80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
« Le dogmatisme constitue l'état normal de l'intelligence ». Une telle formule ne nous paraît pas seulement venir du fond des âges, mais résumer en une métonymie parfaite les plus noires furies de l'histoire.
Elle ne sort pourtant pas des geôles d'une quelconque inquisition, mais des Considérations sur le pouvoir spirituel rédigées par le fondateur de la sociologie moderne, Auguste Comte. Aussi fantasque qu'il nous paraisse, son cas est loin d'être une rareté. Aux lendemains de 1789, ce n'est pas seulement l'ordre politique qui fut bouleversé, mais la situation même de l'esprit humain. Douloureusement tiraillé entre un Ancien Régime évanescent qu'il n'aime plus, et une démocratie encore inchoative qui le séduit mais l'inquiète, le XIXème siècle est de part en part traversé par le sentiment d'un vide spirituel inédit. De Fourier à Michelet, de Pierre Leroux à Péguy, sans oublier les montagnes paginées de Zola ou d'Hugo, une même fièvre religieuse innerve les textes de ces graphomanesprophètes apparemment endogène au républicanisme français. Tous concèdent qu'au solipsisme délétère des égoïsmes - « le chaos est un célibat », dit Hugo - doit se substituer l'invention d'une nouvelle matrice des héritages. L'idée qu'un gouvernement des esprits puisse non détruire, mais au contraire donner sa pleine mesure à la promesse moderne de l'autonomie, est aujourd'hui paradoxalement inaudible et obsédante. Littéralement, elle nous double. Syntagme cantonné à sa seule puissance d'évocation lyrique, cosmétique déclassé d'un libéralisme avançant désormais démasqué, le spirituel républicain n'en a pas moins constitué une des réponses majeures au proverbial désenchantement des modernes. Heureux émancipés ou mélancoliques vitupérants, nous sommes les héritiers contrariés de ce sacré républicain dont les spectres continuent de nous hanter.
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