Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
«Tuez-moi, sinon vous êtes un assassin.» Telles sont les dernières paroles de Franz Kafka qui implore une autre dose de morphine à Robert Klopstock, son ami étudiant en médecine. À son chevet, sa compagne Dora Diamant veille sur lui. Tandis qu'Ottla, la soeur chérie, attend à Prague des nouvelles.Robert, Dora, Ottla : ce roman raconte l'histoire de ces trois personnages clés de la vie de Kafka et entrecroise leurs destins, marqués au-delà de l'imaginable par sa présence et son oeuvre. Robert deviendra, à New York, un éminent chirurgien spécialiste de la tuberculose. Dora survivra à la persécution nazie puis stalinienne, en portant jusqu'à nous la mémoire de Kafka. Ottla, elle, accompagnera dans les chambres à gaz un groupe d'enfants juifs après avoir célébré, au camp de Theresienstadt, le soixantième anniversaire de la naissance de son frère.À travers ce roman dans le siècle, Laurent Seksik explore de manière inédite l'oeuvre et la vie de Franz Kafka. L'auteur des Derniers jours de Stefan Zweig et du Cas Eduard Einstein mêle à nouveau, avec émotion et érudition, la grande histoire et le tragique de vies façonnées par l'empreinte d'un géant.
Kafka, la maladie, la mort mais aussi l’amour et la poésie.
C’est avant tout une biographie romancée. Trois personnages principaux, peu connus voire méconnus pour les profanes, nous permettent d’approcher Franz Kafka de manière plus légère que si l’auteur avait présenté plus classiquement la bio de Kafka. Il y a Ottla, la petite soeur de Franz Kafka, Dora Diamant, la concubine de quelques mois à Berlin et enfin Robert Klopstock, l’étudiant en médecine qui l’accompagnera dans son agonie à la fin de sa vie en 1924. La première formation de médecin de Laurent Seksik est perceptiblement un plus dans ses descriptions et son écriture de l’agonie de Kafka. C’est du moins ce que j’ai cru déceler. Le décès est un moment spécialement fort du livre.
Autour de ces trois personnages-clés gravitent d’autres personnages nettement plus secondaires mais qui ont tous un rôle de figurant miroir de la vie de Kafka, de sa légende : sa veuve, son meilleur ami et j’en passe.
L’identité juive trouvera aussi une résonance parmi les sentiments idéalisés amicaux et amoureux des personnages.
Les lieux sont pareillement des personnages. Laurent Seksik nous fait voyager avec l’écrivain, entre sanatoriums austro-hongrois, la Mitteleuropa et le New York de cette époque, à savoir celui des années 1870. Je précise la définition de la Mitteleuropa (et non Europe Centrale) comme étant un terme ‘’désignant une représentation “géoculturelle” du rôle de la langue et des créations littéraires et intellectuelles allemandes dans cette région située au milieu de l'Europe ‘’. On visite ainsi l’Allemagne, la Tchécoslovaquie, l’Autriche, la Hongrie.
L’auteur nous racontera succinctement la vie des trois personnages après le décès de Kafka jusqu’en 1972.
On vit aux côtés du grand homme entre la montée du nazisme et l’après-guerre. On adhère à ses choix de lecture embarquée en voyages, à moins que la lecture ne soit pour fuir la compagnie des humains moins intéressante pour Kafka que ne l’est celle de Dostoïevski ?! De l’humanité on en retrouve cependant tout le long de ce livre : thème que Seksik a spécifiquement travaillé.
En parlant de la compagnie que sont les livres pour certains d’entre nous, cela me rappelle une des phrases choc de Kafka : « Des livres, il faut en avoir quelques-uns, mais seulement des livres qui touchent l'âme comme un désastre. »
Au travers de ce livre bien documenté, l’auteur m’a également ramené aux choses qui sont essentielles dans une vie. Ces doses de rappel que certains auteurs ont le don de m’inoculer, sont très adaptés à mon tempérament qui parfois ne voit que le verre à moitié vide, plutôt que celui à moitié plein.
