire ses études dans les années 80 et de mère bretonne décédée trop tôt. Après des démêlés avec la justice et un échec scolaire, Grand Frère est chauffeur de VTC . Durant ses courses, il commente sa vie précaire, les quartiers, son enfance, son addiction aux joints, son rapport à la religion, les copains, les femmes.
Petit Frère , infirmier, travaille dans un grand service hospitalier de Paris. Pétri d’humanisme, il se laisse embobiner par une ONG musulmane et part en Syrie en catimini où il pense apporter des soins indispensables aux civils blessés . Arrive sur place, il se trouve piégé parmi les combattants de l’Etat Islamique et organise un plan pour rentrer en France.
Gran Frère sera là pour l’accueillir et l’aider mais quelle solution quand on rentre de Syrie, sinon la prison ? Tous deux liés par une fraternité redoutable et invincible vont s’engager dans une lutte de survie.
Ce roman frappe par sa langue brute, déroutante, nerveuse. Il mélange l’argot, le verlan, le syrien, obtenant une mélodie spécifique qui nous accompagne le long du récit. Au début, le glossaire est utile pour suivre mais bien vite, on se laisse emporter par le flot de sonorités originales qui rendent le récit savoureux.
L’histoire démarre doucement en alternant les confidences des deux frères, puis devient plus tendue et oppressante en insufflant une intrigue digne d’un thriller en dernier partie , avec une fin étonnante.
J’ai beaucoup apprécié la description précise des banlieues urbaines : on y côtoie la drogue, les trafics , les imams, la pression policière, les kebabs du quartier, les copains fidèles .
Grand Frère illustre bien le problème du déracinement avec un père syrien et une mère bretonne; il ne sait se situer, se cherche dans la religion, se perd dans la drogue .Tout en étant lucide sur son mal être, il souhaite seulement un vue simple dans ce pays compliqué mais qui est le sien.
Je n’oublie pas le père, le Daron, accablé par son veuvage et le départ de son fils cadet, émouvant dans son maintien des traditions culinaires du pays, le dernier lien avec la Syrie disparue. Son manque de vocabulaire français pour exprimer son amour filial est remplacé par sa générosité culinaire.
Ce roman m’a émue par sa puissance, son humanité !
Je remercie 68PremieresFois pour cette lecture.
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