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Formes biographiques au Carré d'art-Musée d'art contemporain de Nîmes prolonge l'exposition Formas biográficas présentée au musée Reina Sofia de Madrid en 2013-2014. L'exposition de Madrid déployait, jusqu'à la période actuelle, un panorama des expériences et expérimentations biographiques dans l'histoire de l'art moderne. L'exposition de Nîmes est centrée sur la période contemporaine, elle rassemble des oeuvres réalisées principalement depuis la fin des années 1950. Dans une large proportion, ces oeuvres n'ont pas été vues en France et sont inédites. Comme dans la première version, le récit débute avec le romantisme et l'idée de « mythologie individuelle » déduite de l'oeuvre de Gérard de Nerval, telle qu'elle fut mise en oeuvre dans les arts visuels. Cet ancrage littéraire de la fantaisie biographique (autobiographie comprise) n'a cessé de se vérifier dans l'inspiration que les artistes modernes ont trouvée auprès des poètes. En lançant « je est un autre » (1871), Rimbaud reprenait, sans le savoir, le « je suis l'autre » (1854) de Nerval. La biographie est considérée généralement comme l'histoire d'un individu : une histoire racontée. La biographie d'artiste est une des formes qui, depuis Vasari, ont constitué l'histoire de l'art. Mais la biographie est également un matériau travaillé par les artistes eux-mêmes, soit que l'activité artistique participe d'une construction subjective et intersubjective, soit que l'oeuvre élabore des éléments autobiographiques. L'exposition intègre cet aspect autobiographique, mais en évitant l'inventaire des jeux innombrables auxquels a donné lieu la question de l'identité de l'artiste. Au vingtième siècle, l'idée de « construction » s'est imposée comme le corollaire de la mythologie individuelle, favorisée par le surréalisme. En construisant des formes biographiques qui mêlent la fiction et la chronique, la fantaisie et l'authenticité documentaire, les artistes, à l'instar des poètes-narrateurs, ont rompu avec l'emprise de l'état civil comme avec les normes naturalistes du récit de vie. L'exposition interroge le modèle constructif de la biographie, tel qu'il est mis en oeuvre dans l'activité artistique, à partir d'éléments documentaires ou fictifs. Ces éléments biographiques présentent un caractère discontinu et fragmentaire qui correspond au procédé type de l'art moderne, le collage, avec son alternative, le montage, et ses extensions, l'assemblage, l'environnement. En profitant de cette double orientation, mythologique et constructive, les formes biographiques se sont libérées des conventions sclérosées du biographisme : les artistes (écrivains et cinéastes compris) n'ont cessé de prouver que la biographie ne préexiste pas à sa mise en forme, dans des mots, des images ou tout autres types de matériaux. La question du « sujet », aux deux sens du terme (thème et instance subjective), procède ainsi de l'histoire croisée du récit et des formes artistiques. Dans son organisation, le livre Formes biographiques fait écho au récit conduit dans les deux versions de l'exposition sur le mode du montage et de l'installation. Il reprend les vingt chapitres (en deux parties) et la plupart des images du catalogue espagnol, augmentés d'une troisième partie en dix nouveaux chapitres. Dans cette troisième partie seront reproduites les oeuvres exposées au Carré d'art.
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