Un bémol cependant concernant ma totale adhésion à ce livre : ça manque de vie, de peps, bref un peu trop lent.
Citations :
« Sans doute, songea Robert, à peine posait-on le pied dans un tel endroit que se voyait balayée toute forme de pudeur et que tout individu, qu'il fût étudiant en médecine ou écrivain, se trouvait réduit à la seule condition de malade, de la même façon que soldat, endossant l'uniforme, on en était réduit à l'état de guerrier anonyme et aux ordres. »
« On ne parvient jamais au " Château " et " L'Amérique " de Franz n'existe pas, ou seulement dans nos pires cauchemars. Peut-être d'ailleurs pourrait-on dire qu'aucun texte n'est jamais achevé, que l' achèvement d'un roman n'a aucun sens.Un roman possède une infinité de fins possibles, pourquoi celle-là plutôt qu'une autre? Toute fin est imparfaite, et toute fin est illusoire.Achever un roman c'est en finir avec l'espoir vital du roman abouti et parfait qui vous a fait l'entreprendre .En finir avec l'espoir d"une vie parfaite. »
Franz Kafka ne veut pas mourir - Laurent Seksik
Historique !
Un roman qui débute avant la mort de Kafka en 1921 et se poursuit après sa mort en 1924.
Cinq ans de travail de l’auteur auront permis de faire connaître dans un récit émouvant et très intéressant les fonctions de Kafka avant qu’il ne se fasse connaître, ses pensées sur ses relations amoureuses, le combat de sa maladie et bien entendu ses écrits.
On pourra également suivre ceux qui ont été proches de lui, comme Max Brod, un ami, Dora Diamant sa dernière compagne, Robert Klopstock, étudiant en médecine à Budapest et ami qui deviendra un grand médecin contre la maladie dont est mort Kafka.
Mais aussi, les parents de Kafka, dont le père a été très dur envers son fils.
Bien entendu, l’histoire de 1921 à 1972 ne passe pas à côté de la vie des juifs dont il sera aussi question. Le père de Kafka reviendra sur le pogrom sous l’impératrice Marie-Thérèse, poursuivi sous Ferdinand 1er de Habsbourg et les conditions de la vie des juifs bien avant Hitler.
Un roman riche, instructif, très bien écrit, un coup de cœur !
Ceux qui pensaient lire une biographie « classique » de Franz Kafka ont dû être déconcertés par le dernier livre de Laurent Seksik.
En se penchant au chevet de l'auteur de « La Métamorphose », l'écrivain poursuit son exploration du destin des Juifs d'Europe qu'il a entamée avec Albert Einstein et poursuivie avec Stefan Zweig et Romain Gary.
Mort en 1924 de la tuberculose dans sa quarante-et-unième année en disant « Robert, tuez-moi, sinon vous êtes un assassin ! » alors que son ami lui injecte une dose létale de morphine pour soulager à tout jamais sa douleur, Kafka a écrit une œuvre considérable qui ne le satisfaisait pas, à part quelques exceptions. Il demanda à Max Brod d'en détruire une partie. Ce dernier trahit sa promesse en conservant l'intégralité de ses écrits.
Sept mois avant sa disparition se déroulait le putsch manqué de Munich fomenté pas Hitler et ses sbires. Cet échec n'empêchera pas le parti nazi de progresser jusqu'à l'avènement de son chef à la chancellerie en janvier 1933.
Alors qu'elles seront les victimes des événements qui marqueront cette période sombre, trois voix s'élèvent pour témoigner de leur attachement à Franz Kafka, conscientes qu'elles sont de sa modernité, de son humanité, de son intelligence et de sa prescience. Pour elles, Kafka est un être d'exception dont la fragilité physique tranche avec la puissance de son écriture.
- Robert Klopstock rencontra Franz dans un sanatorium trois ans avant son agonie. Apprenti écrivain, le jeune étudiant en médecine découvre un homme entièrement dévoué à son art préférant la solitude à la vie. Il deviendra un médecin réputé spécialiste de la tuberculose. Comme pour venger la mort de son camarade qu'il n'a pas pu sauver.
- Dora Diamant, juive d'origine polonaise, sa dernière compagne et la seule avec laquelle il accepta de vivre.
- Le dernier témoignage est celui d'Ottla, la sœur de Kafka, qui aime son frère d'un « amour plus grand que tous les amours ».
Dans une ambiance très « Mitteleuropa » de Prague à Budapest en passant par Berlin, Laurent Seksik dessine une fresque exaltante mêlant l'intime et la tragédie collective.
Et ceux qui aiment l'humour grinçant que Kafka affectionnait devrait apprécier la lecture d'un interrogatoire de Dora par un fonctionnaire du NKVD, l'ancêtre du KGB.
Un monument d'absurdité qui rappelle étrangement « Le Procès » !
Laurent Seksik souligne aussi la récupération dont Kafka a été la victime silencieuse. La réunion des contributeurs de la « Jüdische Rundschau » est un moment d'anthologie. S'apprêtant à rendre hommage à Kafka, certains s'interrogent sur l'adéquation de son œuvre avec leurs idéaux sionistes alors qu'il n'était nullement un théoricien. Un questionnement d'autant plus incongru que nous sommes en 1934 !
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-franz-kafka-ne-veut-pas-mourir-laurent-seksik-gallimard/
Un livre vraiment à découvrir il est sur ma liste coup de cœur, imaginable cette histoire c est vraiment un géant bien noter c est sur
Se sachant condamné par la tuberculose et à la veille de s'éteindre en juin 1924, Frantz Kafka avait réaffirmé son désir que soient brûlés tous ses textes non publiés. Une dernière volonté non respectée, on le sait et une mort prématurée qui laisse finalement aux autres - lecteurs, traducteurs, critiques, intellectuels en tous genre - la charge de présenter voire expliquer son œuvre. J'ai cru voir là le cœur du roman de Laurent Seksik qui donne la parole à trois personnages parmi les plus proches de l'écrivain et met ainsi en évidence un Kafka quelque peu idéalisé par leurs regards respectifs.
Robert Klopstock est un jeune étudiant en médecine féru de littérature lorsqu'il rencontre Kafka dans l'établissement où il vient soigner sa tuberculose. C'est lui qui l'accompagnera tout au long de sa pénible agonie quelques années plus tard, tout comme il soutiendra moralement Dora Diamant, la dernière compagne de Kafka, la seule avec qui l'écrivain aura réussi à partager une véritable intimité matérielle. Enfin, Ottla, la jeune sœur de Kafka est aussi celle qui ne surmontera jamais la perte de ce frère vénéré. A sa mort, Kafka n'a publié que deux textes courts, sa notoriété est restreinte et ce sont ses amis comme Max Brod qui œuvreront à le faire connaître. Dans ce roman, ce sont autant les personnages que l'époque qui intéressent l'auteur car la personnalité de Frantz Kafka est fortement marquée par son appartenance à ce territoire d'Europe centrale aux frontières sans cesse remises en question. Un territoire où selon les influences on peut être porté aux nues ou méprisé voire assassiné. Tout en suivant les parcours de Robert (jusqu'en Amérique où il deviendra un spécialiste réputé de la tuberculose), de Dora (que de péripéties !) et d'Ottla (qui sera assassinée dans un camp), l'auteur orchestre le débat autour de l’œuvre de Kafka au rythme des spasmes géopolitiques qui agitent l'Europe. Et j'avoue que c'est la facette qui m'a le plus intéressée, les tentatives d'interprétation et autres discussions autour de l'essence de l’œuvre. Avec notamment une scène désopilante d'interrogatoire de Dora à la Loubianka autour du roman Le Procès... Rien que pour ce passage je ne regrette pas ma lecture.
On retrouve ici des thèmes et des ancrages chers à l'auteur, sa sympathie confraternelle à l'endroit de Robert - médecin et homme de lettres - est très perceptible tout comme cette volonté de continuer à explorer l'épicentre du fracas du monde. Le schéma narratif est efficace et contourne habilement l'exercice biographique pour englober un périmètre bien plus vaste. Intéressante et très agréable lecture.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
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